L’amour à quatre à la Maison Blanche.
Il ne faut pas se leurrer. La presse de gauche n’existe pas aux USA, enfin ce qu’en Europe on appelle la gauche et que là-bas on appelle encore « communiste ». On devrait plutôt parler d’une presse critique et d’une presse conservatrice. Les médias critiques n’ont jamais été très puissants, et l’indignation des conservateurs énumérant les Fake-News désignés par Trump comme étant les produits de cette presse d’opposition, est une façon assez commode de camoufler leurs échecs.
En Belgique, on aime assez la presse critique américaine pour la considérer crédible, quoique le MR et le pouvoir actuel soient bien plus près de la presse dont le moteur est le site Breitbart News, dit la “plateforme de l’Alt Right” par son ex-patron Stephen Bannon, qui, dès la victoire de Trump, a été nommé au poste de haut conseiller et responsable de la stratégie à la Maison-Blanche.
C’est le moment choisi par Macron pour s’en aller chatouiller l’ego de son ami à Washington, de faire le point sur ce président républicain.
D’abord l’élection de Trump, voilà un candidat républicain à l’élection présidentielle qui perd le vote au suffrage universel, mais qui se retrouve quand même à la Maison Blanche, suite à l’embrouille du système incompréhensible pour nous, des grands électeurs.
Cette élection est encore pire que ce que j’ai décrit hier, qualifiant celle de Belgique, de mascarade. Malgré cela, les républicains tirent profit de son élection pour monter un programme de gigantesques baisses d’impôts qui avantage les riches et fait exploser le déficit budgétaire. Les républicains, spécialistes des fake-news, décrivent cette loi comme la bénédiction des familles laborieuses.
Il y avait un précédent George W. Bush. Mais avec Trump, le travail est moins « ourlé ». Les baisses d’impôts de Trump sont impopulaires tout de suite.
Les travailleurs Américains ne voient aucune augmentation sur leurs fiches de paie. Au point que les républicains oublient de mentionner dorénavant ces mesures à leur palmarès.
Les deux partis n’ont pas le même point de vue quant à la responsabilité fiscale. Ce sont les démocrates qui la pratiquent seuls, l’Obamacare en est une conséquence heureuse. Trump n’a pas réussi à détruire tout à fait, cette idée généreuse des démocrates.
Bizarrement les démocrates ont été pénalisés pour avoir fait ce qu’il fallait. Et qu’une partie de l’électorat bénéficiant de l’Obamacare ait voté pour Trump est incompréhensible et étudié comme cas d’école. Les électeurs ont été trompés par le mirage de l’argent supplémentaire dans leurs poches.
La situation pour ce président conservateur est différente de celle de Bush. En 2000, les Etats-Unis avaient une dette en baisse par rapport au PIB. Alan Greenspan défendait l’idée, d’une baisse d’impôts pour ralentir le remboursement de la dette.
Trump a fait semblant d’être populiste. Il a même fait une campagne électorale sur l’augmentation des impôts pour les plus riches, pour faire le contraire tout de suite après.
Voilà qui ne se voit pas trop dans les journaux proches des républicains, Trump ne s’encombre pas de peser ses dires à l’aune de la vérité, vu qu’il a érigé le mensonge en pratique courante de gouvernance.
L’optimisme exagéré des promesses économiques de Trump fait surface et tout le monde commence à s’en apercevoir. Les bénéfices des baisses d’impôts ne s’accordent pas avec les estimations indépendantes.
Macron ne sentira pas ça pendant les trois jours de sa visite, mais la fameuse majorité « for ever » de Trump est en train de fondre devant la dure réalité des faits.
Que peuvent encore faire les républicains pour se maintenir à flot dans l’opinion américaine ?
Les valeurs de la famille américaine qui paraissent pour les Européens venir d’un autre monde, tant elles sont rigoristes, perdent de leur fascination jusque dans les Églises réformées. Les gens sont devenus bien plus tolérants. Deux tiers des Américains soutiennent le mariage pour tous. C’est très difficile pour Trump de jouer sur les valeurs de la famille quand on s’est vanté « d’attraper les femmes par la chatte ».
Il est probable que Macron et Trump feront semblant de trouver des accords sur l’organisation des sociétés respectives qu’ils représentent, à défaut d’en avoir sur les questions internationales.
Cependant, il s’en trouve de beaucoup que Macron avec toutes les grèves qu’il a sur les bras et Trump avec les embarras d’une colère sourde qui monte de l’Amérique profonde puissent sur trois jours de palabres, s’accorder sur autre chose qu’une « fake-news » de plus.