Pochetrons, les Belges ?
Deborsu en débattait ce midi avec ses invités, libéraux bons teints, même s’ils n’ont pas tous la carte du MR. Jacques Brotchi, tête de gondole représentant Charles Michel fut bien en peine d’expliquer que le gouvernement a décidé de garder les 0,5 /1000, au-delà duquel on entre sous le coup de la loi en matière d’alcoolémie, au lieu des 0,2/1000 recommandés par… Jacques Brotchi !
J’en connais un qui aurait mieux fait de rester la star de la neurochirurgie ! La politique, c’est un autre métier.
Un petit détour par le tableau d’honneur des démocraties est nécessaire avant d’aborder le problème de l’alcoolisme.
Certains se souviennent de l’Index Démocratique annuel, du très respectable « The Economist » du 24 février 2017. Il est mémorable parce qu’il dit en chiffres et en tableaux, ce que j’essaie de traduire depuis toujours par des mots, du niveau où se situe la démocratie en Belgique. .
Nous arrivons en trainant les pieds : 35ème mondialement, derrière l’Italie, l’Inde, le Botswana, et… les Etats-Unis de Trump. Dans la catégorie Europe de l’Ouest, 18ème, précédant seulement Chypre, la Grèce et la Turquie. Contrairement à la plupart de nos voisins, nous ne sommes pas classés parmi les “démocraties à part entière”, mais “viciée”.
Ce jugement sans appel tient à la participation politique quasiment nulle des citoyens, qui contraste avec d’autres démocraties européennes proches. Le goût très flamand pour le nationalisme et le parler rugueux exclusif y sont pour beaucoup, les notables et les célébrités font le reste.
Un récent sondage, a établi que 36 % de Belges interrogés seraient aussi heureux sans droit de vote !
Le débat politique a été confisqué par les politiciens. Voter pour Charles Michel et Didier Reynders n’a rien d’exaltant, pour Di Rupo non plus d’ailleurs ! Telle est l’opinion de The Economist et pas seulement que lui.
De ce constat abondent les solutions envisageables.
Cela serait tout à fait intéressant d’en parler, sauf qu’on a oublié une donnée dans tous les paramètres. La boîte à outils ne serait pas complète sans elle.
On estime que 10% des Belges consomment de l’alcool de façon problématique, 14 verres par semaine pour les femmes et plus de 21 pour les hommes.
Voilà qui fait pas mal d’électeurs bourrés, incapables de saisir les enjeux de la démocratie.
Je m’aperçois qu’en écrivant ces lignes, celui qui aurait encore un dernier doute sur mon adhésion à un parti politique en serait débarrassé ; car, y a-t-il quelque chose de moins rassembleur sous une étiquette d’écrire que beaucoup de citoyens sont des irresponsables ?
Hélas ! nous voilà quasiment champions du monde de la dégustation des spiritueux.
Au boulot, la consommation excessive d’alcool a été démontrée pour 14% des travailleurs. À la FGTB on ne dira pas le contraire. Je pourrais témoigner que l’hécatombe par Cirrhose du foie fit chuter plus d’un président de fédération et plus d’un secrétaire général. C’est dire que l’exemple vient de haut. Securex n’est fiable en rien. C’est une officine rémunérée par le patronat. Lorsque cet organisme écrit qu’un travailleur sur sept consomme plus de dix boissons alcoolisées par semaine, ces médecins inquisiteurs ne sont pas loin de la vérité.
Les jeunes sont plutôt accros à la bière, mine de rien, certaines font 12°. Chez les seniors, c’est plutôt le vin à domicile. Selon une étude de la VAD, prévention et de lutte contre la drogue et l’alcool, un homme de plus de 55 ans sur trois boit tous les jours et de façon excessive.
Surtout que l’on ne voie pas dans cette chronique une démarche pedzouille pour des ligues antialcooliques. Cette réflexion est exclusivement d’ordre politique.
On nous dit d’une part que l’électeur fait défaut pour remettre sur pied une démocratie défaillante et, d’autre part, après avoir fait le tour des difficultés à rendre une noblesse perdue à la démocratie et compter celles et ceux qui devraient s’unir en un front citoyen, on nous apprend qu’une partie de la population n’est pas apte à exercer le droit de vote, en raison d’un éthylisme amoindrissant ses facultés mentales !
Et il faudrait sous prétexte que ce n’est pas « politique » faire semblant que ce problème n’existe pas, celui-ci s’ajoutant à l’illettrisme et aux attardés mentaux pour d’autres causes, souvent bien plus dignes de respect que celle qui nous préoccupe.
L’effet néfaste de l’alcool sur la santé, tous les cliniciens en parlent : dépendance, troubles de la mémoire, vieillissement de la peau, surpoids, cirrhose, irritabilité… 6% des Belges décéderaient des suites d’une consommation excessive d’alcool. Personne n’ose aborder le point de vue politique et l’affaiblissement de la démocratie en raison des mêmes causes touchant à la santé.
Les chiffres de l’OCDE : 12,6 litres d’alcool par tête (des plus de 15 ans) et par an, démontrent que la Belgique est l’une des grandes consommatrices d’alcool dans le monde, juste derrière la Russie avec 13,8 litres d’alcool. Les Français, quant à eux, consommeraient 11,5 litres par an. Les Pays-Bas seraient encore moins tentés avec 8,4 litres.
De toute évidence, plus un parti a d’électeurs, plus il a d’ivrognes ! Une telle constatation reviendrait presque à souhaiter que les Michel et Reynders fassent le plein, si on n’était pas certain que les caïds du MR sont les maltôtiers du système !