Sarin sur/Escaut !
On a beau se dire que travailler en 2018, ce n’est pas seulement se faire du fric, c’est aussi rester quelqu’un de bien en gagnant honnêtement sa vie et aider sa famille.
Hormis ceux qui sont fichtrement mieux payés que la plupart des besogneux, réussir avec son seul salaire à garder la tête hors de l’eau est déjà en soi un exploit fort honorable.
Une entreprise n’est pas toujours un racket organisé en situation de monopole ou une affaire mielleuse de représentants-carpettes, quand tout le monde fabrique la même chose.
On veut croire que tous les conseils d’administration ne sont pas des associations de malfaiteurs à l’affût d’un coup à faire. On irait même jusqu’à concéder que le libéralisme n’est pas que tout bénéfice pour les seuls salauds.
La prétention au bel esprit de certains ministres n’est pas qu’usurpée et qu’à côté de suffisants surfaits comme Richard Miller, il existe au MR des philosophes cultivés. Et qu’enfin, tous ceux qui servent ce pays ne le font pas comme Charles Michel, dans l’amour des honneurs et de l’argent.
Un honnête homme au milieu de cent crapules peut signifier que la providence nous envoie un messager de l’espérance. Il nous reste une petite chance d’aménager autrement l’avenir de nos enfants.
Alors, comment expliquer que malgré ces bémols amendés par la chance d’une humanité salvatrice, il pût encore exister en Belgique des entreprises absolument hors de tout contrôle, insensibles à toute détresse, ignorantes volontaires des informations ressassées sur des centaines de chaînes télés et de radios, détentrices du mal absolu ?
L’administration fédérale serait-elle à ce point inefficace, trompeuse, malhonnête ?
C’est avec consternation que nous avons appris que trois sociétés anversoises ont vendu un composant du gaz sarin à des entreprises syriennes avec l'aval de la douane belge, malgré l'interdiction en vigueur depuis 2014 !
Le fait que ces trois sociétés maudites soient toutes de la province d’Anvers est-il suffisant pour taxer tous les Flamands, complices d’un effrayant commerce ? Doit-on signifier par là que la culture libérale et le zèle autour d’une mondialisation totale soient à ce point criminels ?
Devrait-on même solliciter des trois puissances qui viennent de détruire des dépôts d’armes chimiques en Syrie, d’en faire autant de ces usines de mort de la banlieue d’Anvers ?
Selon la presse, pour une fois courageuse, 24 livraisons litigieuses ont eu lieu entre mai 2014 et décembre 2016, orchestrées par trois entreprises anversoises, A.A.E. Chemie Trading, Annex Customs et Danmar Logistics.
Que ces salopards soient seulement poursuivis par la justice quatre ans après leur premier forfait, il y a des lenteurs dans la loi que l’on peut légitimement dénoncer comme complices.
La presse fournit les détails.
Des dizaines de tonnes de produits chimiques "interdits" ont été exportées par leur entremise vers la Syrie et le Liban après juillet 2013. Certains de ces produits, comme l'isopropanol, peuvent servir à la fabrication d'armes chimiques dont le redoutable gaz sarin.
Depuis 2013 l'exportation de produits chimiques vers la Syrie est soumise à une autorisation spéciale. La douane belge n'a apparemment pas tenu compte de l'interdiction de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques des Nations unies. 120 tonnes d'isopropanol avaient précisément été détruites par l'OIAC en Syrie en 2014.
Si on comprend bien, c’est la Belgique qui a rétabli le stock d’armes chimiques détruit sur instruction des Nations Unies !
Mise en cause, écrit Le Vif, la douane s'est retournée contre les entreprises en question, et un procès aura lieu à partir du 15 mai devant le tribunal correctionnel d'Anvers.
La saison étant au ravalement des façades, même détruites par des bombes classiques, les entreprises anversoises avancent avoir vendu à des firmes privées syriennes et libanaises des solvants et des produits volatils pour la production de peinture, des vernis et des liquides de refroidissement.
On comprend mieux la démarche des usines anversoises, depuis que la N-VA produit les ministres pour retenir en Syrie, lieu de son martyr, le flux migratoire que la politique de Charles Michel veut tarir.
C’est pour en gazer le plus grand nombre sur place !