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Relais trois fois « sans mettre ».

Même si on n’y est pas, au moins en France avec le plan Borloo sur les banlieues, on aura quand même essayé. En Belgique, Junior n’y pense même pas.
C’est que Charles Michel a un bon prétexte. Il n’y a que deux villes en Belgique qui ont de la banlieue comparable à la France : Bruxelles et Anvers.
Les autres villes wallonnes ou flamandes, le problème est au cœur même de la cité, dans des quartiers pauvres, comme à Charleroi et à Liège, mais aussi Gand et Malines.
Cependant, le problème est le même. Il s’agit de zones où le manque de tout se perçoit rien qu’en les traversant, au niveau de la voirie et d’après le nombre de boutons de sonnette sur les portes.
Une grande partie des banlieues de Charleroi et Liège ont gardé cet aspect rural des anciennes communes périphériques avec ce que cela suppose de commerces et de centres d’activités. C’est ainsi que la violence et la frustration restent cantonnées dans le centre urbain.
La gentrification, c’est-à-dire l’appropriation de logements anciens, repris, transformés et réaménagés, souvent refondés en un seul nouveau pour deux anciens, n’est vraiment visible qu’à Bruxelles et Anvers pour des raisons de rareté locative de standing, par un groupe social en progrès, celui des fonctionnaires européens et des politiciens locaux à mandats lucratifs et des businessmen, riverains des ports et des industries de pointe (plutôt Anvers).
Le semi échec du plan Borloo va faire plaisir à Junior, pour la raison qu’il n’a pas l’heur de plaire non plus à Jupiter (Macron pour les intimes et la presse). Le président le trouve inapproprié, dans le sens où il pourrait être trop onéreux, tandis que Stéphane Troussel, président PS de la Seine-Saint-Denis, l’a trouvé décevant par rapport aux enjeux sociaux.
On voit bien ce qui arrange Junior : ne pas se lancer dans des projets hors de prix pour un résultat improbable, pour quelqu’un qui n’a pas la fibre sociale, cela l’arrange bien.
Oui, mais en France, on a au moins le mérite de montrer à l’opinion qu’il y a un grave problème de société. En Belgique, Charles Michel a autre chose à faire, par exemple trouver des justifications à un nouveau gouvernement « déséquilibré » (trois partis flamands et le seul MR pour la Communauté française).
Notez que Michel ne serait pas contre de lancer dans la presse l’idée d’une refondation des villes par la fusion des classes sociales de diverses manières, à commencer par la mixité sociale dans les écoles, en débutant par l’école gardienne.
Le gouvernement ne débourserait pas un euro et aurait l’air de faire quelque chose. Ainsi posé, ce plan ne résoudrait rien, mais serait un bon pare-feu contre une gauche divisée par le match PTB-PS, juste le temps de courir aux urnes et d’adouber Junior pour une nouvelle période de sursis de la Belgique fédérale.
Encore qu’à échéance postélectorale cette mesure apparemment justifiée rendrait certains parents furieux de mettre leurs enfants dans des écoles « dépotoirs », dont on sait l’existence et qu’on regarde d’un œil désabusé, en ne faisant rien.
Voilà pourquoi, mine de rien, Junior est heureux de la grosse déception française.
Macron a su jusqu’à présent maîtriser son personnage et, sauf quelques réflexions lâchées un peu comme les « sans-dents » de Hollande, rapportée par Valérie Trierweiler (Macron pour lui, c’est le beau costume pour ceux qui travaillent et pas pour ceux qui ne fichent rien), il a été difficile d’excaver tout le côté bourgeois du nouveau président. En une formule « projet mâle blanc », il vient de discréditer Borloo et son travail. Pourquoi diable est-il aller le chercher, alors qu’il convenait en privé des résultats nuls de la rénovation urbaine, quand Borloo était ministre de la ville ?

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Sous couvert de "changer de méthode" et d'abandonner "les grands plans inefficaces", Macron est peut-être en train d’enterrer Borloo et la banlieue dans un prêchi-prêcha d’anthologie, un avatar, un de plus d’un État défaillant sans capacité de mettre les moyens adéquats pour arrêter une paupérisation croissante qui va finir par gagner les centres villes.
Quand on voit que des voyous font le coup de feu en plein quartier chaud de Marseille, puis après avoir vidé quelques chargeurs de kalachnikov s’en repartent dans leurs voitures et se fondent dans la nature, sans que la police soit capable de les arrêter, on a compris ! Ce n’est même plus dans six mois qu’on doit agir, mais tout de suite et mettre le paquet.
France-Belgique, même combat ? Oui, politiquement sur un point : Macron dit l'argent n'est pas le nerf de la guerre, pour enrayer cette montée de non-droit dans les quartiers due à la misère et à l’absence de travail bien rémunéré. Charles Michel pense de même. Quand Macron aide les plus riches, avec l'ISF, la flat tax et les autres cadeaux fiscaux, là ça passe par le fric abondant. Les libéraux belges sont au diapason, faisant de la Belgique un petit paradis fiscal, à partir d’un certain revenu bien entendu. Les riches français qui s’installent du bon côté de la frontière, c’est-à-dire en Belgique, en savent quelque chose.

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