Ils sont fous ces Italiens !
On sait bien ce qui ne tourne pas rond à l’Europe. C’est qu’elle n’a pas su plaire au peuple de la rue. Pas de ces bourgeois prétentieux de droite très remontés contre elle, mais des plus humbles européens qui soient parmi les innombrables petits salaires, les sans-travail et les pensionnés aux retraites minuscules. L’Europe n’est pas pour eux. Elle ne s’en cache pas d’ailleurs, avec le rêve de J-C Juncker de coller à la réalité mondiale d’un capitalisme sans état d’âme.
Alors que l’Italie rejoigne la Hongrie et la Pologne dans la contestation globale, en quoi cela concernerait l’homme de la rue ? L’Europe n’ayant jamais rien fait pour lui, pourquoi irait-il défendre une cause qui n’est pas la sienne ?
Et il n’a pas tort l’homme de la rue.
N’est-il pas profondément injuste de voir l’Europe confronter les salaires afin d’aligner les plus hauts sur les plus bas ? Ah ! si seulement cela avait été l’inverse. Tout cela comme on le ferait d’une industrie par rapport à une autre, comme si l’homme était comparable à une machine ?
Il est quand même assez fortiche de la part de la classe dominante de faire appel à lui pour s’opposer à la concurrence du plus à droite qu’elle !
Le système s’est emparé de l’Europe, comme l’héritier d’une fabrique. C’est une société de classe et qui dit classe, dit pays dominants et pays dominés.
C’est le plus riche qui est patron : l’Allemagne. C’est logique. Mais le plus bellâtre « alaindelonisé », Macron, tient à faire valoir les intérêts de la France, l’aristocrate de l’Europe. Les autres pays sont priés d’attendre leur tour dans le vestibule des gloires européennes que Merkel et Macron les sonnent.
L’Italie se rebiffe, alors qu’elle n’a jamais été soviétisée. Voilà qu’elle rejoint les ex de Staline qui étaient venus à l’Europe avec enthousiasme et qui enfantent de petits monstres à la tête de leurs exécutifs.
Macron ayant l’esprit ailleurs, il fallait bien que l’esprit français fût représenté face à ce nouveau couac. Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie s’en est chargé. Il a mis en garde, l’autre dimanche, les trublions de la Botte : « Gardez votre budget sous contrôle et ne prenez pas de risques idiots. »
L’homme de la rue, qu’il soit Insoumis mélenchonien en France ou hedebouwiste en Belgique reste en-dehors du conflit, Bruno Le Maire parle de supériorité morale, donc il l’exclut d’office du haut du nouveau mépris des « vrais » européens.
Mais l’Italie, berceau du second lit de la civilisation, le premier étant Athènes, c’est encore une valeur sûre de l’UE qui fiche le camp !
La Ligue du Nord est à l’extrême-droite, le Mouvement 5 étoiles (M5) est populiste – la pire insulte du vocabulaire des Commissaires européens. « Populisse » dirait Gerlache à la RTBF.
Pour l’élite européenne, les Italiens sont devenus fous !
Ils ne font plus partie de l’opposition digne et constructive des partis qui jouent le jeu.
Quel jeu, en définitive ?
Mais celui qui consiste à s’auto flagellé du suffrage, afin de laisser dans la démocratie ambiante le chaud jus de cinquante années d’ignorance des besoins des masses.
Tous les navigants de l’économie mondialisée s’y reconnaîtront.
Du coup voilà les Italiens macaronisés, pour l’andante plongés cinq minutes dans des insultes bouillantes.
Quelle que soit la suite politique, les Italiens sont loin d’être fous. Ils sont tout simplement dégoutés de l’Europe, eux aussi.
Que les partis qui s’adjugent le pouvoir ne valent pas cher, c’est entendu. Les électeurs de Trump ont fait aussi le même pari.
Que les mécontents n’aient pas voté pour la gauche en Italie, c’est un fait. Mais là aussi la gauche est à redessiner. Est-ce qu’on vote encore à gauche quand on vote socialiste ? Le problème italien est aussi un problème belge.
Alors, en attendant d’y voir plus clair, on vote pour n’importe quoi à condition que ce ne soit pas du pouvoir d’avant les élections.
Les Italiens n’en veulent plus. Et nous non plus !
En Italie, come ailleurs, le match n’est pas fini. Il ne fait que commencer.
Quand les Italiens se rendront à la raison de ce que l’extrême droite propose, qui ne sont que des chimères, reflets des libéraux au pouvoir, ils reviendront à gauche, mais ce sera sans les socialistes.