Israel wins the 2018 eurovision song contest !
Samedi soir avait lieu la finale de l’Eurovision de la chanson ! Voilà des années que je ne m’intéresse plus à ces trois heures de cris, de paillettes et de décors kitchs. Et cette absence d’intérêt qui aurait dû faire que ce non-événement passe complètement inaperçu, s’est malgré tout imposée à moi.
D’où ma surprise.
À la réflexion, dimanche, il m’a semblé qu’on en avait fait un peu trop avec les appels du pied de ces quinze derniers jours, pour conclure par l’apothéose d’un résultat, car il en faut bien un, de la concurrente belge, vu qu’elle n’avait pas passé la demi-finale et que chanteuse et chanson étaient tombées dans les oubliettes. Jamais l’Eurovision n’aurait passé ça, s’est-on dit d’un air tranquille.
La Belgique recalée en demi-finale (entendre la chanson du naufrage musical sur Internet), on s’attendait à autre chose des finalistes. J’ai décroché après les deux ou trois premières prestations d’une poignée de malheureux habillés de rideaux et se contorsionnant au bruit d’un tracteur agricole, pardon de l’orchestre.
Bruit sur scène et fureur de ma part. Nous échappons à la chanson belge, nous ne couperons pas à la française et à la hollandaise finalistes.
J’ai été abasourdi en apprenant qu’Israël avait gagné le concours.
J’ignorais tout à fait que ce pays était dans l’Europe ! Mais, je n’insiste pas. Avec les bruits qui courent, la dernière déclaration d’amour de Trump pour cet État, on ne plaisante plus avec lui. On fait Shabbat, on prie Yahvé et on ferme sa gueule pour ne pas se faire remarquer. Sinon, on tombe dans les dossiers de l’antisémitisme à côté de Dieudonné et de Jean-Marie Le Pen.
Eh ! bien au risque de passer pour un fauteur de troubles à quenelles, le tube de Tel-Aviv (j’ai écouté dimanche sur Internet) est du même tonneau que ceux que j’ai auditionné par inadvertance, il ne vaut pas tripette !
Ce n’est pas faute de m’être évertué à la bienveillance pour des raisons à lire plus haut, malgré ma bonne volonté, malgré moi, je suis tombé dans la négative façon Zemmour ! Lui, c’est par mauvaise foi et parti pris, moi, c’était par honnêteté intellectuelle.
Comment qualifier mon état d’esprit à la fin de la chanson de Netta Barzilai, la championne de Bibi Netanyahou, avec son titre « Toy » ? Je suis toujours à me demander quels sont les rapports de ces gargouillis phonétiques avec le mouvement #metoo ?
Un journaliste de Slate magazine a mesuré le degré de satisfaction « des gens qui, un samedi soir par an, regardent la finale de l'Eurovision et puis qui disent «bah non, tant pis, on fera la vaisselle demain matin».
« …Perdre à plates coutures ne ferait pas baisser non plus le taux de ravissement. le regarder ne peut être que profitable. Dans le pire des cas, votre pays aura pris une raclée et vous aurez perdu 5 heures de votre existence. Dans le meilleur, vous en ressortirez avec le sourire aux lèvres et l'envie de courir dans les rues en hurlant votre amour de l'existence. » (Slate)
Ce journaliste n’a pas traité le sujet comme il le méritait, de façon sérieuse.
Comment en sommes-nous arrivés à produire de telles merdes, avec la certitude d’une approbation générale du public du samedi soir ?
On a perdu quelque chose en cours de route dans le divertissement en général et dans la chanson en particulier.
Ce quelque chose est indéfinissable et tourne autour de l’émotion ressentie à l’écoute d’une œuvre musicale et du plaisir de qualité qui devrait en résulter.
Ce n’est pas vrai de dire qu’avant on avait davantage d’émotion et de plaisir. Les amusements étaient aussi médiocres. Il est impossible de dépasser la prestation sur la scène du Moulin Rouge, du pétomane (1).
Les amusements, puisant leur puissance comique à l’animalité enfouie dans chacun d’entre nous, n’étaient pas continuels, il ne faut pas les nier. Il s’y ajoutait parfois autre chose, de plus subtil, de plus fin, qui laissait espérer un progrès.
Cent ans plus tard, on l’attend toujours.
Juste une réflexion supplémentaire, sommes-nous en train de régresser dans le divertissement, PARCE QUE NOUS RÉGRESSONS DANS LE SOCIAL ?
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1. Joseph Pujol, dit Le Pétomane, né le 1er juin 1857 à Marseille et mort le 8 août 1945 à Toulon, est particulièrement célèbre pour la remarquable maîtrise de ses muscles abdominaux qui lui permettait de lâcher des gaz à volonté. Ce pétomane professionnel pouvait ainsi jouer Au clair de la lune avec un flûtiau, et éteindre les lumières de la scène. (Wikipedia)