Le libéralisme armé.
Nul besoin d’être un fin stratège pour comprendre, que notre amour fou de l’Amérique obscurcit les cerveaux de nos distingués élus.
Avec 610 milliards de dollars investis dans sa défense en 2017, les États-Unis d’Amérique restent le pays le plus dangereux de la planète. Viennent ensuite, dans un ordre décroissant, la Chine, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Inde, la France, le Royaume-Uni et le Japon. À eux sept, ils ont dépensé 578 milliards pour leur défense en 2017, soit moins que les Etats-Unis grand leader en investissements guerriers avec plus d'un tiers des dépenses militaires dans le monde,
En Europe, on considère que l’armement américain est légitime et que la plupart des autres ne défendent pas les principes de la démocratie.
C’est une façon de voir, mais une balle est une balle, qu’elle soit juste ou injuste, lorsqu’elle trouve sa cible, elle fait les mêmes dégâts.
La question est de savoir si le surarmement américain profite aux démocraties ou seulement aux seuls citoyens US ? À entendre les propos de Donald Trump, c’est clair, ce capitaliste new-yorkais est en train de nous avoir.
La question est ailleurs, elle est dans l’absolue conviction des Belges et du premier ministre, qu’au contraire, la puissance américaine défend l’Europe, incapable à le faire seule.
D’où nous vient cette croyance ? Elle nous est soufflée par le bizness belge et du formidable attrait qu’exerce l’économie américaine sur nos mentalités.
Car la guerre est avant tout une industrie qui dégage du cash. Nous mettons des pudeurs de gazelle dans la défense de vendre des produits de première nécessité aux ennemis de la démocratie. Nous les perdons pour armer les « bonnes » dictatures, contre les « mauvaises », tout en sachant que les bonnes font autant de morts que les mauvaises.
« La poursuite des dépenses militaires mondiales est une source de préoccupation, elle sape la recherche de solutions pacifiques face aux conflits », admet le président de l'institut, Jan Eliasson, dans un communiqué. Après quelques lapalissades, mission accomplie, le bonhomme se rendort.
Et nous qu’est-ce qu’on fait de notre admiration imbécile pour nos alliés américains bardés de fer ? Le regard doux, en bon chien de garde de la maison, Charles Michel a notre réponse. Nous aimons les Américains parce qu’ils sont nos destructeurs préférés !
La russophobie nous revient en mémoire à cause du soutien de Poutine à Bachar el-Assad en Syrie, pays classé « méchante dictature ».
Comme nous étions heureux du temps de la guerre froide !
Cette guerre, qui dura vingt ans, fit le moins de morts de toute l’histoire des guerres ! Elle n’était pas pour autant exempte d’achats d’armements dans les démocraties et les dictatures. Les citoyens frissonnaient de peur sans être en guerre. Mais, miracle, les milliards d’achats en armement passaient pour nécessaires !
Personne ne songeait, en ces moments heureux, que les démocraties étaient les fabricants d’armes et les clients : les dictatures proches de l’URSS, des USA et de la Chine populaire !
On ne bâtissait plus d’école, le social était en veilleuse, mais le plein emploi donnait l’euphorie nécessaire à l’accomplissement du devoir patriotique d’aider les USA. Les prédécesseurs de Charles Michel ne voyaient pas plus que lui en 2018, les USA nous chiper des marchés et nous contraindre à nous fournir chez eux en matériel de guerre.
Pourquoi un job qui a si bien fonctionné dans les années 60, ne reprendrait-il pas du service 50 ans plus tard ? N’est-on pas sûrs à 90 % que nous allons acheter des avions de chasse américains ?
On l’oublie un peu, mais la Russie est revenue au niveau des États-Unis en matière de technologie militaire, quoique loin d’un budget comparable et même en baisse cette année.
La Russie se trouve être la seule puissance d’équilibre face aux États-Unis sur le plan militaire, malgré le potentiel humain de la Chine et de l’Inde.
Le réflexe « guerre froide » fonctionne toujours malgré les années, et nous revoilà reparti en croisade comme au bon vieux temps de Brejnev. En regardant bien la carte de l’Europe, la cause américaine est une mauvaise affaire de l’UE. Il aurait mieux valu nous arranger avec nos voisins immédiats plutôt que traverser l’Atlantique pour aller aux ordres.
Le bombardement du 14 avril en représailles des morts civiles en Syrie a été un coup de poker qui aurait pu mal tourner, une réplique des Russes en détruisant tout ou partie des missiles des alliés et la guerre froide pouvait passer à la guerre chaude !
Depuis quand décide-t-on qu’un dictateur est plus sanguinaire qu’un autre et que si nous déroulons un tapis rouge à l’Égyptien Sissi ou à Erdogan, Bachar n’est pas le bienvenu, pour crime de guerre !
Les armes ne peuvent pas toutes finir à la ferraille, il faut bien justifier les coûts par l’usage sur le terrain. En face, c’est la même chose.
Méfions-nous qu’un jour au lieu de crier « mais que diable allait-il faire en cette galère ? » nous soyons obligés d’y aller nous-mêmes, pour y déguster notre connerie !
La presse est devenue folle. Elle plonge ses lecteurs dans la crainte d’une Russie hyperpuissante et totalitaire. Elle témoigne de l’état de fébrilité dans lequel nous sommes.
Et si cette dernière guerre froide était les débuts d’une « Star-Wars » en-dehors des studios de Hollywood ?