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De la Vuvuzela à la Diabolica.

Les temps étaient déjà fort difficiles pour l’information non-frivole, mais depuis la coupe du monde de football, nous sommes entrés dans une phase aigüe de la non-information puisque le people s’est allié au sport et ce jusqu’après le Tour de France, fin juillet !
Il faudra attendre la mi-septembre pour retrouver un semblant de dignité informative, le mois d’août étant le mois par excellence de vacances pour la variétoche. Heureuse période de l’année au cours duquel la bêtise est à son âge d’or.
La pauvre Anne-Sophie Lapix en sait quelque chose qui s’était aventurée dans le Journal de France 2 à faire une petite plaisanterie sur le foot, il ne fait pas bon en ce début d’été de parler politique, de l’avenir, des turbulences de l’Europe et des tentatives à nous vendre le système économique comme un merveilleux facteur de progrès. L’UNESCO annonce une baisse mondiale du QI, la connerie est de plus en plus majoritaire en nos démocraties. Charles Michel a un bel avenir devant lui !
Le mois de juin, c’est le mois des mercatos, des enchères, des transferts, du chamboulement du vedettariat entre les chaînes télé, des nostalgies et des revenez-y. C’est l’occasion aussi de nous fourguer du replay, de la daube passée trois fois. On sort des réserves, les Bourvil et les de Funès dont les chaînes ont consommé dix copies de la Grande Vadrouille, dans les trente dernières années.
Ce n’est pas nouveau, les années précédentes, la vie réelle, ses critiques, ses commentaires étaient déjà malmenés, mais il y avait des résistances, on sentait qu’une forte minorité ne portait aucun intérêt au foot et à ses vedettes, il semble qu’en 2018, elle n’a même plus le droit de s’exprimer.
Bien avant le foot, Roland Garros et quelques exploits musculaires de remises en forme après l’hiver, on a déclenché la saison de l’hystérie médiatique à la mort de Johnny Hallyday. On n’avait jamais vu un président de la République assisté à l’enterrement d’un chanteur. C’est une grande première.
Ce fut le départ de la course à la connerie, course à étapes dont le sommet est le foot mondial à Moscou.
Sans vouloir en remettre une couche, l’effervescente dévotion populaire à la mort de l’artiste dépasse tout ce qu’on avait vu jusque là pour un défunt qui n’a jamais écrit, ni la musique, ni les paroles, de ses tubes. Doué de son seul filet de voix et d’une présence certaine, il a battu tous les records artistiques.
La notoriété montée sur platine, si je puis dire, a effacé le personnage mauvais citoyen, cavaleur de première, jean-foutre au mégot éternel, jamais à court d’astuces pour ne pas payer d’impôts et laissant même après sa mort, une situation embrouillée de succession qui prolonge devant les tribunaux le bruit fait autour de sa disparition.
Qu’est-ce que le président Macron a voulu dire en assistant à l’enterrement ? Non pas qu’il respectait l’artiste, mais qu’il respectait l’opinion publique souveraine et dont un homme aussi sérieux puisse-t-il être, comme lui, ne peut plus se passer pour jouer un rôle dans la Nation.
Le public en veut, le badaud se rue. N’allez pas croire que tout ce joli monde est la crème de la crétinerie, la marque de l’andouille de Bayonne. Que nenni. Cet engouement englobe tous les genres, toutes les intelligences de l’exceptionnelle à la stupide, si bien que sous l’accoutrement bizarre, le trompettiste en Diabolica (remplaçante de la Vuvuzela) se cache peut-être un premier prix de conservatoire ou un haut fonctionnaire, sorti de Leuven avec mention.

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Là-dessus une explication : l’homme moderne a besoin de s’exalter, de croire à quelque chose, de conquérir ou à défaut de voir ses couleurs portées par des autres et triompher.
Comme en plus il est prudent, volontiers craintif en politique ou au boulot, quoi de plus roboratif qu’une bonne après-midi à gueuler à la victoire en stipendiant le vaincu ? Quoi de plus revigorant de se réincarner dans quelqu’un d’autre, un champion qui ose, un artiste du coup de pied qui se fait des millions sur son jeu de jambes, alors que lui bosse des quatre membres pour des clous !
Ce ne sont pas leurs pairs qui donneront tort aux gens du bas de l’échelle, au contraire, avoir l’esprit sportif est un puissant dérivatif qui calme les esprits et rassure les patrons.
S’il doit raser les murs pour se rendre à une réunion du syndicat ou du PTB, par contre, il peut hardiment demander une demi-journée de congé pour aller supporter son équipe. Si ça se trouve, c’est la même que celle de son employeur et ils s’échangeront des écharpes. Le sport fait mieux que les réunir, il les rapproche, les réconcilie, une estime réciproque naît !
Reste que les blogs du genre Richard III, c’est comme une émission documentaire sur la pêche aux harengs ou un Bernard Pivot sur Joyce Mansour, l’égérie du surréalisme.
Le numéroteur est en baisse, déjà il ne fonctionne qu’un lecteur sur deux. Je me demande si je ne vais pas m’abonner à football magazine tout au moins jusqu’au mois de septembre.
Il paraît que c’est le dernier mondial pour Messi !
Si quelqu’un peut me dire où acheter son poster ?

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