Pénurie, nous voilà !
Le gouvernement libéral (partis flamands + le MR) est arrivé à un accord dans la nuit de lundi à mardi, a tweeté (façon Trump) le Premier ministre Charles Michel.
À l’heure qu’il est, ils doivent dormir du sommeil de l’assassin parfaitement détaché, dans l’inconscience de leur forfait.
Sous la censure de la N-VA, il ne faut pas s’attendre à du grandiose, juste quelques fleurs à l’entreprenariat et la vidange du pot de chambre nocturne sur la tête des chômeurs.
C’est le résumé le plus succinct qu’on devra faire de cet accord 2019.
Ah ! oui, restait une sacrée épine au pied de Kriss Peeters-le-souriant et du CD&V : Arco.
En gros, Michel s’est lancé dans des calculs de compensation entre ses deux partenaires flamands principaux. Pour ne pas trop en faire du côté de la N-VA, il a finalisé un accord concernant l'introduction en Bourse de 30% de Belfius et la création d'un fonds de 600 millions d'euros pour indemniser les coopérateurs d'Arco (c-à-d les électeurs du CD&V). Ne vous tracassez pas, la facture sera répartie et les Wallons paieront leur part aux petits porteurs des Flandres.
Pour être structuré, il sera structuré, ce dossier qui empêchait Kriss Peeters de sourire à fond des mâchoires, quand on abordait le sujet des petits porteurs CD&V. Le gouvernement puisera du côté de la banque publique pour financer l'indemnisation des coopérateurs d'Arco. Basta ! on se passera d’un accord de l’Europe, la vie sociale de Kriss Peeters en dépend.
C’est ce qui s’appelle une saine gestion libérale d’un problème d’argent où il est question de faillite bancaire.
Par contre, la suite est moins libérale façon social-démocratie. On résout la suite à la Viktor Orbàn avec Bart De Weever dans le rôle, si vous voyez ce que je veux dire ?
C’est le deal pour l’emploi, évidemment, qui, l’espère-t-on, fera réélire dans les foyers patriotes Michel junior !
Nos dealers de rêve veulent répondre à la pénurie de certains métiers, selon La Libre Belgique, spécialisée dans la découpe au scalpel de la viande des pauvres gens.
Ne vous tracassez pas, personne au gouvernement n’aura jamais la malchance d’exercer ces métiers en pénurie. Ils sont bien tous de santé trop fragile. Ils se maintiennent en vie fort péniblement. Ils sont à peine capables de penser pour nous. Nos totos conseillers ont tous été planqués dans des Administrations avant de débuter leur carrière représentative et je ne parle pas des professions libérales qui se sucrent deux fois en devenant députés.
Il est vrai que les métiers qui ne trouvent pas preneur ne sont pas tous pénibles. Certains sont liés aux progrès de l’électronique et de la bureautique et s’ils ne sont pas pourvus, c’est qu’il n’y a pas encore des formations scolaires pour les pourvoir. À cela deux raisons, la première tient à la rapidité de l’obsolescence des techniques. Vous ne trouverez pas facilement des élèves prêts de courir après un diplôme qui n’aura plus cours le lendemain ; la seconde tient du domaine classificatoire, le diplôme le plus proche est celui du droit. On sait que le métier
d’avocat aide énormément tout qui a un semblant d’ambition politique, reste à entrer dans l’administration en cas d’échec devant les électeurs et vous êtes paré, à vous la belle vie. Le privé n’offre que des perspectives étriquées de rond-de-cuir. Il y a bien aussi le démarchage et la représentation pour le reste, c’est le domaine de la belle gueule et du bagout et surtout de la belle carte de visite. En vérité ce type de métier sera toujours en manque de candidats et vous savez pourquoi ? Parce qu’il s’en consomme trop et qu’il use rapidement l’apprenti.
Voilà bien le traquenard dans lequel la droite libérale a fait tomber l’électeur de bonne foi et qui applaudit à l’initiative des marchands de cravates de la rue de la Loi.
Michel adore énumérer les avantages de ce nouveau massacre social : mesures d'exonération pour les demandeurs d'emploi qui terminent avec succès un stage pour un métier en pénurie, prime de reclassement pour réorienter le travailleur licencié vers une activité en pénurie, un encouragement fiscal et parafiscal à utiliser l'indemnité de départ à une formation pour un métier en pénurie, etc.
Mais pour ouvrir l’accès à la pénurie laborieuse une seule clé. Elle consiste à pousser par surprise le mineur au fond du trou de toujours, d’encrasser les bronches du réticent, d’empêcher le bas peuple à dormir comme tout le monde la nuit, à nourrir les ambitions pour une situation dégradante voire humiliante, à touiller dans la merde des industries polluantes et massacrantes : organiser la famine chez les pauvres gens.
En 2019, fin de mandat, Charles Michel n’a plus qu’un mot à la bouche, une seule action pour justifier devant la bourgeoisie belge l’utilité de son parcours : la dégressivité des allocations de chômage !
La lutte contre la pénurie a commencé !
L'accélération de la dégressivité des allocations de chômage, sujette à la polémique dès la semaine passée et dénoncée avec force par les syndicats, fait partie de l'anti-pénurie.
Il était indispensable pour les réélections futures que Michel et ses illustres confrères se missent à dos les chômeurs et les bas besogneux du royaume.
La règle est simple, c’est proprement un assassinat impeccable, pas de traces, pas de sang, pas d’empreinte, plus fort que l’agent innervant Novitchok dont l’essai sur Serguei Skripal et de sa fille à convaincu Michel & Michel associés qu’il y avait mieux : la dégressivité !
Pousser les besogneux « volontaires » à se jeter sur les emplois en pénurie, en les menaçant de les rendre encore plus misérables s’ils objectent.
« Dans les 6 mois qui suivent un licenciement, les allocations seraient augmentées avant de baisser plus rapidement vers un montant forfaitaire dans les périodes suivantes. Le relèvement graduel de l'âge pour bénéficier d'un chômage avec complément d'entreprise (RCC, successeur des prépensions) a été confirmé: 59 ans en 2019 et 60 ans en 2020. » Cela veut dire que sur moins d’un an de chômage, n’importe quel chômeur peut se retrouver au minimum.
Le minimum chômage n’est même pas le budget d’Amélie Derbaudrenghien, la créature qui sert d’exutoire amoureux au grand homme d’État que l’on sait, pour payer ses rouleaux WC et ses déodorants toilette de la résidence dudit.