Ambiance matrimoniale.
(chronique publiée également sur Facebook)
– Pourquoi à Banneux, plutôt qu’Hamoir ? – Pourquoi pas Banneux ! Il ne t’est pas venu à l’esprit que c’est un endroit à partir duquel on peut faire des promenades ? – Je me disais que tu n’as pas un esprit porté à croire ce qu’on dit sur les miracles et… – Est-ce qu’un arbre porte un signe religieux plus à Banneux qu’à Hamoir ? – Justement. – Justement quoi ? C’est inouï les efforts que tu fais pour me contrarier ! – On ne va pas commencer la promenade par une querelle, allons à Banneux, point c’est tout. – Tu viens de me suggérer Hamoir, plutôt que Banneux. – Moi ? – Oui, toi ! – Comment cela ? – N’est-ce pas ce que tu viens de me dire ? – C’était une simple réflexion. – Mais qui montre ton désir d’aller à Hamoir. – Pourquoi Hamoir ? – Tu viens de me suggérer Hamoir plutôt que Banneux et tu me demandes pourquoi Hamoir ! As-tu au moins une idée ? – Je m’en fous, à la fin, décide ce que tu veux et nous irons. – Voilà bien les hommes, je te suggère Banneux et tu me demandes ce que je veux ! – Alors, allons à Banneux et n’en parlons plus. – Si parlons-en au contraire. Si on va à Banneux tu vas faire la tête et on va passer l’après-midi à se quereller ! – Alors, allons à Hamoir ! – Ha ! ce serait trop facile que ce soit toi qui aies toujours raison.
Quelques instants plus tard en route vers la cascade de Coo.
– Prends à droite. – Trop tard. – Quoi trop tard ? – Oui, tu me dis de prendre à droite quand on y est presque. Je te signale qu’on roule à quatre-vingts et qu’à quatre-vingts on ne peut pas tourner tout de suite. – Tu le fais exprès. Tu sais que je n’aime pas de passer par Remouchamps. – Qu’est-ce que ça peut faire. Nous allons à la cascade de Coo et pas à Remouchamps. – Oui, mais on va y passer quand même ! – Et alors ? – Tu n’écoutes jamais rien de ce que je te dis. – On ne va pas recommencer avec cette histoire. – Quelle histoire ? – L’histoire que tu m’as dite à propos de Fernand. – Je t’ai parlé de Fernand ? – Oui, le type qui a profité que tu étais désemparée pour… au mariage de ton amie à Remouchamps – Ce n’était pas Fernand ! – Quoi pas Fernand, c’était un autre ? – Dis, pour qui me prends-tu ? – Pour quelqu’un qui oublie une lettre que je t’avais confiée à poster et qu’on retrouve dans ton manteau juste avant de le porter chez le teinturier. – Quel rapport avec Fernand ? – Aucun, mais venant d’une personne qui oublie tout, qui perd ses clés deux fois pas mois et qui se fait voler son porte-monnaie dans son sac chaque fois qu’on fait la Batte, je peux raisonnablement penser qu’en parlant de Fernand, tu le confonds peut-être avec Raoul ! – Qui c’est Raoul ? – Je n’en sais rien. J’ai dit Raoul comme j’aurais pu dire Nicolas. – Dis tout de suite que je suis une pute ! – Nom de dieu Églantine je n’ai pas dis ça. J’ai rappelé tout simplement que Fernand avait voulu ou tout simplement abuser de toi parce que tu étais saoule ! – Tu as de la mémoire quand tu veux, toi. Attends, je te vois venir. Tu vas me reprocher de boire un verre de temps en temps. – Si c’était qu’un verre ! – Et voilà, monsieur a son sujet, sa plainte favorite : je bois ! Si tu continues, tu me déposes devant le premier troquet – On est en voiture et on roule. Alors, hein ! pas encore… faudra attendre à l’apéro. – De quoi on parlait, avant que tu t’emballes, avec ton air de dire tout en ne le disant pas que je picole ? – …du fait que tu ne voulais pas passer à Remouchamps. Eh bien ! C’est fait. On y passe ! – Ne fais pas le malin. J’en ai assez que tu saches toujours mieux que tout le monde par où l’on doit passer et même si j’ai oui, ou non, fait l’amour avec Fernand, sous prétexte que je ne veux pas passer à Francorchamps. – Ce n’est pas pour ça ? – Pour ta gouverne, Fernand habite Ouffet, tu vois que ce n’est pas à Remouchamps. – Comment as-tu su pour Ouffet ? Vous avez eu le temps d’échanger vos cartes de visite ? – Ça ne te regarde pas. Est-ce que je te parle de Clémentine d’Ombret ? – C’est une petite cousine par alliance. – Alors, fiche-moi la paix avec Fernand et Remouchamps. – T’as raison du reste nous y voilà.
Il tente de garer la voiture à Coo dans un endroit où il est indiqué « complet ».
– Tu vois bien que c’est complet ! – Je le vois bien comme toi. – Alors, qu’est-ce que tu fais là ? – J’attends, des fois qu’un Hollandais sorte et libère une place. – Pourquoi un Hollandais ? – Parce qu’ils partent plus tôt, attendu qu’ils habitent plus loin. – Qu’est-ce que c’est que ce raisonnement ? Tu vois bien que tu es mal garé et que tu gênes tout le monde ! – Il n’y a personne. – Justement, comment veux-tu qu’il y ait quelqu’un, puisque tu bloques le passage. – Je ne bloque rien du tout. – Je ne discute plus avec toi. Et tu sais pourquoi ? – Non. – Parce que tu es un raisonneur, que plus tu as tort, plus tu tiens à m’emmerder avec tes raisonnements de fonctionnaire pour faire le contraire de ce que je te dis. – C’est faux. C’est toi qui t’emballes pour rien et fais que je ne peux plus placer un mot sans que tu le contredises. Là, que fais-tu ? – Je sors de cette voiture pourrie, parce que je peux plus supporter le type qui la conduit. – Reviens tout de suite. On va trouver une place.
Elle hors de la voiture, portière ouverte.
– Je m’en fiche que tu trouves une place. La cascade de Coo, c’est pour les Hollandais et ceux qui viennent en famille à défaut de se payer un séjour à la côte et pour un type dans ton genre. Comme si, il y avait quelque chose à voir dans ce bled. – Ferme la portière, tu vois bien que je gêne. – C’est trop fort, je finis à peine de te le dire ! Et tu m’as envoyée me faire foutre ! – Remonte, on doit partir. – Pas question et tu sais pourquoi ? – Non ! – Parce que si je monte dans ta camionnette pourrie, on ira après se foutre à la terrasse d’un café et que tu ne voudras pas que je prenne un deuxième Orval et encore moins un troisième et que j’en ai ma claque que tu me dises ce que je peux boire. Minable ! – Là, je dois y aller. Ferme la portière ! – Ferme-là toi-même. – Salope ! – Pauvre type ! – J’en ai ras la culotte, compte-plus sur moi pour rien. – Voilà longtemps que je le sais. – T’as pas tout vu. – J‘en ai déjà vu pas mal. – Lundi à l’école, m’appelle plus par mon prénom, mais Madame la Directrice. – Pouffiasse ! – Va te faire mettre !...
– Alors quoi vous deux, voilà dix minutes que les Hollandais du camping-car veulent quitter le parking.
Commentaires
Une histoire qui tourne dans une région que je connais bien, Ouffet,Ombret,Hamoir,Remouchamps,Banneux,Coo , j'ai connu un gentil bonhomme qui s'appelait Fernand, je connais un Raoul que j'apprécie,mais Clémentine et Églantine sont d'illustres inconnues, mais l'histoire est drôle..
Postée le: Gaston Reiter | août 8, 2018 09:43 PM
Tous les personnages sont fictifs, évidemment. Je ne connais personne dans les endroits mentionnés et si vous avez fait un rapprochement avec de réels habitants de ces beaux endroits, c'est tout à fait fortuit et par le plus grand des hasards.
Bien à vous.
Postée le: Richard III | août 9, 2018 08:04 AM
Pourriez-vous préciser l'endroit ou je peux lire votre chronique sur Facebook.D'avance merci cher Duc.
Postée le: Gaston Reiter | août 9, 2018 10:57 AM
Je débute dans Facebook et je suis encore bien maladroit. Je ne dispose pas actuellement d'une fenêtre généraliste et qui toucherait tout le monde. Je pense étudier la chose dès la semaine prochaine.
Postée le: Richard III | août 9, 2018 08:47 PM