Devoirs d’été (suite)
Je me pose des questions existentielles. Dois-je me précipiter pour ouvrir la porte à une dame et la laisser passer ensuite ostensiblement devant moi ; à l’inverse dois-je la précéder en montant l’escalier ?
On ne rigole plus avec ces choses là. Dans un cas on peut finir malpoli et dans l’autre, voyeur.
Les sexes désormais égaux, la remise à jour du manuel de savoir-vivre est nécessaire !
Puisque j’ai résolu d’être poli avec le personnel politique, dois-je tenir la porte de Maggy De Block au risque de rester coincé entre le sein gauche et le sein droit si le battant s’ouvre à gauche et l’inverse si le battant s’ouvre à droite ?
En cas d’incendie, faut-il dans l’escalier de secours précéder Zuhal Demir et être traité de lâche ou la laisser passer et baisser les yeux, afin de n’en point trop voir ?
Voilà les graves questions posées.
Les journalistes apprécient les belles manières. Nos chipoteries morales feront les règles de demain.
C’est parce que MM. Reynders et Michel sont des gentlemen accomplis qu’on les voit si souvent aux chaînes de télévision.
De la même manière, j’ai compris pourquoi je ne serai jamais l’invité d’Alain Gerlache. Il craint mes écarts de langage, d’autant qu’il a certainement appris que mes goûts me porteraient plutôt à l’interview de Jehanne Montay.
Alain craint mes dérapages populistes. Je le comprends. Il s’en est fait une idée inséparable de l’excès, de l’outrance et de la démesure. L’homme craint le désordre. Il y a du Kant chez lui, ponctuel et méticuleux. Gerlache est très utile par temps sec, vu qu’il est ennuyeux comme la pluie.
L’étiquette aide les partis à déterminer ce qui est à montrer et à proscrire. La gauche n’a pas la «moralité douce». Je me disais cela en mangeant un boulet frites sauce lapin dans une friture, mal assis, perché plutôt, sur un tabouret Ikea peu pratique, alors qu’il me semblait avoir vu Bacquelaine attablé en face dans un endroit moins cradingue à écouter de la musique douce d’un piano-jazz, qu’on entendait depuis la porte ouverte. Il rêvassait devant un Bloody-Mary, vautré dans un club épousant l’arrondi exact de ses fesses.
Je pensais dans mon langage frustre de débile léger « Merde, ce sale con, il s’emmerde pas avec mon pognon ». Vous voyez d’ici une réflexion de ce type devant Madame Montay ! Je me délecte à l’idée de son demi-sourire amusé, éclairant son visage si spirituel. La même chose devant Gerlache ? Je n’ose pas y penser !...
À tort sans doute, parce qu’Alain, tout compte fait, n’est pas contre l’invective, pourvu qu’elle aille du haut vers le bas. Celles de Michel passent très bien. La traque des chômeurs, ce n’est pas insulter plus faible que soi, c’est faire de la bonne gouvernance.
Je me demande qui de la charmante Valérie De Bue (MR), Ministre des Pouvoirs locaux, du Logement et des Infrastructures sportives, ou de la redoutable Alda GREOLI (CDH) Vice-présidente du Gouvernement wallon. Ministre de l'Action sociale, de la Santé, de l'Egalité des chances, a les principes moraux plus élevés que l’autre ?
D’un côté les Dix Commandements ou l’impératif catégorique de Kant, de l’autre la catéchumène des dix commandements d’un divin d’église.
Vous voyez comme j’ai changé. La semaine dernière mon seul critère eût été la question qui me travaille encore l’esprit, mais que je repousse fermement « laquelle des deux a les plus belles jambes ? ».
C’eût été une réflexion, peu politique, à la Weinstein, au temps de ses embauches massives de starlettes.
J’aurais été formel, c’est sans conteste Valérie. Mais aujourd’hui que j’évolue vers plus de respect en recouvrant un peu de la dignité d’homme de gauche, dire mes préférences me montrerait incroyablement vulgaire !
On ne rigole pas avec les principes moraux.
Que Gerlache me pardonne (je sais qu’il n’en sera rien) les manières ne sont pas impératives –ou tout au moins, pas comme le sont les principes moraux. En conséquence, je pense que c’est madame Greoli qui a la moralité la plus dure.
On sent chez cette dame un attachement à la vertu qui peut servir d’exemple et j’ai honte pour ceux qui persifflent que c’est plus facile quand on a un physique ingrat !
Je n’entre plus dans cette sorte de raisonnement. Et je n’en donne à lire que pour montrer mon opposition à ce genre de propos !
À dater de ce jour, l’auteur s’engagent à ne plus souiller ce site de textes d’attaques ad-hominen des plus orduriers.
Suite demain : « Doit-on mettre un ou deux sucres dans son café, quand on est en visite chez un personnage important du royaume ? ».