Emmanuel, Alexandre, flouze et barbouze.
Les journalistes de la presse belge, festivaliers perpétuels, ne donnent de la voix que lorsqu’une affaire risque d’atteindre l’économie libérale en dérangeant sa vitesse de croisière ! C’est leur façon de crier aux loups !
On les dirait « presque » troublés par l’affaire Macron-Benalla, qui n’est pas une affaire de pognon, mais de pouvoir !
La tournure passionnelle des frasques d’une barbouze de l’Élysée, au 1er mai de cette année, semble les tirer de la torpeur estivale.
Non pas que l’abus soit exceptionnel, on ferait un roman de l’illégitimité des privilèges des notables. C’est la première fois dans l’abaissement de la démocratie, qu’il faille remonter si haut pour une affaire aussi banale.
Le conflit d’intérêt, entre l’éthique et la permissivité des privilégiés politiques, nous change des mallettes bourrées de billets de banque de MM. Chirac et Sarkozy.
Mine de rien, l’éthique, est de retour. Les libéraux affirment qu’on peut respecter les valeurs morales, et gagner beaucoup d’argent sans que la démocratie en porte ombrage. L’économie de marché était louée pour sa conduite morale, dans la pratique d’un vol organisé justifié par la nécessité du profit.
Voilà que la démocratie se détricote par l’autre bout, celui d’une vertu républicaine qui n’a pas trait à l’argent, mais fragilise tout l’ensemble et met à mal le système !
La Belgique est aussi bien concernée que la France dans cette affaire. Plutôt que servir de caution au pouvoir économique, si les parlementaires se souciaient de la moralité publique !
Mais, c’est toute la démocratie en décors et trompe-l’œil qui s’effondrerait, dévoilant l’absolu effroi d’un monde ou trône les grands intérêts particuliers.
On sait qu’en-dehors des partis, des Macron et chez nous des Charles Michel règne un ordre mondial qui ne relève en rien de la démocratie. Cet ordre mondial peut tout, soudoyer, convaincre et flatter les pires instincts. Ce n’est pas la première fois que Charles Michel en reçoit des représentants, court en Amérique pour s’aller frotter à plus important que lui. Cet ordre mondial peut tout acheter, sauf un ordre moral possible en chacun d’entre nous.
L’affaire Benalla, n’est pas encore celle du karcher, mais cela pourrait le devenir. C’est même une rédemption inattendue chez quelques parlementaires plutôt doués pour tendre la main à ce pouvoir économique et qui voient peut-être l’occasion d’une rédemption républicaine.
Après dix jours de crise autour de l'ex-conseiller d'Emmanuel Macron, et à la veille de la pause estivale des députés, Christian Jacob (LR) et André Chassaigne (PCF) prendront la parole à partir de 15H00 pour défendre ces motions, les premières de l'ère Macron. Suivront les autres chefs de file des groupes politiques. Avant les votes sur chacune, c'est le Premier ministre qui donnera la réplique, pour s'expliquer à nouveau sur le comportement d'Alexandre Benalla, mis en examen après des violences le 1er mai, et sur la réaction de l'Elysée et l'Intérieur. Les motions seront rejetées, majorité contre opposition, sans surprise.
Minimisé par la majorité, ce n’en est pas moins un événement considérable par le seul sens civique et moral. Il ne s’arrête pas à Quiévrain, mais doit réveiller les consciences en Belgique sur une démocratie rongée par des intérêts qui la mettent à mal, au point de la rendre méconnaissable.
On se souvient de l’Affaire Dutroux et des suites politiques avec une refonte de la police et une disparition de la gendarmerie. Est-on certains que cette refonte a été l’occasion de nettoyer les écuries d’Augias, et qu’il n’existe pas en Belgique de la barbouzerie, ne serait-ce qu’occasionnelle, donnant libre champ à l’arbitraire et aux intérêts particuliers ? Et cette vieille affaire des Tueurs du Brabant wallon, jamais résolue malgré des tonnes de devoirs et dix mille pages de dossiers, a-t-elle vraiment été conduite pour qu’on en trouve les coupables et les ressorts réels ? On se pose toujours la question en 2018. L’enquête n’est pas close !
Enfin cette affaire Armand De Decker, le libéral haut placé, ami de tout le monde, où en est-on ? Aurait-il agi seul faisant pression sur d’autres grands serviteurs de l’État, au courant de rien, comme Reynders ou l’ayant été à l’insu de son plein gré, ami venu de Liège pour seconder Armand à la commune d’Uccle !
Alors oui, l’affaire française qui mêle à la fois Macron et Benalla est aussi une affaire européenne, elle illustre la manière dont certains politiques entubent les foules…