« Alors quoi… l’Europe ? | Accueil | Allô, ici un suspect à l’appareil ! »

La main invisible…

Le système financier mondial est conçu pour que les citoyens ne le comprennent pas. Pourtant rien de plus simple l’échange d’une botte d’oignons contre quelques pièces.
Quand on dépasse une certaine somme, entre le simple et le compliqué, règnent des raisons obscures. Reynders, entre le rafraîchissement de deux volets de sa maison de campagne, vous l’expliquerait bien, s’il le savait lui-même.
Pourtant, tout acte de classification met en œuvre les facteurs de la pensée humaine. C’est justement le pire défaut de la démocratie libérale, les cadors de l’économie capitaliste se sont arrangés pour nous en éloigner. C’est trop fort pour nous.
En échange de notre travail, nous recevons une rémunération en euros, calculée en dollars dans les coups (coups étant plus approprié que coûts) de production, nous voilà déjà sur une autre planète sans le savoir. Les ingrédients qui pénalisent la gagne prennent des formes diverses, ces caméléons financiers passent pour être utile à la grandeur de l’État, mais sont surtout utiles à l’actionnariat.
J’ai à dessein mêlé l’argent privé et l’argent de l’État, c’est-à-dire le nôtre, tant ils sont indissolublement liés aujourd’hui, depuis que le libéralisme a structuré le marché et la démocratie en une seule combinaison, pour ne pas dire combine.
Depuis que l’euro c’est du dollar déguisé, nous devrions être attentifs aux avatars qui secouent la livre turque !... Mal en point depuis plusieurs mois, la crise entre Ankara et Washington n'a pas permis de résoudre le différend de ces deux alliés au sein de l'Otan.
Cette crise financière nous pend sous le nez. Elle pourrait attenter à notre pouvoir d’achat.
Explication : la devise turque a fondu de quelque 40% depuis le début de l'année Elle s'échangeait vendredi à plus de 5,4 contre un dollar et quelque 6,3 contre un euro.
Les tensions ont connu une brusque escalade la semaine dernière avec l'incarcération en Turquie d'un pasteur américain, Andrew Brunson, accusé par les autorités turques de "terrorisme" et d'"espionnage". La crise liée à cette affaire a accéléré la dégringolade de la livre turque et renforcé la préoccupation des investisseurs étrangers.

1pepyrt2pa.jpg

Et l’euro dans le labyrinthe ? Les marchés s'inquiètent de l'incapacité des autorités turques à maîtriser l'inflation galopante qui a atteint 16% en juillet en rythme annuel, la crise entre Ankara et Washington, suscite l'inquiétude internationale dans le secteur bancaire.
Si vous voulez savoir combien l’ouvrier turc a perdu en une journée, l’argent qu’il recevait de son travail s'échangeait à 6,43 livres pour un dollar à la clôture vendredi de Wall Street, soit une baisse de 13,7% après avoir perdu jusqu'à 24% au cours de la journée.
Pourtant, sans déserter les salles des machines, les bureaux et les magasins, l’employé et l’ouvrier turcs ne se sont pas plus absentés que d’habitude, ni flâné, ni fréquenté les toilettes davantage, le produit de leur travail est le même, et voilà qu’ils ont perdu quasiment le quart de leur salaire !
Vous comprenez pourquoi nos politiciens libéraux, nos grands professeurs d’économie, nos journalistes spécialisés dans l’étude des flux financiers ne sont pas très chauds de nous expliquer le mécanisme qui fait qu’on travaille impeccablement un jour et qu’on se retrouve avec un quart de paie en moins le lendemain, toujours aussi impeccablement !
La crise turque a envoyé une onde de choc planétaire. L’euro n’est pas sorti de l’auberge ! Les principales Bourses européennes ont toutes clôturé dans le rouge.
Les mêmes qui étaient incapables de vous informer, vous disent tout de go que la crainte d'une "crise des devises émergentes" est fondée.
Empêtrée dans le Brexit, la livre anglaise dévisse la première après la livre turque. « Les investisseurs sont de plus en plus inquiets de l'imminence d'une crise monétaire totale », murmure d’une voix étouffée David Cheetham, analyste chez XTB, « par un effet possible de contagion ».
Ce qui est « inexplicable » s’explique très bien. La « main invisible » (1), qui n’est pas celle de ma sœur, est dans notre poche. « Il y a des craintes que les marchés européens soient plus exposés que prévu au choc turc », finit de nous achever Jameel Ahmad, analyste pour FXTM.
Comme Géronte dans les Fourberies de Scapin : nous dirons du système libéral « Que diable allions-nous faire dans cette galère ? ».
Voilà longtemps que je me le demande. Pas vous ?
----
1. Dans le domaine socio-économique, la main invisible est une expression qui désigne la théorie selon laquelle l'ensemble des actions individuelles des acteurs économiques est guidé uniquement par l'intérêt.

Poster un commentaire