Responsable, pas coupable !
On trouvera plus aisément d’arguments à dénoncer « le marchand d’idées » qui fait de la politique son business, que créditant de lettres de noblesse, un personnage politique qui se dévoue à la démocratie et qui rentre à peine dans ses frais.
Le « Tous pourris » est dans l’air du temps. Ce totalitarisme est contraire à la réalité.
Le dévouement au bien public veut encore dire quelque chose. Si ceux qui sont porteurs d’un idéal ne sont pas entendus comme ils le devraient, ce n’est pas qu’ils seraient peu nombreux, mais parce que les autres ne défendent pas des idées, mais leur beefsteak, dans un système économique idéalement conçu pour eux. Ils aménagent la démocratie à leur façon. Ils s’octroient augmentations et primes sans consulter leurs bailleurs de fonds, c’est-à-dire nous !
Non, l’honnêteté n’a pas disparu des milieux de la politique. Il se trouve même dans les partis participants perpétuels du pouvoir, des idéalistes en butte à l’hostilité des arrivistes et des carriéristes.
C’est évidemment dans des partis d’opposition que se retrouvent le plus d’idéalistes et de gens honnêtes. Ils veulent que changent les choses pour une autre économie dans une autre démocratie. N’étant pas aux affaires, les places, les profits, les mandats-rentes n’y tentent pas.
Un premier tri entre le bon grain et l’ivraie est simple à faire. On retient les noms de celles et ceux qui militent pour le non-cumul des mandats et entendent limiter à deux législatives le mandat rétribué.
Encore faudrait-il trouver une solution d’égalité entre les candidats pour la suite des carrières, en sachant qu’elle fait défaut, entre public et privé.
Cette démocratie est malade de ses carriéristes sans principe qui ne doivent leur réélection qu’à la notoriété qu’ils ont acquise au fil des tribunes et des complaisances journalistiques.
Les premières pages des gazettes sont pleines de leurs « exploits » et de leurs moindres faits et gestes. Avec la disparition du journalisme d’opinion qui était garant de la démocratie par la pluralité des organes de presse de toutes tendances, on a perdu l’exposition d’idées contradictoires, principe même de la démocratie.
Sous prétexte de neutralité objective, nous avons aujourd’hui en Belgique des journaux qui défendent tous la même opinion sous des couleurs diverses : celle des grands intérêts particuliers de l’économie libérale. Sous prétexte de neutralité, ils perpétuent une classe pluri-partis, celle des habitués du pouvoir qui ont leurs pantoufles dans les ministères.
Stefan Zweig est un exemple d’idéaliste réduit au désespoir, puisqu’il se faisait une haute idée de la démocratie et des libertés, voyant Hitler au pouvoir partout en Europe, à 58 ans, au Brésil, le 11 février 1942, il mit fin à ses jours.
C’est à la fois pathétique et émouvant la sensibilité d’un citoyen si fortement attaché à la démocratie au point d’en arriver à vouloir disparaître avec elle.
D’ici à ce que l’on voie Charles Michel l’imiter par le constat de son échec, ou son comparse Bacquelaine disparaître dans l’eau pétillante de sa commune, au vu des innombrables pensionnés qui crèvent de faim, il y a de la marge. Que les fans de ces élites se rassurent. Responsable et jamais coupable, c’est la devise de la maison Belgique.
Rien ne faisait plus rendre espoir à Stephan Zweig. Tout chez nos nombrilistes est matière à satisfaction.
Ils osent tirer gloire du mauvais accueil qu’ils font aux étrangers, se vantent de mesures humanitaires et de sauvegarde. Puis, ils jettent derrière les barreaux de leurs centres fermés, des familles entières jusqu’aux enfants. Diminuent-ils le droit aux allocations de chômage, ils s’en félicitent. Didier Reynders fait du pied à la N-VA pour sauver son siège à Bruxelles, puis s’en va prendre la parole dans un club francophone pour vanter la francophonie ! Les grévistes d’une entreprise rentrent-ils dans leur usine la mort dans l’âme et sans avoir rien obtenu, qu’aussitôt Kriss Peeters, ministre fédéral du travail, triomphe et parle de bon sens !
Quelques jours après l’entretien avec Bernanos, lui aussi en exil, Zweig décidait d'avaler des barbituriques en compagnie de sa femme. Les clés de son suicide se trouvent dans son livre-testament « Le Monde d'hier ». Il y exprime la fin des libertés comme la fin du monde.
Il y écrivait : "il ne m'a été d'aucune aide d'avoir entraîné mon cœur durant presque un demi-siècle à battre au rythme universel d'un citoyen du monde. Non, le jour où l'on m'a retiré mon passeport, j'ai découvert qu'à 58 ans, qu'en perdant ma patrie, on perd bien davantage qu'un petit coin de terre délimité par des frontières".
Dans une lettre posthume, il ne reconnaît plus le monde qu’il voit, un monde où l'humanisme n'est qu'un mot vague sans contenu.
Encore un petit effort, les saltimbanques rue de la Loi nous poussent à ce désespoir. Seulement, attention, ne confondons pas, eux prennent des barbituriques seulement en doses homéopathiques, mais, par contre, si les chômeurs pouvaient se suicider…