L’holisme contre la propriété.
La dernière lettre au Général X (le général De Gaulle), écrite par Saint-Exupéry, fut retrouvée sur sa table de travail, après que son avion fut abattu au large de Marseille, au retour d’une mission de reconnaissance, le 31 juillet 1944.
On y lit :
« L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail à la chaîne : système Bedeau, à la belote. L’homme châtré de tout son pouvoir créateur et qui ne sait même plus, du fond de son village, créer une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bœufs en foin. C’est cela l’homme d’aujourd’hui ».
Déjà en 1944… vous vous rendez compte de la prophétie !
Près de septante-cinq années plus tard, la résistance ouvrière s’est organisée, malgré tout !
L’homme a résisté et résiste encore à l’enfermement psychologique dans lequel le monde libéral l’a jeté !
Certes des pans entiers de son autonomie ont été sacrifiés au nom d’une prospérité économique dont il ne perçoit guère les bénéfices, mais il résiste encore, se bat, trébuche, se redresse, malgré les abandons, les lâchetés des partis baptisés trompeusement de gauche et les promesses jamais tenues de la voie libérale dans laquelle se sont engouffrés des socialistes, malgré les clairons libéraux du MR, tous gens de sacs et de cordes, dont on n’apprend plus à se méfier dans les écoles.
Prenons un peu de hauteur, ça changera de cette pestilence.
On a cru qu’au nom des attentats à la dignité des travailleurs, le fascisme était en voie de disparition. On voit qu’il n’en est rien et que le peuple indécis est en train de redonner le pouvoir aux gens qu’il a combattu dans les années quarante !
Les gauches d’Europe font le dos rond. La droite prise de vertige se donne aux néofascistes, du MR à la N-VA sans sourciller face à un Theo Francken qui donne le « la », pour la Belgique, de Viktor Orban, Jaroslaw Kaczynski à Guiseppe Conte, l’Italien, pour l’Europe. Ce n’est que le début d’une notoriété bâtie sur une répulsion des flux migratoires. Quand ces messieurs seront les bottes sur le bureau, une badine à la main, ils pourront rêver aux beaux uniformes noirs avec brassard. Les nostalgiques des dictatures disparues sont seulement à pied d’œuvre au pied de l’échelle, l’œil gourmand sur le Brésil où la pire crapule fasciste est en passe de diriger cet immense pays, avec un Lula en prison pour trois fois rien, prétexte jusqu’après le triomphe de l’extrême droite !
Le dégout qui submerge aujourd’hui les gens de la vraie gauche, on le pressentait déjà en 1944, malgré la victoire contre les adolphins. La veille avant que son avion ne s’écrase, Saint-Exupéry écrivait à un ami « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. »
Avoir vu si loin et si juste frappe encore l’imagination ! Le pressentiment que l’économie capitaliste n’allait pas en rester là, qu’elle avait encore à assumer la destruction de la planète était omniprésent chez lui. Combien il avait raison !
Quand on y réfléchit, la belle histoire du Petit Prince, celle que l’on raconte aux enfants, pourrait n’être que la sombre parabole du dernier habitant de la terre se prenant à dessiner un mouton, paisible animal décimé par le glyphosate suintant des derniers brins d’herbe !
Comment voulez-vous que je vous parle des gens de pouvoir qui sont au commande des lieux où le hasard me fit naître ?