Bigre, la lutte des classes !
Les gens, sauf les élites, prennent conscience que nous quittons une société de confrontations entre les syndicats et le patronat, pour entrer dans une société où tous les coups sont permis, ressuscitant les antagonismes profonds de la lutte des classes.
Le glissement vers l’inconnu se situe au milieu des années 80 (Richard3.com « critique et devenir »). Trente-cinq ans plus tard, les dégâts sont visibles. C’est comme si nous nous retrouvions au sortir de la guerre de 14-18, sauf que le parti socialiste a beaucoup changé et que ses formes d’actions communes (Parti, syndicat, mutuelle, coopérative) ont souffert du glissement du PS vers le centre, au point que ses forces se sont dispersées et même détruites comme les UC. Les actions communes survivantes n’ont plus de liens qu’au niveau des directions. Le militantisme de base ayant disparu avec le bénévolat, il a été remplacé par des intellectuels qui tirent leur subsistance des syndiqués et des mutuellistes, en même temps que les satisfactions du commandement.
C’est dans cette logique tout à fait nouvelle que le système-monde (voir « Richard3.com » Les Gilets Jaunes) a pu prospérer au point qu’il est devenu une menace pour l’ensemble des citoyens, ce que semble ne pas pouvoir comprendre le gouvernement belge.
L’affrontement est balbutiant en Belgique. Il apparaît plus affirmé en France avec la révolte des Gilets Jaunes qui s’est étendue au-delà du prix des carburants.
Qu’on ne s’y trompe pas, même si les autorités et les médias célébraient la fin de la jacquerie et le retour au calme dans les prochains jours, l’agitation ne cesserait pas, car les causes sont trop profondes pour qu’on en reste là. Et la Belgique, avec ce petit décalage de retard par rapport à la France, ne sera pas en reste.
Plus encore qu’en Belgique, la France avec ses grands espaces inter villes et périphériques découvre la montée des inégalités, l’effondrement de l’avenir des classes populaires et le ras-le-bol des campagnes et des banlieues.
En réalité, la transformation de cette société a été insidieuse. Seuls quelques économistes ont perçu le glissement depuis son amorce il y a 35 ans. Les autres, enivrés du discours libéral, sont passés à côté. Le glissement s’accélère. Les milieux libéraux tentent de le nier. Ils ont tort, car à nier l’évidence, ils préparent leur enterrement.
Une des icônes du patronat français Carlos Ghosn qui servit d’exemple à Macron pour célébrer les premiers de cordée et permettre aux riches de payer moins d’impôt afin d’investir dans l’industrie (ils n’en ont rien fait), Carlos Ghosn aurait déclaré 37 millions € en 4 ans, il en touchait le double ! Le patron de Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est en garde à vue à Tokyo. Un des derniers alibis à la bienveillance libérale à l’égard de l’imposition des fortunes vient de tomber devant nos yeux.
Qu’importe, ce n’est qu’un détail, cela fait des années que de plus en plus de citoyens ne sont plus intégrés politiquement et économiquement. La poste, les chemins de fer, la proximité des soins et des services disparaissent avec la fermeture des usines dans la crise des campagnes et des banlieues, au nom de la rationalisation et en vertu de l’automobile pour tous, deux mythes en faillite et qui cachaient jusque là la vérité : l’agression capitaliste qui se rue sur le citoyen lambda et profite de sa dépouille.
Le ressentiment est gigantesque. Les partis de droite et du centre nous ont trompés et continuent à le faire tant qu’ils le peuvent. Ils disposent de tout et même du pouvoir des urnes, puisque l’électeur déboussolé ne sachant plus où est son intérêt de classe vote souvent contre lui-même en accordant sa voix aux libéraux et aux socialistes intégrés, parfois pire quand il s’abandonne aux chants des sirènes de l’extrême droite !
Les Gilets Jaunes, s’ils s’étiolent et disparaissent, un autre mouvement prendra leur place. Il n’y a plus de dialogue possible entre les populations et la classe politique au pouvoir. Vous l’avez sans doute remarqué, Richard3.com s’est acharné sur le MR au long des semaines. Le MR est minoritaire à Bruxelles et en Wallonie. En Région, Borsus doit sa présidence à Lutgen, curieux ménage. Sans classe moyenne, il devrait disparaître !
« Le monde d’en haut ne parle plus au monde d’en bas. Et le monde d’en bas n’écoute plus le monde d’en haut. Les élites sont rassemblées géographiquement dans des métropoles où il y a du travail et de l’argent. Elles continuent de s’adresser à une classe moyenne qui n’existe plus. ». L’analyse du géographe-sociologue Guilluy rejoint celle, prémonitoire, du regretté Bourdieu.
Les réponses du gouvernement Michel sont ridicules. Les ennemis de la démocratie sont ses meilleurs amis. L’opposition socialiste est dans les mêmes dispositions d’amitié et d’esprit. Par exemple à Liège, Madame Christine Defraigne est devenue la première échevine de Willy Demeyer, son bras droit en quelque sorte ! Quel symbole !