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Ne rien s’interdire…

Cette pratique du monde des affaires est connue : le produit est d’abord gratuit, puis progressivement payant, dès que l’utilisation se généralise.
Il y a des variantes, une semaine gratuite d’essai de restauration pour maigrir, le prix plein vient après. Les services bancaires pour rien ou presque au départ, un peu plus tard, la banque fiche à la porte la moitié du personnel, puisque nous faisons les opérations bancaires nous-mêmes avec notre propre courant sur notre ordinateur, au lieu de nous rétribuer, en foi de quoi on augmente les frais bancaires !
C’est de bonne guerre disent les spécialistes du marketing, sauf que le public ne s’y fait pas et comme il est moins sot qu’il en a l’air, il paie puisqu’il ne peut pas faire autrement, mais il fait la gueule, il a compris.
C’est ainsi qu’il y a deux camps, le monde du business qui souligne le trait de génie d’une arnaque comme un haut fait moral, avec le personnel politique libéral, centriste et socialiste compris, tous convaincus que tout profit est sain et tout déficit malsain et de l‘autre côté du Styx, les arnaqués, les levés-tôt, les ahuris du 3 x 8, les boutonneux de l’ULg, les chômeurs et les pensionnés, tout le monde enfin !... enragés de l’avoir bien profond, sans trouver la faille pour « distroyer » ce jeu maléfique.
Les pouvoirs publics sont de mèche dans ce mauvais polar. Faut-il que le commissaire soit bon-enfant pour ne pas s’en apercevoir ?
La plus massive, celle qui fait mal malgré la vaseline, c’est l’affaire des centrales nucléaires, ce fleuron scientifique que les socialistes ont appelé de leurs vœux en chorale avec le monde du business, tous au deal fabuleux de l’électricité quasi gratuite. Matin gratuit, midi gratuit, soir gratuit, comme dans la pub, mais pas pour une semaine, pour toujours, grâce à la matière immortelle, celle qui met trois cents ans pour refroidir et dix mille ans pour redevenir un petit caillou avec lequel l’enfant joue aux billes !
Sauf qu’en 1960, on a laissé le soin à la génération suivante de résoudre des problèmes très simples, ridiculement faciles, mais qu’on n’a pas encore résolus et qui tiennent à la radioactivité des objets irradiants et de leur environnement irradié tout pareil et au passage, comment stocker l’uranium « usé » devenu inutilisable pour chauffer la marmite ?
Ces problèmes là, bien sûr, existaient en 1960, mieux ils existent depuis Marie Curie ! Mais comment résister au paquet d’or en 1960 (en 2018 aussi d’ailleurs) ?
Comment un socialiste peut-il résister à la Rolls qui l’attend dans son garage ? Comment un jeune bourgeois élevé par des parents exquis et parfumé, délicats et aimants, peut-il résister au monde des affaires qui a contribué au bonheur de sa famille ?
Selon un rapport fait pour Greenpeace, les coûts de démantèlement des centrales et de gestion des déchets nucléaires ne sont pas correctement provisionnés. "Le risque que le citoyen doive régler la facture est élevé. » On pourrait dire même plus, ce risque est certain.

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Nous en sommes à ce stade particulier où le monde politique oublie ce qu’il a raconté pour faire gober la chose. Le monde bancaire qui a financé le projet et perçu les royalties ne veut pas financer sa destruction.
C’est bandant non ?
"Le rapport montre qu'il n'est aujourd'hui pas possible de connaître le montant final nécessaire pour ces opérations et de garantir que cet argent sera disponible", souligne Greenpeace.
C’est impossible de transporter la centrale au Bangladesh pour que des femmes et des enfants la démantèlent à mains nues. Non pas que ça gênerait le beau monde, mais le transport est impossible.
Sans quoi, on vendait des paniers d’osier à ces travailleurs et on comptait leur salaire aux paniers remplis, à balancer dans une décharge derrière leurs gourbis.
Madame Merghem est formelle « qui a branché sa cafetière sur l’électricité nucléaire ? ». Tous les électeurs MR sont formels : les pauvres ! (Eux ont fait ça par altruisme)
On peut rêver divers scénarios de démolition, Engie-Electrabel en a cinquante en réserve, mais pas question de déposer l'argent dans le Fonds prévu à cet effet.
En juillet dernier, L'Echo et De Tijd révélaient que le dossier des provisions nucléaires faisait l'objet de négociations discrètes entre Engie, maison-mère d'Electrabel, et le gouvernement fédéral.
Après la gueulante sur les estrades, les démocrates dont vous n’êtes pas, ni moi non plus, se réunissent dans un petit local à l’écart du bruit et de la fureur, et entre initiés, discrètement, on coupe la « méchante centrale » en morceaux suivant les appétits de chacun et un mode de répartition très équilibré, quasiment primitif en quelque sorte. Et on distribue déjà les salaires des autorités chargées de « réfléchir » à la destruction des centrales, entamant ainsi les fonds propres sans même avoir donné un premier coup de pioche !
C’est beau et généreux la démocratie ! Ne rien s’interdire… c’est fait.

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