La vierge et la verge.
On publie ce qu’on veut sur les pages amies de Facebook. Comme le coucou, on pond un œuf dans le nid du voisin, puis on se perche non loin, pour voir son petit tuer ses pseudo frères.
Certains utilisateurs sont absolument rétifs à ce conte de fée cruel d’un Épinal qui ferait un détour par la Mecque ou par Rome. C’est mon cas. Les limites sont dans l’exposition d’une foi personnelle à des fins missionnaires à laquelle je suis puissamment allergique.
Aussi je prierai l’aimable correspondant qui m’a fichu la Vierge en majesté sur mon site de ne plus récidiver. Certes, je l’ai supprimée aussi vite que je l’ai découverte, sauf que je n’ai pas regardé depuis combien de temps elle était là.
J’exclus d’office tout le foin que l’on fait autour des divinités supposées, dans la cervelle des anxieux qui les ont créées : les zélotes et les prêtres, curés et imams. Qu’on me traite de con, je le veux bien et je n’ai garde de contredire une opinion aussi tranchée, dès lors qu’elle paraît fondée à certains moments, mais qu’on me balance des images de l’imaginaire collectif qui rendent les foules béates et bêtes, non. Je supprime.
Ceci dit, vous n’êtes pas sans avoir remarqué que ces Réveillons sont l’occasion de grands n’importe quoi. Ceux qui le peuvent se relâchent et festoient.
J’appartiens à la population honteuse de s’en mettre plein la lampe, entre l’apoplexie et l’indigestion, qui pète bruyamment en éclatant de rire à l’audition « d’une bien bonne » de Patrick Sébastien, tirée de l’almanach Vermot de 1926. Être de la génération ne veut pas dire de la confrérie. Je suis incapable de bâfrer et de m’emmerder souverainement à des banquets de circonstance, sans rouspéter.
Je préfère revenir à mon loustic qui publie des images de la Vierge sur mon site.
C’est quand même au nom de cette fantasmagorie que l’immense empire aztèque fut militairement défait par cinq cent huit soldats espagnols et dix chevaux, d’où s’ensuivit l’écroulement d’une des civilisations les plus évoluées au monde.
Et je me dis que le système économique tout éperdument ignare soit-il aurait un ennemi efficace : celui d’une religion altruiste et résolument généreuse à l’égard des pauvres.
Vous me direz, le propagateur de l’image de la Vierge est probablement, sans qu’il le sache, détenteur d’une partie de ce formidable pouvoir. Alors pourquoi lui et les prosélytes n’en usent-ils pas ?
Parce que s’entourer de grigris, s’emberlificoter dans des chapelets, s’enturbanner et laisser pousser la barbe aux vertus du coran n’ont jamais interdit l’import/export et l’enrichissement sur le dos des croyants. Il y a toujours eu un bon rapport de commerçant à commerçant, entre les religieux et les businessmen. Les prêtres se sont goinfrés dans le système en vendant leurs sornettes, tout comme Mittal a fait fortune dans la ferraille. Les affaires étant plutôt calmes dans le secteur de la foi, les religions font l’appoint en devises fraîches par de généreuses subventions de l’État.
Alors je préviens les amateurs des OVNI divins, la nescience dont ils sont férus n’est qu’un absolu destiné à faire patienter les foules ou les dissoudre comme les Aztèques. Je préfère dans leur vocabulaire être le sale type qui fait cuire ses merguez aux flammes de l’enfer.
Et pour le reste, ceux qui se font greffer les scissures des circonvolutions de Richard3.com sous prétexte que ça leur donne plus d’allure, me sont plus agréables. C’est la seule façon que j’aie de croire à la réincarnation.
C’est fou comme on devient frivole sur Facebook, quand on n’a pas l’objectif de plaire aux foules dans le but de les représenter.
Deux naïvetés s’additionnent dans la conception scientifique de l’idéologie : celle du chosisme et de l’idéalisme. L’idéalisme n’est pas l’affaire des foules. Il n’est que l’affaire de quelques-uns et encore, je n’en suis pas sûr, tant l’intérêt de la chose est de loin le moteur universel.
Il n’en reste pas moins pour que la gauche reste supérieure à la droite dans l’abstraction philosophique, que celle-là soit moins « chosiste » que la droite ; or, la frustration qu’implique l’inégalité sociale semble plutôt tirer les foules vers le matérialisme.
Comme quoi, un peuple ayant besoin de tout, ne peut philosopher, sinon que la faim et le dénuement sont en réalité les sujets majeurs de la philosophie !