De la violence.
La presse pousse les Gilets Jaunes et l’immense majorité des gens à répéter à chaque interview « Je réprouve la violence. Je ne suis pas violent. » etc.
Richard3.com pose la question du piège dans lequel les journalistes proches du système font tomber le public, naïf et de bonne foi, qui ne sentant pas venir la suite, s’oblige à répéter ce que les autres veulent entendre. Le pouvoir espère ainsi que la question de la violence laissera des traces dans le subconscient des téléspectateurs et que ces traces influenceront favorablement le public vis-à-vis du président Macron, qui axe ses discours contre la violence.
Chacun d’entre nous, pris à froid, est évidemment contre toute violence.
Pour avoir suivi jadis des manifestations pacifiques, puis soudain violentes, Richard3.com est bien placé pour savoir que la violence est toujours reprochée aux manifestants, même s’ils sont paisibles. Ce reproche impressionne les naïfs et les non-violents par principe, d’autres catégories pensent la même chose mais pour d’autres raisons, ce sont les pleutres, les craintifs, les respectueux de toute autorité, même despotique.
Cette violence peut tout aussi bien provenir de la police sous deux aspects, la violence individuelle et la violence par ordre. Un manifestant à terre reçoit des coups de pieds de policiers qui se défoulent (vu sur vidéo). Une provocation venant d’un ordre du ministère de l’intérieur, comme à Paris samedi dernier, limitant par des brimades et parfois par des jets de grenades lacrymogènes, la venue des Gilets Jaunes au centre ville, est une violence.
Bien entendu on parle moins des violences policières parce qu’elles ne s’attaquent qu’aux personnes et non au mobilier urbain et aux commerces de proximité. Elles sont donc moins spectaculaires et difficiles à déterminer.
Par tempérament, je me rebiffe quand on me frappe et je cherche à rendre les coups que l’on me donne. C’est un réflexe. Ce n’est pas demain que je changerai. Bien sûr, cela s’arrête là, mais je peux comprendre sans l’approuver, que des gens à bout de patience et qui s’en retourneront gérer leur 850 € par mois, soient pris de frénésie et se livrent à des déprédations.
Ce ne sont pourtant pas des voyous. Si des citoyens pensent le contraire, c’est qu’ils ne connaissent rien des exactions qui accompagnent souvent les révolutions dont celles de 1789, de 1848, qui voit la démission de Louis-Philippe et l’avènement de la 2me République et surtout celle de la Commune de Paris qui fit 35.000 morts parisiens fauchés par les chassepots des Versaillais sous le pouvoir de Thiers, qui venait de signer une paix honteuse avec les Prussiens, pour ensuite réduire dans le sang les patriotes résistants.
Que voulez-vous quand la violence s’installe d’abord au sommet de l’État, cela devient quasi un devoir de répliquer par la violence populaire.
On verra en France dans les samedis à venir, si ce sont des émeutes ou une Révolution.
La violence est un thème majeur en philosophie politique. Physique ou symbolique, individuelle ou étatique, la violence est un concept protéiforme. On en parle dans les médias comme les chaisières de Saint-Sulpice après que la Commune eut fusillé Georges Darboy, archevêque, le 24 mai 1871 à Paris.
Sans vouloir faire l’apologie d’aucune violence (moi aussi) ne devrait-on pas imputer aux industriels, le suicide par burn-out des ouvriers et des employés parce qu’ils ne supportent plus les cadences ou la manière dont on les traite ? Et les vieux qui meurent dans des taudis de faim et de maladie, quand leur ministre s’ingénie à finasser pour encore diminuer leur retraite ? Criminel ce système qui fait l’apologie d’une réussite personnelle en piétinant des centaines de vie ! Et on viendrait demander aux gens de s’associer à des criminels et dénoncer d’autres criminels ?
Par principe, le peuple n’est pas délateur. Méfiez-vous qu’il ne prenne parti pour les casseurs malgré l’insistance des nervis de l’économie libérale !
Le principe de la violence est la volonté de soumettre quelqu’un, contre sa volonté, par le recours à la force. La violence est donc une suspension de la légalité.
Du flic qui donne un coup de pied gratuitement pour le plaisir, au jeune qui jette une pierre dans une vitrine, il y a égalité des gestes, seuls les moyens employés les distinguent. Un CRS sous le couvert de l’autorité de l’État est moralement plus coupable qu’un jeune qui casse un banc public. Ils agissent tous les deux illégalement. Le jeune ira en prison, le flic félicité.
Des philosophes condamnent la violence gratuite au nom du respect des individus, Alain, Kant, Derrida, Arendt, Sartre (avant qu’il ne devienne maoïste). À part quelques philosophes se basant sur les principes de la religion, tous accordent à l’individu le droit moral de se défendre. Certains philosophes : Marx, Engels, Nietzsche, Hegel, constatent que la violence joue un rôle important dans les sociétés et les rapports humains.
Weber prétend que la violence est nécessaire à l’exercice de l’autorité de l’Etat. « Un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné. » Weber doit être le philosophe préféré de Macron.
Derrida a sans doute raison : « Tous les États-nations naissent et se fondent dans la violence. Je crois cette vérité irrécusable. Il suffit de souligner une loi de structure : le moment de fondation, le moment instituteur est antérieur à la loi ou à la légitimité qu’il instaure. Il est donc hors la loi, et violent par là-même ».
Il y a des moments où la violence est la seule façon du peuple à se protéger des puissants.
Commentaires
a vous suivre, la guerre 40-45 serait justifiée par la "paix honteuse" de 14-18, et donc sa violence expliquée! Demandez aux juifs et autres victimes ce qu'ils en pensent...
Postée le: bourgois | décembre 3, 2018 06:19 AM
Vos propos sont hors contexte.
Toutes les guerres partent d'un collectif autoritaire entraînant un peuple abusé à des exactions souvent de voisinage. C'est une violence d'État. Le peuple n'est pas violent par nature. Il y est contraint souvent par les circonstances. Aujourd'hui les Autorités ont privé le peuple des mots pour expliquer sa souffrance, étonnons-nous qu'il devienne violent ! Il y a un monde de différence entre armer une Nation contre une autre ou se révolter parce qu'on ne peut plus nourrir ses enfants.
Postée le: Richard III | décembre 3, 2018 11:13 AM
Bien d'accord avec la réponse formulée à "bourgois" .
Postée le: Gaston Reiter | décembre 3, 2018 10:34 PM