De Macron à Micron.
Un phénomène social bien connu – Richard3.com le constate pour Liège – tout départ conséquent d’une action sociale en France finit toujours par faire des remous jusqu’en Wallonie. Nous nous souvenons dans nos gênes que nous fûmes Français sous la 1ère et la 2me Républiques, comme nous parlons la même langue, le phénomène s’explique.
C’est comme un jeu de marteau sur la fête foraine, plus on tape dur, plus le canon sur rail monte haut, jusqu’à faire péter la forteresse au sommet. Cela revient à expliquer pourquoi, quand ça craque vraiment à Paris, Bruxelles en est atteinte.
Macron discourant a allégé le canon. Encore un effort pour péter la forteresse !
Cela pour constater que le mouvement des "Gilets Jaunes" ne s’agrège pas aux syndicats. Ne démontre-t-il pas ainsi que les syndicats ne parviennent plus à défendre les classes populaires?
Cela ne se voit pas encore Place Saint-Paul, mais tout qui s’occupe à gauche de l’effet social de la protestation en France, ne peut que s’interroger sur ce que pensent les exclus, les bas salaires et les chômeurs français des syndicats. À la place de Bodson de la FGTB, je me méfierais.
N’est-ce pas aussi le propre de toute Révolution que de se démarquer des appareils politiques et syndicaux, de faire table rase comme l’a chanté Potier, dans une méfiance justifiée par cinquante années de cohabitation de toutes les composantes organisées de la société française ?
Franchement, cette méfiance est salutaire. Ce n’est pas parce que l’on s’affiche à gauche qu’on l’est. Ce n’est pas parce qu’on a une mission sociale rémunérée, qu’on est efficace et à la hauteur de sa tâche.
Aucune mesure de l'efficacité syndicale n'a jamais été réalisée. Donc difficile de dire si les "gilets jaunes" sont plus efficaces que les syndicats, ni même les politiciens de gauche, organisateur de la société par la régularité de leur accès aux manettes du pouvoir. Il n’a jamais été démontré que la pression fiscale au cœur de la crise actuelle a pu être mieux « contenue » sous Hollande, ni que les grèves interprofessionnelles ont bloqué les programmes de droite et augmenté le pouvoir d’achat, tout en évitant des licenciements collectifs…
Bref, la société libérale est-elle capable d’évoluer vers plus de social sous la pression « amicale » de la gauche « convenable » et des syndicats ?
Les 18 mois de Macron-compatible sont en train de prouver aux Français et aux Gilets Jaunes que l’essai d’une France conciliante et collaboratrice, pour tout dire social-démocrate, est un échec. Il aurait fallu penser Macron-incompatible et les laisser se débattre entre eux pour choisir leur président. Mélenchon, par exemple, en ne donnant pas la consigne de voter Macron au second tour, laissant la possibilité de voir Marine Le Pen présidente, n’avait pas tout à fait tort. Peut-être cette nomination eût-elle accéléré par sa nature scandaleuse la venue de la VIme République !
Comme tout pouvoir qui se croit irremplaçable, les pouvoirs français et belges sont les champions de prélèvements divers sur les classes moyennes et les classes les plus pauvres, les plus riches ayant la possibilité d’optimaliser l’impôt par des combines à la limite de la légalité. Est-il vraiment bête ce gouvernement français qui a programmé un nouveau prélèvement, manifestement de trop ? Charles Michel en est au même point. On se rappelle qu’il a chargé la barque au maximum avec la taxe de 21 % sur l’électricité, depuis c’est le système libéral qui est en train de fabriquer les Gilets Jaunes, avec ses manipulations du chômage et dans ses projets d’attenter aux allocations familiales.
Les "gilets jaunes" français sont-ils plus efficaces que les syndicats et cette efficacité – si elle se vérifie – ne va-t-elle pas devenir une vérité reconnue par tout le monde en Belgique aussi ?
En une quinzaine de jours, alors que les syndicats mettraient une législature pour y parvenir (ce qui n’est pas certain), les Gilets jaunes ont rabattu le caquet de Philippe qui a déjà fait quelques concessions et on attend de Macron qu’il en fasse autant.
Restent les violences combattues par tout le monde, ce qui est la condition pour passer sur les médias et dire son fait à cette société. En réalité, ces violences tout en ayant officiellement desservi les Gilets Jaunes, leur ont, au contraire, servi devant des gens de pouvoir et de l’intelligentsia qui n’ont rien tant peur qu’un pied au derrière pour les aider à comprendre, ce qu’ils ne parvenaient pas à saisir l’instant avant.
La révolution de velours, c’était bon pour la Tchécoslovaquie il y a longtemps, ici, c’est autre chose, quand on n’a plus rien et que c’est le pouvoir qui vous a tout pris au nom de son confort caché sous des principes, je crois qu’il n’y a plus qu’Alain Duhamel qui pensera que la violence est de la seule compétence de l’État.