Classe et déclasse.
Il serait temps d’oser dire que la démocratie par délégation, parce que le citoyen n’est appelé aux urnes que tous les quatre ou cinq ans, est plutôt une organisation oligarchique qui n’a besoin du peuple que pour se croire légitime. Ce peuple est sans pouvoir direct sur la politique menée. Il n’a pris conscience que cette politique pouvait lui être nuisible, qu’à la suite de la révolte des Gilets Jaunes. La signature d’un blanc-seing à des individus qu’il ne connaît pas, place le citoyen dans une situation d’obéissance forcée à un programme qu’il ne peut modifier.
Cette observation est valable pour les votants de l’opposition et de la majorité.
Le mode de scrutin permet l’alternance. Alors s’organise un conflit artificiel entre la gauche et la droite qui se passe en dehors de toute intervention du citoyen. Cela permet d’intégrer le sentiment d’une apparence de démocratie, dans la réfutation des critiques actuelles des Gilets Jaunes. Que le citoyen acquiert plus de responsabilité dans une démocratie intégrée et participative semble être une démarche civique. Eh ! bien non, c’est combattu par le pouvoir bourgeois en place. Et on comprend pourquoi, il y perdrait ses privilèges.
Le pouvoir actuel empêche, en plus, la prise en compte d’un bon quart du corps électoral. On a là tout ce qu’il faut pour un conflit ouvert entre le pouvoir ainsi organisé et le corps électoral, manipulé par devers lui de manière antidémocratique.
Le pouvoir en France comme en Belgique est en train de vivre des turbulences qui pourraient bousculer les habitudes louis-philippardes du petit monde bourgeois du fric facile.
On ne tient pas éternellement une Nation par des mensonges.
Depuis la sortie de la seconde guerre mondiale, on a vécu l’illusion que la démocratie pouvait fusionner la liberté formelle avec celle de la liberté d’entreprendre.
La Guerre Froide, les Trente Glorieuses ont tempéré l’évolution vers le gouffre. Personne jusque tard dans le siècle passé n’avait soulevé l’hiatus incontournable entre Liberté et Égalité. Ces deux idéaux, on le sait aujourd’hui, sont incompatibles depuis que le pouvoir s’était persuadé que la liberté d’entreprendre était la liberté toute nue, celle qui était l’essence même de la démocratie ! Quant à l’égalité, l’incompatibilité avec la liberté d’entreprendre est aujourd’hui d’une grande évidence.
Les dates fixées de la propagande du MR, pour le rattrapage de l’Europe à son Pygmalion : l’Amérique, ont sans cesse été postposées, jusqu’à cette dernière période au cours de laquelle plus personne n’y croit, ridiculisée par quelques intellectuels dont Richard3.com salue l’indépendance.
L’harmonisation des revenus entre travailleurs des villes et des campagnes, entre ceux des personnels et des cadres et des cadres entre les administrateurs et les propriétaires, non seulement n’a pas été possible, mais l’effet inverse s’est produit, jusqu’à l’inacceptable des prélèvements monstrueux par ceux qui détiennent le pouvoir.
Comme ce courant est induit à l’impérialisme des situations, le personnel politique a suivi la spéculation à la hausse de leurs propres revenus soutirés au peuple.
L’écroulement cyclique de l’économie à la suite des crises financières n’a jamais essuyé la moindre critique du système politique. En laissant après chaque crise, l’électeur un peu plus pauvre qu’il n’était, il a fini par montrer la trame fondamentalement bourgeoise de l’ensemble de la politique, gauche et droite confondue dans le même dessein.
Et pour cause, le rattrapage était réservé à ceux qui détenaient les clés de la démocratie, si bien que de locataires du pouvoir, ils en sont devenus les quasi propriétaires. Les situations telles que nous les voyons en France et en Belgique, avec pas moins de cinq pouvoirs exécutifs, diluent les responsabilités. Les oligarques font de ces pays un nouveau moyen-âge avec les baronnies, les fiefs et les gabelles, sommés des ducs sur les marches du trône.
Vu les avantages qu’ils se sont accordés, les bénéficiaires jouent les prolongations.
Le Peuple essaie de raconter une autre histoire qui laisse en plan le complot ourdit par la bourgeoisie, dans une actualisation de la lutte des classes.
L’hallucinant réside dans la manière dont tout ce monde politique largement dépassé se tient au mât central, s’encourageant de la voix, prédisant qu’après eux ce sera le chaos, alors que nous sommes déjà dedans.