Jean-Michel Aphatie, rumeurologue.
Lundi, Jean-Michel Aphatie a été pris à partie par un « journaliste » mystérieux à la sortie d'un plateau de télé. Le sympathisant à la cause des Gilets Jaunes lui reproche d'avoir évoqué les violences du boxeur Christophe Dettinger à l'encontre d'un CRS à Paris, sans parler du contexte. En clair, il lui reproche d'être du côté du pouvoir et de ne pas être objectif dans ses commentaires.
Aphatie à l’issue de se micro trottoir décide de publier un tweet. La séquence dure six minutes. Il la commente sous la forme d’un justificatif des gens qui exercent son métier "Si vous ne savez pas ce que l'intolérance veut dire, si vous voulez observer une forme de violence inadmissible, regardez cette vidéo qui ne sert pas la cause des gilets jaunes", colporte-t-il sur les plateaux de télé qui l’accueille volontiers. Évidemment, ses pairs boivent du petit lait et Aphatie fait office de chevalier blanc.
Bien sûr, l’interpellateur n’est pas un journaliste. Il définit en quelques mots les journalistes comme des flagorneurs à l’égard des autorités, avec leur grande difficulté d’admettre les violences policières et une propension à en rajouter sur les exactions de la foule en cortège.
D’autres chroniques du Blog Richard3.com font état de l’esprit des manifestants qui se font bombarder de grenades lacrymogènes et blessés au Flash-Ball, comme celui des CRS sous tension dans des affrontements. Les protagonistes des deux camps ne sont évidemment pas suffisamment sereins pour commenter l’événement. Et même après, le sang-froid revenu, aux seuls souvenirs, les tensions réapparaissent et rendent souvent les témoignages outrés, voire suspects.
C’est donc bien aux seuls journalistes à qui l’exacte relation revient.
Des observateurs extérieurs, qui ne sont ni parmi les manifestants Gilets Jaunes, ni même des sympathisants ont l’impression que presque tous les commentateurs professionnels s’accordent pour montrer que le pouvoir et son bras armés ont leur sympathie !
Alors que voir une foule composée de femmes et de personnes âgées, mêlée aux Gilets Jaunes habituels, devrait plutôt inciter le journaliste de terrain à mieux observer ce qui se passe et rendre compte de la réalité qui semble souvent échapper aux commentateurs à la télévision et à Jean-Michel Aphatie.
Les personnes qui font l’actu ont-elles conscience d’être embarquées sur le même bateau que le pouvoir et que si cela tourne mal, cela tournera mal pour elles aussi ?
Il y a un exemple fameux qui reste en mémoire. Il s’agit du comportement de la presse tant française que belge, au traité de Maastricht signé le 7 février 1992, il y a donc 27 ans !
Cela ne date pas d’hier, c’est sereinement que l’on peut revenir sur les articles des grands journaux parisiens et bruxellois de la période électorale.
On sentait une indécision dans l’air des centristes, tandis que les électeurs des extrêmes étaient déjà franchement remontés contre ce traité. Il fallait que la presse, en gentil pompier de service, éteignît le feu du « non » qui couvait.
Et qu’avons-nous lu ?
« Si nous votons « non », il y aura une crise financière et économique immédiate en France. Le Figaro ». « Les paysans français seront les premières victimes. Le Monde ». « En refusant le Traité de Maastricht, nous offrons l’Europe sur un plateau d’argent à l’Amérique et au Japon. Le Soir », etc.
Certes, Jean-Michel Aphatie n’a pas écrit une ligne dans les journaux cités, mais on voit bien que le courant préférentiel amenant le journaliste à prendre parti, ne date pas d’hier.
Alors, un peu de jugeote, s’il-vous-plaît, dans le carré de grognards autour de l’Élysée. Défendez-le système, c’est votre droit, mais pas en prétendant que la fausse nouvelle est unilatérale et ne vient que du peuple. Vous n’êtes pas sincères. Ayez le courage de défendre vos patrons à visages découverts !
N’oubliez pas que les Gilets Jaunes n’ont pas vos moyens pour communiquer, ni votre professionnalisme pour falsifier les faits.
Et malgré toutes ses incohérences et son parti-pris, je trouve bien du mérite au « faux journaliste » qui a interpellé Jean-Michel Aphatie. Je note enfin, que le professionnel n’a jamais répondu aux questions de l’autre.
À croire, pour les gens de plumes et de paroles, qu’il est plus facile de poser des questions que d’y répondre.