On voudrait comprendre.
Charles Michel avant les élections du 25 mai 2014 envoie des signaux « définitifs » à ses électeurs, non, jamais, il n’entrera dans un gouvernement avec la N-VA. Cinq mois plus tard, le 11 octobre 2014, il forme un gouvernement de droite avec… la N-VA et cette aventure tiendra jusqu’au 9 décembre 2018.
Et ce n’est pas tout. Quelques jours avant sa démission, Charles Michel fait appel au PS et à Ecolo pour former un gouvernement de gauche, alors que sa politique avait été jusque là très à droite !
Si faire de la politique consiste à rester le plus longtemps possible en poste par tous les moyens, sans état d’âme et sans principe, autant faire des partis une « Pangée » de laquelle surgiraient les plus mariolles et les plus fortiches, comme dans une entreprise privée.
Pendant ce temps, à Anvers, le bourgmestre Bart De Wever, après avoir « chassé » les socialistes de la commune et juré qu’ils n’y entreraient plus jamais, s’apprête à diriger pendant six ans la plus grande ville de Flandre avec les socialistes !
Oui, les électeurs voudraient savoir, non pas ce qu’il en est de la crédibilité des hommes politiques, leurs faiblesses et leurs mensonges, mais de la crédibilité de ceux qui les informent et la manière avec laquelle ils perçoivent les tribulations des hommes de pouvoir, qu’ils consignent sur le papier, sur les ondes et en images.
Car, après tout, les hommes politiques passent, les journaux restent et avec eux les personnels chargés d’écrire et de dire ce qu’ils voient et pensent de la politique.
À bien considérer la chose, force est de constater que si les politiques mentent, changent de partenaires, et varient dans leur manière d’assembler les couleurs, la presse en fait tout autant et, en ce sens, ment aussi et, ce qui est plus grave, attribue aux politiques un diplôme de vertu et de vérité, en contradiction avec l’éthique qui devrait être celle de ses professions.
Qu’on s’étonne en sachant cela, qu’une spécificité des Gilets Jaunes est de critiquer le rôle et l’influence des différents systèmes de communication, chaînes d’information et réseaux sociaux. Tenter de mettre en place son propre réseau d’information, semble la suite logique.
Tout de suite dénoncée par les politiques et les journaux, cette nouvelle source d’information est dit-on surtout source de bouteillons, Fake News depuis Trump. C’est vrai, Richard3.com, peut en témoigner ; mais pas plus que les gazettes, avec la circonstance aggravante de ces dernières, qu’elles utilisent des journalistes professionnels.
En réalité, les mensonges sont moins perceptibles dans les journaux que sur Facebook, parce que les personnages qui s’y expriment, jouent sur leur notoriété et ont ainsi plus de chance d’être cru.
Leur responsabilité dans la crise mérite une réflexion sur le devenir de notre démocratie et devrait nourrir le débat, sur la mise en place de nouvelles formes d’informations contrôlées par des acteurs indépendants de la vie politique. Les journaux subventionnés par la perception de nos impôts devraient être plus respectueux de ceux qui les subventionnent.
Des journalistes ont été injuriés, parfois molestés par des sympathisants des Gilets Jaunes qui les accusent d’être à la solde des riches. Même si c’est loin d’être généralisé, il y a un fond de vérité dans cette croyance populaire des médias « tous pourris ».
Ces médias ciblés ont quasiment tous un point commun, ils adhèrent à 100 % au système économique mondial. La plupart sont issus de la bourgeoisie et quand ils n’y sont pas, ils aspirent à en être.
Le mouvement des Gilets jaunes a surtout marqué la consécration du rôle des réseaux sociaux comme instruments majeurs de mobilisation et véhicules efficaces d’information de terrain.
Mais il n’est pas le seul. D’autres sources indépendantes s’y sont aussi répandues, mais en poursuivant des buts moins démocratiques et sociaux.
Facebook est aussi en partie responsable de la campagne contre le pacte de Marrakech et du succès de la N-VA sur la migration.
On a pu y voir dans les actions notoirement antimigratoires de Theo Francken la patte de Steve Bannon de l’extrême droite américaine. Des informations ont circulé sur Facebook annonçant que la signature du pacte déclencherait l’arrivée en Europe et, par conséquent, en Flandre, de millions d’Africains. Des sites russes d’information en langue française ont été découverts, Sputnik, et RT, favorable aux thèses flamingantes.
D’après Bloomberg News et le Times, il y aurait 600 comptes Twitter reprenant le hashtag @giletsjaunes, qui seraient alimentés par des organismes russes !
L’opinion voudrait comprendre et trouve que FB tout aussi controversé que la grande presse est, même dans sa forme actuelle très imparfaite, un contrepouvoir qui aide à replacer le monde de l’information devant des responsabilités qu’il n’assume pas, en restant trop proche d’un pouvoir qui sert avant tout les intérêts du patronat.