Allez au-delà. Extravaguez !
Après ce dernier samedi d’émeute à Paris, ceux qui n’avaient pas encore compris pour qui roulent les médias auront été déniaisés par les godillots de la première heure, les Jean-Michel Aphatie les Daniel Cohen, Anne-Élisabeth Lemoine, Alain Duhamel, sous la bannière de BHL, rejoints par Caroline Roux, Yves Tréard, Christophe Barbier, Françoise Fressoz… j’arrête, on pourrait remplir la page.
Le pouvoir s’agite, Macron revient du ski dare-dare. Castaner dessaoule. Philippe s’agite la cuisse héronnière, pour en être où ? Nulle part !
À force de prendre les gens pour des cons, l’élite s’affole et ne peut couper court aux débordements de la rue. Pendant ce temps, l’abbé Macron en chaire de vérité, entame sa ixième grand’messe débats.
Il n’y a pas à revenir en arrière. Charles de Gaulle a eu une fichue idée de concentrer tous les pouvoirs sur le président et Lionel Jospin de faire passer cette élection avant les législatives. Cette erreur pourrait même donner à Marine Le Pen le fauteuil suprême, avec autant de députés que la République en Marche.
Du coup on aurait pu croire à une solidarité entre bourgeois européens et l’UE qui tournerait à l'avantage de Macron. C’est mal connaître la bourgeoisie énamourée des gagnants, méprisant les perdants disséminés en Europe.
C’est l’occasion aussi pour elle de se moquer du donneur de leçon français. Macron voyait des dérives partout, sauf dans son pays. Le voilà avec des émeutes à répétition dans les grandes villes et peu d’imagination pour en sortir.
Cette insurrection hebdomadaire fait passer au second plan le rendez-vous du 26 mai. Du coup le Brexit peut être repoussé après, le 29 mars, tout le monde s'en fout.
Et personne, vraiment personne dans les médias, parmi les élites, à l’Élysée, à Matignon, idem parmi les observateurs étrangers, comme le gouvernement belge en expédition des affaires courantes, ne prend la peine d’arrêter les conneries pour écouter quelques minutes les revendications des Gilets Jaunes, d’abord modestes, aujourd’hui à la hauteur d’une conscience de classe qui se lève et propose, ni plus ni moins un changement de régime !
Parce qu’enfin, sous les slogans, les cris, les rassemblements, les symboles bourgeois pillés, incendiés, c’est la critique de la gigantesque bulle spéculative qui est montrée du doigt et qui cache à peine masquée, son internationalité intemporelle derrière le pouvoir en place.
Pendant que les flash-Ball crachent leurs projectiles, les pluies lacrymogènes entrecoupées de l’eau des autopompes arrosent leur quotient de victimes, le néolibéralisme impose sa logique totalitaire sur les esprits, calmement, placidement, aussi peu sensible aux revendications écologistes que sociales, bien au sec, loin des Champs Élysées.
Le néolibéralisme emploie toute son énergie à instaurer le règne du réalisme globaliste. Paisiblement, se moquant même des gesticulations de Trump, son fantoche préféré, il touche au domaine sensible, par ses gadgets et aussi parfois, ses inventions étonnantes, un processus d’accélération du désir qui fait passer l’innovation de l’inutile à l’utile. Mine de rien, autrement plus intelligent que Macron dans le domaine de la maîtrise des peuples, il maquille sa violence en compréhension de l’environnement, en bonne volonté sociale, en care pour les populations pauvres des antipodes. Pour la bonne raison que celles qu’on ne voit jamais ne peuvent pas contester sa générosité intéressée. Il parvient ainsi à désamorcer son pouvoir subversif, jusqu’à éradiquer toute trace de négativité, tandis que ses petits soldats du libéralisme primaire sont en première ligne et ramassent des pavés sur la tête à sa place.
Le réalisme globaliste maîtrise la dénégation des mots et des images, par un usage de la dérision qui rend tous les discours possibles, sous le signe de la post-vérité : le monde qui peut-être va s’écrouler, sera « comic » jusqu’au bout, tenu en laisse par ses amuseurs.
Les médias en attestent, les pouvoirs des élites sont leur caution intellectuelle. BHL et les philosophes de salon de la déconstruction, leur assurent la postérité.
Pour le libéralisme si facilement démasquable et pourtant toujours aussi couvert, ses élites sont une véritable aubaine casuistique. Macron et les autres revivent pour lui les « Aventures du brave soldat Švejk pendant la Grande Guerre » dans une petite guéguerre avec le peuple.
Ses complices, la République en Marche, se sont emparés de la mission d’accoutumer le public au monde sans réplique que sert aussi Macron et espèrent par là faire accepter n’importe quoi aux Gilets Jaunes.
Que faire, sinon fustiger l’assujettissement du monde à la finance et déplorer qu’il n’y ait pas plus de volontaires parmi l’élite et les médias, sinon ceux qui hantent Facebook, les réseaux sociaux et les téléphones portables, « inventions étonnantes qui fait passer l’innovation de l’inutile à l’utile » ai-je écrit plus haut. Et qui, bien compris, sert actuellement de boomerang quand les flics sont les quilles du bowling et Macron, tenancier des lieux. Le président des riches court le risque de perdre aussi l'estime des puissants, quand ceux-ci voient leurs recettes diminuer sur les Champs Élysées. Quand les bourgeois perdent de l'argent, c'est mauvais signe pour le pouvoir en place.