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Mirliton et charleston.

La désertification des campagnes résulte de la concentration des populations en habitats urbains. La main-d’œuvre s’est déplacée dans les agglomérations depuis que la campagne a mécanisé le travail des champs et que le système politico-économique productiviste supprime à tour de bras postes, hôpitaux et conséquemment commerces de proximité, non « rentâââbles » comme on dit à la FEB.
Dans les villes et leurs faubourgs, le mécontentement sur la mauvaise qualité des logements et la rapacité des marchands de sommeil méritent qu’on en débatte d’ici les élections du 26 mai.
Ce n’est certainement pas la doxologie des bourgeois du MR, ni même du PS. Le reste de la gauche, dans ce climat, a donc largement l’espace pour se faire entendre.
Pour rappel, c’est, en partie, sur la base des revendications urbaines et d’une alternative de gestion communale que la majorité italienne actuelle a obtenu la majorité. Au Japon, les municipalités sont occupées par des gestionnaires sensibles aux problèmes de l’urbanisme et de l’environnement.
En Belgique, il fut un temps, hélas révolu, où l’engouement pour le PS tenait au développement des barres de banlieue. Jusqu’à l’embourgeoisement complet du parti, la politique de construction urbaine et suburbaine était l’un des indices qui séparait le vote à gauche plutôt qu’à droite, d’une grande partie de la population non politisée.
Le temps des grandes constructions à caractère démocratique étant révolu, il reste quand même la gestion d’un gros patrimoine immobilier des Coopératives et des Sociétés de logement qui joue un rôle dans le choix politique des candidats locataires.
Dans la population, l’idée d’un habitat urbain au loyer abordable jusque dans les centres-villes n’est pas morte. C’est même l’un des phénomènes résurgents à la crise actuelle des Gilets Jaunes et du malaise profond ressenti. Parmi les protestations et les demandes sociales, celle de se loger dans de bonnes conditions à des prix abordables est omni présente.
La concentration urbaine a un atout non négligeable pour se faire entendre des partis : le poids qu’elle pèse dans une élection est directement lié à la densité de population.
L’interdépendance croissante des unités de production et de gestion obligent à un fonctionnement sans à-coups dans un complexe économique important, aussi bien dans la production que dans la consommation. Paris et bientôt Bruxelles voient les travailleurs de ces deux capitales habitant en banlieue astreints à des navettes épuisantes et néfastes en pollution.
Les équipements collectifs, le logement, l’école, les dispensaires de santé, les crèches et garderies, les équipements culturels, les transports, sont des points stratégiques de la structure urbaine et des exigences de production. Imagine-t-on ce que serait l’activité commerciale et industrielle, sans un réseau de transports amenant les travailleurs à proximité des lieux de travail, presque tous à la même heure ?

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Ne croyez plus les propagandistes du néolibéralisme, ce dernier avatar des bourgeois, pour nous faire patienter en guettant un rebond du système. Il n’aura pas lieu et les gens du MR le savent ou alors ils sont plus incultes que je ne pensais. Pour mettre à l’abri des désastres qui s’annoncent, l’État n’aura plus demain qu’un seul recours, celui de la consommation collective, sous peine de disparaître, dans une grande mise à plat de l’urbanisme social.
Les moyens collectifs de consommation joueront bientôt un rôle fondamental dans l’organisation de la consommation individuelle marchande. La relance d’un certain type de consommation, dépend des politiques de logement et des transports ainsi que du traitement de la propriété foncière. Charles Michel n’ignore pas qu’une des difficultés du capitalisme est de trouver des débouchés sans cesse croissants, capables de placer les capitaux de façon rentable.
Pour que le capital privé se valorise, il doit s’ouvrir à une consommation à partir d’équipements collectifs de groupes solvables.
C’est ici que les socialistes font un mauvais calcul. Ils espèrent que leur embourgeoisement les laisse seuls à pouvoir in fine convertir le capital néolibéral à la social-démocratie, dans une mixité entre le social et le capital.
C’est l’erreur. Le capitalisme ne peut pas s’amender, aussi certain que le monde court à sa perte par la même aporie.
On découvre aujourd’hui la contradiction majeure du développement capitaliste : les besoins essentiels des gens ne peuvent pas être produits par cette logique, puisqu’il n’en découlera qu’un profit médiocre, voire inexistant.
C’est pour résoudre cette contradiction que l’Etat devra intervenir bientôt de façon décisive dans la production, la distribution et la gestion des moyens collectifs de consommation et même dans l’organisation spatiale de ces services.
Il n’en prend pas le chemin. Les forces dites complémentaires de pouvoir, partis, économie néolibérale et État rejettent la seule alternative qui pourrait sauver leur système en le modifiant. Au contraire, ils s’enfoncent dans la vente des biens publics et des organisations sociales à des particuliers. Il ne reste plus beaucoup de temps à ces messieurs de la Belgique passéiste et conservatrice pour renoncer à la vente des biens et services publics.
Sinon, ils sont condamnés à périr.
Reste la classe ouvrière qui a le plus conscience de la situation et qui soutient de mieux en mieux les organisations politiques alternatives de la bourgeoisie. Or la classe ouvrière ne peut pas, à elle seule, poser l’alternative du socialisme en Europe occidentale. Celle-ci n’est possible que par la constitution d’un grand rassemblement.
On peut rêver, non ?

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