Le Grand Débat !...
Pour assécher le terrain sur lequel les Gilets Jaunes bataillent depuis des mois, il y avait deux solutions.
La première aurait fait que le pouvoir reconnaisse s’être trompé et fasse droit aux deux principales exigences des Gilets Jaunes, rétablir l’ISF – ce qui était facile – et procéder à de nouvelles élections, subsidiairement remplacer lesdites par référendum – ce qui était impossible de la part des gens en place.
Macron représente les intérêts de la droite française. C’était capituler en rase campagne. Logiquement, il ne lui restait plus qu’à démissionner.
La deuxième consistait à trouver une formule d’attente d’un retournement de l’opinion publique. Les énarques, dont la présidence est friande ont donc soumis un plan en trois phases à Macron qui l’a adopté. Nom de code : le Grand Débat.
Préparation par un travail au corps des populations. Macron a fait le tour des mairies, comme le général fait le tour des popotes, avec des logorrhées dont certaines durèrent six heures !
Les Gilets jaunes étaient toujours dans les rues le samedi.
Puis, le premier ministre Edouard Philippe s’institua organisateur du Grand Débat. Chacun était invité à y participer. Grand succès de participation selon l’Élysée. Gérôme Firquet, politologue, n’y voit qu’un apport évident des 18 à 19 % des électeurs, ceux qui initialement votèrent Macron. Le reste de la population est resté dans ses quartiers, comme dirait le militaire.
Les Gilets Jaunes étaient toujours dans la rue.
Enfin, nous voici à la conclusion, moment redouté par le pouvoir et par les énarques qui risquent leurs têtes.
La synthèse par Édouard Philippe est en cours.
On sait déjà que certaines propositions seront écartées, mieux auraient été évitées et ne seraient pas entrées dans le cahier de doléances, l’ISF notamment.
Pour faire semblant de ne pas toucher aux pensions et pour faire plaisir à Jean-Pierre Delevoye rapporteur sur la question, l’âge de la retraite restera fixée à 62 ans, avec un système de bonus incitant les titulaires de petites pensions ou de pensions incomplètes d’aller jusqu’à 65 ans ou plus. Autrement dit, les pensionnés qui revendiquaient une meilleure qualité de vie, auront le choix entre végéter à partir de 62 ans avec une retraite inchangée ou poursuivre le travail dans l’espérance d’une meilleure pension à condition d’avoir un employeur compréhensif, bien entendu. C’est ce qui s’appelle une revendication satisfaite par de nouveaux inconvénients sans qu’il n’en coûte rien à la collectivité.
Le reste est à l’avenant. Il n’y aura pas de taxes spécifiques liées à l’écologie, mais certaines majorations dans des domaines différents seront versées dans le programme écologique. Ce qui est une manière détournée de faire payer le gros de la population sans que les riches contribuent davantage à l’écologie, alors qu’ils sont manifestement par leur train de vie les plus gros pollueurs.
La baisse de la TVA sur les produits de première nécessité serait une mauvaise idée (dixit Gérard Darmanin).
Après de faux bruits, rumeurs et bouteillons lancés par le pouvoir afin de sonder les gens, le prince prendra la parole pour donner son avis, le seul qui compte de toute manière. Il procédera à des changements selon ses vues.
Les Gilets Jaunes seront toujours dans la rue. Ils n’auront vraiment pas été consultés et le pays restera ingouvernable.
Voilà ce que l’on peut dire de concret. L’essentiel sera dans le signal que le pouvoir recevra des élections du 26 mai (la France ne vote que pour l’Europe à un tour). Si Macron reste en tête (les sondages le donne au coude à coude avec Marine Le Pen, mais ils sont peu fiables), c’est que sa réplique à la colère de ceux dont on occulte systématiquement l’existence aura fonctionné, sinon la France est repartie pour de nouvelles séquences de flash-Ball et Castaner reparti dans ses délires sur sa conduite de l’ordre public.
Cette machinerie a quand même un bonus à son actif.
Les poursuites contre l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, vont leur train… cette fois de sénateur, grâce à la commission du Sénat qui a déposé au parquet de Paris ce dossier explosif. Celui-ci a ouvert une enquête pour "entrave à la manifestation de la vérité". Le bonus, c’est qu’on n’en a peine parlé dans les médias.