Process crimes
L'époque est grandiose !
Sur le temps que les médias, attachés au pouvoir comme le morpion aux poils du pubis de madame la marquise, découvrent la calomnie, la rumeur et les fake-news, ces trois calamités incluses d’origine dans les portables des Gilets Jaunes et de leur complice Facebook, le grand air de la Calomnie s’entonne dans les palais du pouvoir en toute impunité.
Nos Rouletabille, qui roulent surtout pour les gens en place, font mine de s’étonner d’une pratique qui date de la plus haute antiquité.
Dans la première partie du spectacle, Macron entre en scène à propos de Geneviève Legay, 73 ans, bousculée par un de ses sbires, des faits niés par lui, reconnus par la justice. Ce qui ne gâte rien, le dénigrement de la citoyenne sur son militantisme et son âge, joint ainsi l’ignominie à la mauvaise foi. Mais silence, c’est la parole du président !
L’apothéose du spectacle, revient à Donald Trump et au procureur général William Barr, à propos du rapport Mueller sur la mise en cause du président et la légitimité de son élection !
Le vendredi 22 mars 2019, Robert Mueller transmet son rapport final au procureur général William Barr. Plusieurs centaines de pages deviennent quatre pages à double-interlignes. Si William Barr a pu écrire sa lettre en quarante-six heures, c’est qu’il a toujours su ce qu’il allait y mettre : Donald Trump est hors de soupçon !
Mais le rapport en lui-même reste top secret et malgré les souhaits unanimes du Congrès, il ne sera sans doute jamais publié !
Deux faits sont connus de façon précise, fort éloignés l’un de l’autre sur l’importance qu’on leur attribue, certes, mais ont un point commun : l’intox !
Personne n’est mis en accusation par Mueller. Barr n’a trouvé aucune trace «inappropriées ou injustifiée», attachée à l’élection du président.
Voilà tout ce que les Américains savent et ils devront s’en contenter. Place à la rhétorique manipulatrice du pouvoir qui ne se prive pas de s’en donner à cœur joie.
L’Amérique a son BFMTV, c’est Fox News. Sur la chaîne, le présentateur glapit à la minute qui suit la fin de la déclaration de William Barr : il y avait eu « non-collusion ».
«No Collusion Day!», c’est la fête sur Fox News, sans se fonder sur aucun fait publiquement établi ou susceptible de l'être, et pour cause, le rapport est interdit. La cause est entendue. Mueller a fait perdre de l’argent aux Américains et les Démocrates en sont pour leur frais.
Dans la grande nouveauté actuelle, outre la fausse nouvelle approuvée comme vraie par les médias dès qu’elle émane du pouvoir, les faits ne sont pas essentiels.
En l’absence de tout fait connu, les républicains proclament la victoire et inventent les leurs. En l’absence de tout fait connu, les Démocrates s’avouent vaincus.
C’est exactement ce qui se passe partout et en France notamment après le tour des popotes de Macron le mois dernier, pour son grand show de débats et c’est ce que vient d’illustrer en Amérique le rapport Mueller.
Les journalistes, à écouter Jean-Michel Aphatie jusqu’à l’écœurement, recoupent les informations à plusieurs sources, avant de les diffuser… sauf quand la source jaillit de l’Élysée comme la vérité sortant du puits !
C’est ça le journalisme aujourd’hui en Amérique, comme en Europe.
Dorénavant, il n’y a pas de crime, pas de complot, aucun acte répréhensible ne peut être commis émanant des autorités.
La suite discrédite à la fois le pouvoir et le journalisme. L’affaire Trump devient l’affaire Mueller ! À la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders annonce que le département de la Justice a fourni « une disculpation totale et complète » du président. La question devient « Mueller a-t-il failli, après vingt-deux mois à traquer des faits inexistants ?».
Désormais, en Amérique et en Europe, le public s'informe sur les réseaux sociaux, plutôt qu'en lisant la presse ou en reluquant les mimiques d’Apolline de Malherbe, sur BFMTV !
Si les faits avaient une importance incontournable, l’idée que les républicains ont « gagné » et les Démocrates « perdu » sur les conclusions d’un procureur aux ordres, ferait l’objet d’une vive critique.
De même, Macron, au mépris des faits, concluant à l’imprudence d’une femme âgée au milieu d’émeutiers, serait condamné à l’unanimité par la presse.
Ce qui se passe en Amérique comme en France est de la même nature, le pouvoir gagne. Il est le plus puissant et dispose de plus de moyens.
Les limites sont atteintes. Dorénavant les publics américain et européen attachent plus d’importance aux nouvelles diffusées par des circuits parallèles, que par les officiels.
À tout prendre, une fausse nouvelle sur les réseaux sociaux est plus roborative à entendre, qu’une fausse nouvelle des grands médias. Alors, pourquoi s’en priver ?