La France dans un tourbillon !
Le Premier Mai contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes n’est pas la fête du travail, mais des Travailleurs.
Des témoignages recueillis chez les Gilets Jaunes, il ressort clairement que l’identité du travailleur type, malheureux et exploité, est majoritairement Gilet Jaune. Les manifestants de tous les samedis depuis six mois sont de loin les plus constants défenseurs des travailleurs.
Il s’agit donc bien d’un rendez-vous populaire entre quelques centaines de syndicalistes réunis traditionnellement et des dizaines de milliers de Gilets Jaunes, la plupart non politisés, ni syndiqués. Ils font ce que depuis des dizaines d’années les syndicats ne font plus : manifester leur réprobation d’un système économique qui les brime, dans une démocratie qui les nie.
Ce n’est pas le jour de revenir sur la calamiteuse capitulation du parti socialiste, d’autant que la social-démocratie est aussi responsable que l’économie libérale elle-même, de la situation. Ni d’opposer les syndicats aux Gilets Jaunes, puisqu’il y eut mélange fraternel jusque dans les rangs de la CGT. Au contraire, la convergence entre les intérêts des Gilets Jaunes et des syndicalistes entre dans le bilan positif de cette journée.
C’est justement ce que ne veulent pas les dirigeants des syndicats.
Des déclarations préalables sur l’organisation des cortèges syndicaux étonnent quelque peu. On sent que l’attitude des chefs syndicalistes, d’ailleurs tous permanents et largement payés, n’est pas dans la droite ligne de la lutte des classes, mais dans la défense des pouvoirs et des droits acquis des responsables. Manque de bol, ils ne peuvent pas se dire victimes de l’ambition des chefs d’en face, puisqu’il n’y en a pas. Personne ne veut prendre leur place. Et c’est ça justement qui fait leur drame.
Or, à voir la belle fraternité des militants de la CGT et de FO avec les Gilets Jaunes, on devine tout ce qu’il y aurait à tirer d’un cortège unique regroupant finalement toute une classe sociale désavantagée par le pouvoir macronien.
Pauvre Martinez, sa complaisance à l’égard du régime ne lui a pas permis d’être épargné par la furia policière. Son propre cortège a été gazé et chargé, cruauté suprême du pouvoir pour le syndicat CGT ! Martinez privé de tribune et obligé de quitter le cortège du Premier mai, du jamais vu depuis longtemps. La police gazant des permanents rompus aux négociations et champions des compromis, si c’est de l’initiative du nouveau préfet de police, le pouvoir vient de se tirer une balle dans le pied.
Qu’importe. La démonstration de rue d’aujourd’hui est probante dans sa signification largement partagée : le Parlement français doit être dissous et Macron doit procéder à de nouvelles élections ou se démettre.
Ne pas comprendre cela de la part du pouvoir, signifie l’impossibilité d’établir un consensus entre les citoyens sur des propositions soumises à discussion d’un avenir digne pour tous.
Même si ce sont de grands mots, ce n’est ni de la novlangue capitaliste, ni de la sovietlangue, mais le résultat visible de la Nation aujourd’hui dans la rue.
Si cette décision n’est pas prise et il y a de fortes chances pour que l’aveuglement égocentrique de l’Élysée soit hors de portée de le comprendre, les manifestations se poursuivront tout l’été, pourrissant par avance toute velléité de modifier en bien ou en mal, le mauvais équilibre actuel. Avec une tragédie toujours possible au détour d’une rue, d’un flic énervé, d’un manifestant qu’une circonstance fortuite transforme en émeutier et d’un carnage en fin de compte.
Qui dit que le drame de la station Charonne du métro parisien et qui fit huit morts et des blessés graves ne pourrait pas se reproduire ? Faut-il rappeler que ce furent des victimes des violences policières ? Nous étions en 1962, ces manifestants voulaient la paix en Algérie et critiquaient pacifiquement les débordements de l’OAS qui semaient la mort dans les Aurès !
Les gilets Jaunes au départ souhaitaient plus de considération, moins de taxes et un diesel à un prix abordable dans les campagnes où il n’existe que la voiture autonome pour se déplacer.
Voyez la politique stupide des gens de l’ENA, non seulement ils sont restés de marbre en décembre 2018, mais en plus ils ne voient pas dans quelle ornière les ont fait tomber leur aveuglement. Aujourd’hui, le prix à payer est hors de leur portée. Ils ont tellement cru que cela allait s’arranger dans l’indifférence générale que voilà tout le système menacé, l’économie capitaliste en première ligne, l’Europe, le gouvernement, le président de la République !
Ils ne vont quand même pas instaurer une nouvelle dictature ? Ne voient-ils pas que « dictature et raisonnable » sont des oxymores ?
Tous les amis des bêtes vous le diront. On ne peut pas indéfiniment battre un chien, sans qu’il ne finisse par mordre son maître. L’être humain, c’est pareil.
C’est la révolte de Spartacus.
Un Gilet Jaune interpellé par un des journalistes présent dans la manif eu cette réplique superbe et lourde de sens « Un monde qui n’a pas d’avenir, ça sert à quoi ? ».