L’Europe ampullaire.
Les sondages ont déjà voté pour nous. C’est entendu le pays restera divisé en deux rôles linguistiques. Ce sera plus compliqué que du temps où Charles Michel accueillait la N-VA au club des détenteurs du pouvoir, en déclarant ce parti démocrate-compatible… compliqué pour les habitants du domaine royal de Laeken, les bourgeois et les décervelés qui s’obstinent à vouloir fusionner Cro-Magnon et Neandertal.
De ce point de vue, les élections ne résoudront pas les quadratures de la Catalogne, de la Wallonie, de l’Écosse et de la Flandre. Au contraire, la Belgique ressemblera après le 26, plus encore à l’Empire Austro-hongrois de 1913, l’Espagne à sa guerre de 36 et l’Écosse au chardon dans la chaussure de Nigel Farage.
Je laisse au spéculateur Pascal Delwit le soin de gloser à l’infini sur la mécanique quantique de la politique belge, délaissant le garde-barrière pour m’intéresser au chef de gare : l’Europe.
C’est quand même ce grand machin dont on parle si peu qui est à la base de nos pirouettes sociales qui font des besogneux, des vieux, des malades et des chômeurs de l’Europe, un indicible consortium des malheurs dans un champ de ruines.
Et pendant que, comme dans les tragédies grecques, les pleureuses succombent au gaz lacrymogène, les états-majors politiques des différents pays se préparent à la suite, c’est-à-dire au partage des postes à la tête du Parlement européen et de la Commission.
Quand on pense à cette agence de placement qui offre des places à tout-va aux partis méritants et qui enjoint aux 27 de réaliser des économies sur les fonctionnaires et les indemnités sociales des petites gens, on se demande si l’Europe ne cultive pas l’hellébore pour l’infusé avant le départ, on l’espère définitif, de JC Juncker.
On a là un cas d’école. L’électeur, dès qu'il relâche son attention, le pouvoir lui devient hostile ! S’assotant d’économie mondialisée, nos mandataires se sont associés pour faire du citoyen européen une machine à produire ou un déchet !
À des encablures des réalités, l’Europe au rond-point Schumann, avant même la redistribution de ses sièges, combine des arrangements entre les supposés vainqueurs d’après les sondages !
Descendus aux nouvelles des cintres du théâtre, les Verts européens se disent prêts à négocier avec la droite libérale ! Les macronistes et les nationalistes – dont les Flamands américanolâtres – sont fous de biseness et sourds aux élucubrations du réchauffement et d’autres bêtises ! C’est dire si le glyphosate a encore de belles années devant lui.
La suite prête à rire. Les sociaux-démocrates y voient le moyen de prolonger leur présence sur la feuille de paie européenne. Le premier ministre (PS) du Portugal annonce son soutien au mouvement « Renaissance » de Macron avec les libéraux d’ALDE et du postillonnant Guy Verhofstadt, Belge pur jus, l’étonnant Matéo Renzi, l’Italien qui a liquidé la « gauche » comme on finit un plat de spaghetti, mais surtout le « Spitzenkandidat », comme dit Mélenchon, de la social-démocratie, le social-ultra-libéral hollandais Frantz Timmermans !
L’électeur wallon, souscripteur involontaire à cette farce, pourra-t-il voter en connaissance de cause ? Y a-t-il seulement quelqu’un capable d’expliquer son vote !
Les socialistes européens dont les Belges de Di Rupo ne voulaient pas Juncker comme président de la Commission. Élus, les députés socialistes se renièrent et votèrent pour Juncker avec la droite, pour avoir leur part dans les postes de Commissaire.
Qui se souvient des pourparlers entre Kris Peeters du CD&V et du MR des Michel, pour le poste de premier ministre ? Le compromis qui s’en suivit, permit à Marianne Thyssen, de devenir commissaire chargée de l'emploi et des affaires sociales à l’Europe. Didier Reynders, malade de n’être plus rien dans son parti et désireux déjà de foutre le camp, postulait le commissariat que Thyssen emporta. C’était déjà son dernier moyen de se faire des pépètes sans se fatiguer. Ce l’est encore pour le secrétariat du Conseil de l’Europe où il est candidat.
On dit que l’électeur honnête qui vote à droite, le fait parce qu’il n’a pas de mémoire. C’est vrai. Encore faudrait-il que le PS qui devrait être le palier suivant avant de vraiment voter à gauche, soit différent du MR !