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Un problème nommé Castaner.

Il circule une foison d’images montrant la manifestation du Premier mai à Paris. Toutes sont absolument bouleversantes d’un Etat en train de basculer dans des brutalités policières.
Cisailler une manifestation autorisée et piéger des Gilets Jaunes dans une rue bloquée par la police des deux côtés, est une manœuvre qu’un pays totalitaire ne désavouerait pas.
On comprend, dès lors, la panique d’une trentaine de manifestants coursés par la police et venus se réfugier dans un hôpital. La déformation sciemment voulue du ministre Castaner de cet épisode en un « envahissement brutal d’émeutiers dans l’intention de dévaster un hôpital » est proprement scandaleuse et digne d’un voyou déguisé en ministre.
Les gendarmes ont-ils des mots d’ordre signifiant qu’il faut faire peur aux gens pour qu’ils ne manifestent plus ou s’agit-il d’un excès de zèle d’une unité de CRS, vu le stress accumulé et la fatigue générale ?
Quelles que soient les raisons, le ministère de l’intérieur est forcément au courant des tactiques induisant des brutalités gratuites et des brimades de sa police. Son manque de réaction, mieux les félicitations adressées par Castaner aux policiers, tendraient à prouver que c’est une tactique délibérée, voulue aux plus hauts échelons de l’État.
Sauf qu’il échappe un petit détail aux autorités. Cette façon de faire n’entre pas dans des rapports « normaux » entre les populations et la police d’une démocratie, mais sont les faits et les manières d’une dictature !
Ces provocations ne peuvent conduire qu’à deux effets, certes différents, mais aussi dangereux l’un que l’autre. Le Gilet Jaune agressé dans son droit de manifester rentre chez lui et ne manifeste plus ; mais il n’en pense pas moins. Il accumule de la rancœur. De là devenir un citoyen hostile à l’État, il n’y a qu’un pas. Cette hostilité, elle ne sera pas de quinze jours, mais durera probablement toute une vie avec les conséquences tragiques que cela suppose si cette mutation de sens est produite à des centaines de milliers d’exemplaires.
Le deuxième effet trouble ce grands pays de tradition démocratique. Bientôt, il ne restera plus à la majorité qu’à truquer les urnes pour se maintenir au pouvoir. Être bousculé ou giflé sans raison peut provoquer chez le manifestant une autre réaction : une réplique immédiate ! C’est la rébellion qui peut conduire d’honnêtes gens dans l’impasse de la justice, condamnation imméritée puisque provoquée par la police, casier judiciaire, etc.
Vue sous cet angle, la situation est tout autre et conduit à l’aggravation des tensions et à des affrontements musclés dans les mois à venir, d’où peut naître une rage intérieure et le désir de se venger, d’en chercher l’occasion et de passer à l’acte.

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Il est toujours mauvais pour tout système de laisser à la police le soin de faire justice sur place, tout aussi exécrable de lui tresser des couronnes de laurier pour célébrer sa brutalité et encore plus mauvais d’augmenter les salaires et les effectifs au même moment.
Qui aurait pu deviner il y a seulement six mois que les dirigeants de la France sous la présidence de Macron allaient perdre la réputation de leur pays ?
Commettre d’inacceptables violences sur les manifestants non menaçants n'est pas anodin. Il faudra des années de pacification et de justice sociale pour gommer cette histoire tragique de la France en lambeaux.
C’est ce que constate Christian Ghasarian, professeur d’ethnologie à l’Université de Neuchâtel et chercheur associé au LAIOS (CNRS) « Quelque chose de grave se passe aujourd’hui dans la gestion des manifestations des Gilets jaunes par les forces de l’ordre. On s’y habitue peu à peu, même si cela vaut à la France d’être montrée du doigt et réprouvée par d’importantes instances internationales. Ce qui se joue depuis des mois pose la question du statut et du rôle des uns et des autres dans une démocratie. Cette question mérite qu’on y revienne. Le statut des CRS et de la BAC leur donne un pouvoir légitime d’action et d’interpellation face à des manifestants. Ils peuvent aussi légalement gazer, tirer, frapper avec des matraques, immobiliser et menotter une personne en la maintenant sans ménagement face contre terre avec un pied sur son dos, etc. En face, les manifestants peuvent quant à eux défiler, crier ou chanter des slogans critiques pour témoigner de leur mécontentement ou encore essayer de forcer un barrage, mais leur marge d’action reste réduite et confinée. Nos institutions mais aussi notre histoire le veut et cela ne se discute pas. »
Et de fait se pose la légitimité à la suite des désordres provoqués davantage par les moyens de répression mal utilisés, et elle est uniquement du côté des forces de l’ordre, ce qu’Alain Duhamel appelle « la violence légitime » avec un petit gloussement de satisfaction qui lui monte du fond des tripes.
Face à des Gilets Jaunes défilant paisiblement, est-il nécessaire de tirer avec des fusils LBD40, des balles de défense au visage ou sur d’autres parties du corps interdites, quand ces derniers sont à faible distance? Est-il nécessaire de gazer des gens au visage, et même certains infirmes sur des fauteuils roulants ? Est-il nécessaire que plusieurs policiers frappent des gens gisant à terre et hors d’état de répliquer ? Est-il nécessaire de molester des personnes âgées, fragiles et inoffensives, parce qu’elles portent un gilet jaune ? Est-il nécessaire de tirer par les cheveux des manifestantes à terre, pour les menotter derrière les rangs de la police ? La liste est longue de tous ces faits qui resteront impunis, tout au contraire célébrés par un ministre de l’intérieur qui devient du coup plus un chef de gang, qu’un citoyen respectable.
Si j’étais Français, j’aurais honte de l’être, jusqu’à ce que ces ennemis au pouvoir, préfet, ministre de l’intérieur, premier ministre et président de la République disparaissent du champ politique et aillent au diable !

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