Emploi et déconfiture…
Les élections de mai ont vu l’amorce de la disparition d’un des partis fondateurs de la Belgique. Il s’évapore un peu de la même manière que le PS et Les Républicains en France. Il s’agit du CDH.
Les électeurs ne le trouvent plus attractifs. Il faut dire aussi que la religion ne fait plus recette et malgré la tentative de Joëlle Milquet de faire du parti des curés un parti humaniste, ce parti s’effondre de la même manière que les églises se dégarnissent de leurs ouailles.
Y a-t-il un rapport entre l’esprit religieux qui s’évapore et le CDH qui perd un paquet de voix tous les quatre ans ?
L’ancienne bourgeoisie ne va plus à la messe, elle a trouvé dans le MR le conservatisme qu’il lui fallait. Une ligne conservatrice bien carrée et prête à tout pour défendre ses intérêts semble lui convenir bien mieux que ce que les survivants de l’après Lutgen lui offrait.
Les démocrates humanistes ayant perdu près d'un tiers de leurs voix et environ 1,7 million d'euros de dotation, les élus et le personnel n’auront pas la chance de Madame Marie-Dominique Simonet recasée chez Ethias en remplacement de feu Jean-Pierre Grafé, grâce au coup de pouce de Maxime Prévot.
Ah ! ces jobs inespérés remplissent toujours les gamelles des insubmersibles de nos démocraties barrées par nos plaisanciers. M-D Simonet y sera assurée d’au moins vingt ans de jetons de présence à l’image de JP Grafé, salarié à vie.
Une trentaine de collaborateurs, que ce soit au parti ou dans les groupes politiques, devront faire leur bagage. Ce sont les petits, les obscurs, les sans grades. C’est la dure loi de la lutte des classes. Même scénario au sein des partis MR et PS.
Comme à la guerre, le maître, c’est celui qui tient la kalachnikov, à vrai dire, on ne sait pas au juste qui commande à quoi et à qui dans les structures des partis Vivaldi (présents aux quatre saisons).
En général, le chef du personnel, c’est le plus capé. On a vu au MR, comme Chastel a passé la présidence à Charles Michel, sans vote, sans réunion et sans assemblée générale. Il est clair que même président du parti, le petit pharmacien de Charleroi n’avait pas un pet de cane à dire.
La suite chez les conservateurs est loin d’être simple. Si l’hyper doté Reynders n’est pas casé à l’Europe et si Charles Michel y rate aussi son jour de gloire, c’est Miller et Chastel qui iront expliquer aux pieds nickelés du libéralisme militant comment on s’inscrit à l’ONEM. Dans cette boutique du prêt à porter, à la griffe « Alexis de Tocqueville », même le rougeaud Ducarme n’est pas sûr de rester derrière le comptoir, à compter les rouleaux de serge. La perte s'élève à 1,8 million d'euros, se chagrine Loulou. Bien entendu, il n’est pas raisonnable de penser que ceux qui s’y sont goinfrés depuis vingt ans mettent la main à la poche.
Le président étant occupé ailleurs, Chastel à l’Europe, les libéraux ne donnent pas de précision sur le nombre de collaborateurs qui seront touchés et comment les huiles vont s’arranger pour garder intacte leur bifteck.
Blackout aussi au PS, rien n’a filtré, pourtant il faudra faire avec moins de ploucs, convaincus que le socialisme même est la quintessence du progrès made in Mons, sauf qu’étant aux affaires, les nouveaux ministres auront à cœur de sauver ce qui peut l’être des bureaux.
Mine de rien, en Flandre ça saigne aussi, la N-VA perd 17 parlementaires et 2,5 millions de dotation. On ne peut pas dire que le gouvernement Michel a servi la bourgeoisie flamande, malgré son zèle et son amitié pour De Wever. Là aussi, comme au PS, certains collaborateurs seront affectés aux nouveaux parlementaires, les autres devront partir. Au moins à la N-VA une grande partie du personnel en surnombre est déjà au courant. Idem pour le CD&V.
Heureusement qu’avec ses cinq gouvernements, ses provinces et son personnel communal la Belgique offre pas mal d’emplois pour les personnels qui n’ont pas pu, faute d’un agenda fourni, de relations ou de dossiers, gravir les échelons et atteindre une position qui met à l’abri de la lutte des classes en interne.
C’est égal, quand on s’engage en politique au point d’être salarié d’un parti, il faut d’abord faire ressortir son militantisme et son amour des chefs. Une fois dégommé, l’enthousiasme fait place au dépit et à la méchante humeur. Les chefs fabriquent ainsi lors des déconfitures, des ennemis intimes qu’ils traîneront leur vie durant, d’élection en élection.