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La Belgique aux urgences.

Cette législature est la charnière entre le monde d’hier et celui que l’on va découvrir, dont personne n'a vraiment idée.
Bien sûr que les duettistes Vande Lanotte et Reynders poursuivront la mission du roi encore quelques temps. Puis il y aura un formateur qui sera nommé en fonction des humeurs flamingantes et du reclassement des idoles en partance vers de plus gros salaires.
Ce sera un deuxième round, peut-être y en aura-t-il un troisième… en attendant, un regard suffit sur la société contemporaine, pour être saisi d’effroi.
À l’aune du pognon capitaliste, l’altruisme et la solidarité ont fichu le camp. Les gens sont devenus des machines à sous, avides et sans culture. Dédé Ducarme est content, il voit l’Homme à son image.
Les partis libéraux, PS, MR et CDH, trois faces du principe qui établit l’initiative privée supérieure à l’initiative publique, persistent dans un déni social qu’ils n’expliquent pas. Écolo est un parti coupé en deux, les dirigeants sont proches des libéraux et une partie de la base, du PTB.
Ce sera sans doute la dernière fois que le PS aura le privilège de former un gouvernement régional. Sa chute suivrait celle du PS français. Il ne se relèvera qu’avec la confiance retrouvée de son ancien électorat, dans très longtemps, peut-être même jamais.
On l’explique par la disparition de sa base sociale. Pas qu’elle vote ailleurs, elle n’existe plus. Une grosse partie s’est enfoncée dans la misère et vote PTB, le reste, la classe moyenne urbaine ne voit pas la différence entre le MR et le PS et vote alternativement pour les deux si pas les trois avec écolo. Le CDH est tombé dans un bain décapant, il se dilue. C’est Lutgen qui a versé le bidon d’acide chlorhydrique.
La classe moyenne, objet de fierté du PS, fut longtemps triomphante dans les Trente glorieuses. Le PS se dopait à l’amphétamine de la social-démocratie, jetant aux orties son histoire et ses affinités communisantes. Il changeait de look dans la griserie de l’instant.
Aujourd’hui, la classe moyenne se volatilise. Ce qu’il en reste a peur du déclassement pour ses enfants. Elle a sombré dans le zapping consumériste. Les assemblées du PS dans lesquelles elle était rayonnante mêlaient harmonieusement ouvriers et ingénieurs, petits commerçants et fonctionnaires, dans les coulisses, en extras bénévoles les mutuellistes et les syndicalistes socialistes s’affairaient à monter et descendre les rideaux de la comédie du bonheur, afin que la fête soit réussie. Pour le PS, il n’y aura bientôt plus de Premier mai !
L’erreur de MM Di Rupo et Magnette est de persévérer dans le rêve d’un monde disparu, d’où subsistent encore les classes moyennes supérieures. Les notables politiques y côtoient les professions libérales et les propriétaires. Certaines de ces strates sociales entre les années 50 et 80 ont été sincèrement socialistes, d’autres se sont crues obligées de le paraître, parce que tirant leur subsistance des recommandations du parti. Ces dernières, les moins sincères, seront paradoxalement les plus fidèles.

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Ce ne sont pas les avertissements d’intellectuels le plus souvent de nationalité française mais qu’importe, qui ont manqué. Les Pinçon-Charlot, Mélenchon, Belinda Canonne, Michel Onfray, Cynthia Fleury, et combien d’autres, tous et toutes contemporain(e)s ont fait défaut à la réflexion de ces messieurs du PS. Ils préféraient des penseurs et des économistes libéraux : Frank Dedieu, Gaspard Koenig, Agnès Verdier-Moliné, Elie Cohen, etc.
On touche ici à la cause profonde de l’isolement progressif du PS !
La conscience collective du grand nombre s’éveille à mesure que la baisse d’effectifs du PS s’accélère. Non pas que l’extrême gauche siphonne le PS, non, on voit bien comment cette classe moyenne socialisante se dilue dans quoi et pourquoi. Une conscience de classe se forme dans la jeunesse avec de nouveaux protagonistes. Il reviendra à cette jeunesse de faire la révolution citoyenne. Le PS n’en sera pas.
L’épuisement des modèles de la vieille gauche en atteste, le PS a tout misé sur la social-démocratie européenne, et celle-ci s’effondre ! Il a perdu.
MM. Di Rupo et Magnette le vivent comme un incident de parcours. Je crois que leur analyse est fausse. Ce monde là est mort.
La venue d’une conscience écologique chez les citoyens est un élément perturbateur supplémentaire aux élucubrations des libéraux. Ducarme aura beau beugler que le libéralisme économique est seul à pouvoir relever le défi écologiste, les gens savent que c’est faux ! C’est même le contraire, la croissance moteur indispensable n’est pas compatible avec une gestion écologiste de l’économie.
L’écologie politique ramène aux fondamentaux.
« Il y a des biens communs, un seul écosystème compatible avec la vie de notre espèce, et ils sont menacés. La thèse sociale-démocrate est donc morte à jamais, car elle suppose une correction progressive des inégalités par une répartition inégalitaire des produits de la croissance – le développement serait infini alors que la ressource est finie. Quant au communisme d’État, il fonctionne lui aussi sur une illusion productiviste, aggravée du fait qu’il est incapable de s’auto corriger parce qu’il n’y a pas de démocratie. Donc il fallait reformuler un corpus théorique cohérent : identifier l’acteur de l’histoire, ses méthodes d’action, le programme capable de le fédérer et la place particulière de la démocratie et de la conflictualité pour renverser le vieux monde et faire vivre le nouveau. » (L’entre guillemets est un extrait d’une interview de Jean-Luc Mélenchon, texte fondamental de la nouvelle manière de vivre à gauche.

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