Johan et Pirlouit Reynders.
Contagion du Tour de France, les préposés de juillet aux petits potins et faits divers des gazettes se sont mis à parler de MM Reynders et Vande Lanotte en termes de critérium, celui d’un circuit autour de villages frontaliers flamands et wallons.
C’est ainsi qu’un può trasportare (porteur de bidons) du Soir titrait « Formation fédérale : une grande réunion attendue dimanche. » On imaginait Philippe, en maillot moulant XBionic, disputer les sprints avec Didier et Johan sur vélos Merckx, place Royale. Un orphéon à l’étendard du Lion des Flandres, aurait fait croire, à coups de bombardon, que la foule était nombreuse.
Parade à l’ancienne des foires publiques, les informateurs royaux, Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a) donnent tout ce dimanche, pour attirer le plus de chefs de partis possibles.
Il paraît que cela devient on ne peut plus sérieux. Les notables politiques ont reçu une circulaire des hautes instances. Ils doivent se tenir prêts.
La mobilisation s’arrête aux écolos. Le Vlaams et le PTB peuvent aller à la pêche ce week-end. C’est comme s’ils n’existaient pas. Cette absence de porte-parole d’une grosse part des électeurs semble être la pierre d’achoppement sur laquelle va trébucher la fine fleur du royaume. Des hauteurs de Laeken, Philippe pourrait contempler un nouvel Azincourt. La fleur de la chevalerie libérale défaite par des archers inconnus. Des stratèges intelligents parieraient la chose inévitable.
Réputé fainéant selon ses amis MR de Bruxelles, Didier Reynders sentant sa dernière chance venir, a mis deux semaines pour peaufiner une note avec Johan.
En français, on y lit que le social sera la base d’un futur gouvernement. La traduction flamande révèle, sans le citer vraiment, qu’un confédéralisme bien compris ne peut être qu’une source de progrès. Le roi a tenu personnellement à saluer le traducteur.
Johan et Pirlouit entrent dans la phase de "préformation" du gouvernement fédéral. C’est ici que l’on revient au critérium d’après Tour : la formation des équipes !
Très actifs déjà dès le 1er juillet, nos deux plénipotentiaires royaux avaient indiqué qu'ils soumettraient leurs travaux aux différents partis. Leur objectif était de sonder la volonté politique des uns et des autres de s'engager dans une négociation gouvernementale.
Un reporter sportif revenu exprès de la grande boucle explique : le PS et la N-VA montés à la balustrade font quasiment du surplace et s’observent. Di Rupo n’en est plus à 52x12, soit 52 dents au plateau et 12 pignons sur la cassette ; mais il bluffe. De Wever pense que son concurrent n’a plus les jambes. La selle Prologo Zero qui équipe le vélo de di Rupo pourrait être son atout caché. Elle lui épargne une douleur aux sphincters, par un creux bien venu séparant les deux hémisphères. Le bien-être ressenti pourrait ramener le campionissimo dans la course.
Les paris sont ouverts.
Les journaux, à défaut des lecteurs qui s’en contrefichent, se sont tournés vers le PS et la N-VA, les deux premières formations de chaque communauté linguistique, sans lesquelles la Belgique se réduirait à la friterie de la rue des Brasseurs à Bruxelles.
Un premier rendez-vous n’a pas eu lieu pour des raisons peu claires. L’Anversois était à la piscine et le Montois à l’entraînement.
Lundi matin, les socialistes francophones tiendront leur bureau politique. On se doute bien que leur champion devra au moins passer un dimanche studieux avec Johan et Pirlouit.
L'Open Vld a fait savoir la semaine passée, qu'il ne voulait pas gouverner avec les écologistes.
Il se pourrait que ce dimanche soit décisif dans le sens d’un non-accord possible.
Avec la fin du Tour, le grand public se demande avec quoi il va tuer le temps avant la reprise de « C’est pas tous les jours dimanche ». À Liège, on organise un grand concours de pétanque au centre ville. Comme tout est bétonné, il est question de faire venir quelques tonnes de la bonne glaise des Ardennes. Benoît Lutgen a aussitôt interdit des terrassements à Bastogne.