Tout va bien !
C’était le 26 mai. Plus personne ne sait ce qui s’est passé ce jour là. Est-on certain que ce jour a réellement existé ?
Les journaux appelaient la semaine du 26 cruciale pour la politique !
Les informateurs fédéraux, Didier Reynders et Johan Vande Lanotte, ont fait rapport au roi des conséquences de ce non-événement.
Rien n’a filtré. Comme il ne s’est rien passé, on ignore ce qu’ils ont dit, mais ce ne devait pas être grand-chose. Un peu comme s’ils avaient soumis au roi la proposition d’un nom d’une exoplanète récemment découverte.
Le scénario du trou noir, s’est programmé tout seul.
– Jean-Claude Luminet eût souhaité qu’on l’appelât Léopold IV, sire !
On discute un peu sur les bords. Petit à petit on est attiré par la gravité du moment. On tombe dedans et on ne revoit jamais l’imprudent qui disparaît dans l’indifférence générale.
C’est une étrange démocratie. Nos cerveaux sont gravement atteints par les conneries de la société de consommation. Les électeurs ont élu des types dont la seule préoccupation est de mesurer leur politique à deux critères : les traités européens d’inspiration libérale mondialisée, et les détenteurs des capitaux, décideurs politico-économiques indépassables.
C’en est au point que les électeurs croient que le monde de la finance, de par ses cerveaux surdimensionnés et ses petites menottes aux ongles roses d’une habileté monstrueuses, pense et fabrique tout. Si bien que les vrais créateurs des richesses, c’est-à-dire nous, nous nous prenons pour des copieuses 3 D interchangeables, sans avenir sinon pour la casse.
L’Haut-Lieu a trouvé une remplaçante à JC Juncker, Ursula von der Leyen, mais ce ne sera pas avant octobre. Là aussi on a trois mois et demi pour donner des noms à des planètes.
Comment voulez-vous que sans chef ni commissaires, MM. De la basoche Reynders et Vande Lanotte libèrent le roi de la corvée de les recevoir, pour faire semblant de faire quelque chose ?
Quand l’électeur s’apercevra de l’irresponsabilité de ses deux mandatés, cela pourrait faire du vilain. S’en apercevra-t-on ? La Belgique a cette réputation : on ne s’aperçoit des choses que lorsqu’il est trop tard. Alors, à quoi bon s’en apercevoir ? C’est sans doute ce que les Informateurs ont dit au roi : aucune politique n’est possible en-dehors de celle que l’on déplore depuis au moins vingt ans !
Question : à quoi ont servi des élections ?
Les informateurs royaux qui avaient la mission d’identifier les défis à relever par notre pays, et les conditions en vue de former un gouvernement fédéral, ne trouveront jamais des politiques capables de former un gouvernement.
Les défis sont différents entre le peuple et ses représentants. Ceux du peuple sont incompatibles.
En un mois de mission, les informateurs ont rencontré les différents partis, à l'exception du Vlaams Belang et du PTB, pourtant vainqueurs du scrutin. La raison est simple, l’un défend des thèses nationalistes et ségrégationnistes et l’autre parie sur l’hypothèse d’un renversement du libéralisme.
Le libéralisme mauvais perdant préfère entraîner le monde à sa perte, plutôt reconnaître que dans une nature finie, on ne peut produire à l’infini.
Quant au nationalisme, c’est le retour au XVme siècle, avec ses guildes, ses drapeaux et ses donjons, quand on savait à peine que le monde existait en-dehors des murailles de la ville. Ce n’est pas une raison de se mettre la tête dans le sable pour ignorer leur existence.
Le roi, vacances gâchées, a donc lancé la deuxième mission de nos artistes. Ils devraient mener des entretiens bilatéraux approfondis avec les partis utiles à la formation d'un gouvernement fédéral. Réponse ? On ne sait pas. Ce n’est pas pressé.
En somme, on leur demande de trouver les solutions du problème belge, alors que les cinq gouvernements, les Provinces et les notables n’y sont pas parvenus ! "Nous ne cherchons pas une majorité des deux tiers", ont dit sans rire MM. Reynders et Vande Lanotte.
C’est une histoire drôle… On devrait rire plus souvent ! C'est le seul pouvoir qui nous reste : se foutre de leurs gueules tant que nous le pouvons. Parce que, tôt ou tard, ils se souviendront que nous nous sommes moqués d'eux. Et ce sera moins drôle !