Charles, l'Homme orchestre !
“On n’est jamais si bien servi que par soi-même” cette formule semble décidément convenir à Donald Trump. Selon une information du Washington Post, le président des États-Unis aurait pour projet de faire le sommet du G7 en 2020 au Trump National Doral, un hôtel situé à Miami, disposant d’un parcours de golf.
Fort de cette idée américaine qui séduit la Belgique libérale, Charles Michel est tenté de s’initier au golf afin de défier Trump sur un green à Miami-Beach, lors du G7 : problème l’emploi du temps d’un homme orchestre !
Pendant ces heures de gloire de premier ministre, le déficit structurel de l'entité I (État fédéral et Sécurité sociale) s'est alourdi de 3,8 milliards d'euros en 2019, selon le dernier rapport du comité de monitoring ('Het Laatste Nieuws', 'L'Echo' et LN24.) Ce qui fait du gouvernement démissionnaire un des plus mauvais gestionnaires de ces 20 dernières années.
Qu’à cela ne tienne, à défaut d’être adulé des foules, celui que le MR vénère est au sommet de sa popularité au sein de son parti, à tel point, que plus on découvre les conneries que lui et ses ministres ont faites, plus on l’adore.
Rien n’y fait : perte des voix de ses électeurs, perte d’influence, sacrifice des francophones à la mégalomanie flamande, déficits record, même Didier Reynders a finalement décidé de se rallier à la personnalité charismatique hors norme de Charles.
On ne sait encore comment on va vanter la camelote pour vendre du libéral aux foules impatientes, ce sera pour plus tard début de l’année prochaine, si Charles qui se tâte pour savoir s’il ne va pas cumuler présidence du MR et présidence de l’Europe est enfin décidé à lâcher la grappe et mettre à sa place un homme de main sûr.
Mais qu’y mettre de confiance ? Papa Louis y pense. Chastel est un fidèle et dévoué second, mais c’est un second, il n’a pas d’envergure.
Didier Reynders ? L’ennemi de toujours s’est beaucoup assagi ces derniers temps, le ratage de sa candidature à l’Europe alors que son chef y a fait un carton, l’a abasourdi, détruit. Cela lui a limé les dents. Il ne sait plus mordre, même avec une nouvelle prothèse. Il est éteint !
Louis a fait remarquer à Charles que le remettre en selle, pourrait le ranimer. Il a donné l’exemple des punaises de lit qui peuvent rester deux ans sans voir personne et qui se réveillent et se revigorent à la minute que le lit est réoccupé.
En attendant, sans culture et sans diplôme universitaire comme l’a rappelé Carine Gol, la veuve de Jean, Louis Michel montre toujours autant d’appétit pour le beau pognon. À défaut d’intelligence (Jean Gol voulait le virer), il est malin. Il a repris au vol l’idée d’Alexander De Croo (OpenVld), selon laquelle ce serait la N-VA qui, en quittant le gouvernement Michel en décembre 2018, a rendu impossible l'adoption du budget. Le voilà le responsable du dérapage, le grand ami de Charles n’en était pas un ! Louis Michel oublie, ce faisant, qu’on pourrait penser que son enfant chéri a manqué de jugement en offrant son amitié inconditionnelle à un calculateur qui s’en est servi, pour mieux détruire la Belgique le coup après.
Louis aurait-il lancé son offensive à tout hasard ? Toujours d’après Carine Gol, Jean s’en méfiait. Son fils quasiment adoptif, c’était Reynders, avocat comme lui. Mais Louis a toujours eu la baraka. Parfois il agit sans réflexion et ça passe. Il ne faut pas qu’il réfléchisse trop. Si Jean Gol avait vécu, il est possible que Louis aurait tenté une carrière au PS.
L'ex-ministre des Finances N-VA Johan Van Overtveldt, devenu député européen, a renvoyé la patate chaude à De Croo et Louis Michel. Pour lui, la N-VA a quitté le gouvernement par la faute des partis CD&V, MR et OpenVld, ce dérapage budgétaire est de leur responsabilité.
Comment expliquer la chose ? Il n’y a rien à expliquer. En Flandre, quand la N-VA dit que « c’est pas moi, c’est l’autre », sous-entendu que l’autre est un fransquillon déguisé, il a d’emblée 50 % de la population qui la suit, le restant vient ensuite par l’effet de gravitation.
Les échecs ne semblent pas perturber Charles Michel, au contraire. Le gouvernement en affaires courantes est en principe dans l'incapacité de réagir. Le projet de budget 2019 a été remisé et aucun contrôle budgétaire n'a eu lieu. L'État fonctionne actuellement avec des douzièmes provisoires votés tous les trimestres par le parlement. À la mi-octobre, la Belgique doit remettre à l'Europe une épure de budget qui doit, en principe, s'inscrire dans le cadre d'un programme de stabilité. On ne fera rien. Le gouvernement provisoire touche son fric à la fin du mois, pour le reste, basta. Quand Charles sera en fonction à l’UE restera-t-il aussi premier ministre ? Cela ne se peut évidemment, l’État n’est pas le MR. Donc il faudra nommer un premier ministre, un suppléant d’intérimaire, du jamais vu ! À ce stade, Reynders a toutes les chances.
On pourrait tout aussi bien, tirer au sort parmi les citoyens. Au moins, le gagnant ne serait pas issu d’un complot des élites. Si c’est un chômeur, cela lui ferait du bien de se faire autour des vingt tickets par mois (avec les frais de fonction).
Pour le reste, le MR se nourrit d’évidences. Les recettes fiscales sont en retrait, en raison de la moindre croissance économique. Première évidence. Les dépenses sociales augmentent en conséquence du vieillissement de la population. Deuxième évidence.
Ah ! comme nos élites ont raison de s’accrocher au régime libéral si généreux pour eux, parce qu’avec un bilan pareil, dans un régime fort, parole, ils étaient fusillés !