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L’école rêvée et mal vécue.

Encore un mensonge de plus à dénoncer lorsqu’il fut déclaré à grands coups de trompette que chaque étudiant au sortir des humanités avait une place à l’université dans la branche de son choix.
Tout le personnel politique s’en est félicité et s’en félicite encore dans la négation complète de la réalité qui sera dévoilée en septembre, lorsqu’un certain nombre de lycéens se retrouveront sur le carreau dans l’impossibilité de faire les études qu’ils souhaitent.
C’est déjà réglé en ce qui concerne la médecine et ses dérivés, pharmacie, dentisterie et médecine vétérinaire, les médecins surtout, les autres c’est plus confus, c’est la course à l’échalote. Maggie De Block (Open Vld), ministre de la Santé publique, poursuit sa politique de quotas en faisant la guerre depuis longtemps contre les universités francophones qui font trop de médecins. Pourtant, elle devrait quand même savoir qu’elle est ministre par intérim en attendant mieux (enfin on l’espère).
Cet échec de donner aux lycéens le choix de leur discipline est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît. C’est en réalité la fin de la promotion par le mérite et la liberté de choix, autrement dit la fin d’une imposture libérale qui disait en clair « étudiez, élevez-vous socialement par le diplôme, vous serez intégré à la nouvelle société et bien rémunéré par elle. »
Déjà que vu ainsi, la promotion sociale était surtout réservée aux disciplines générant du cash dans le privé, laissant de côté des diplômes de lettres et de philosophie, tenant pour rien des historiens de l’art notamment et contraignant une grande partie des étudiants d’entrer dans le professorat ou finir aide comptable dans une fabrique de savon, voilà que tout le bazar fait autour de la nouvelle société vient d’avoir son échec archi prouvé par une plateforme française d’accès à l’enseignement supérieur Parcoursup, selon laquelle plus de 60.000 candidats sont encore sans proposition pour la rentrée et ne trouveront vraisemblablement pas une place dans la discipline qu’ils souhaitent.
Certains de ces malheureux refoulés de partout tenteront leur chance dans des universités belges ce qui augure d’une difficulté supplémentaire pour tout le monde.
C’est bien le drame de l’enseignement supérieur incapable d’accueillir celles et ceux qui le souhaitent. Voilà qui fera des parties de catch entre pistonnés, des passe-droits habituels et des impétrants dont le père fut ministre ou encore protégés d’une vieille marquise donatrice d’un fonds de prestige.
Et encore, la ministre française ne compte pas en plus des 60.000, 115.000 candidats en reprise d'études qui sont accompagnés "spécifiquement en lien avec le ministère du travail".
Pourquoi toujours reprendre des statistiques et des projections françaises plutôt que belges ? C’est qu’il n’existe aucun chiffre, sinon des approximations de comptables dont il faut bien se contenter, la Belgique étant dans ce domaine, comme dans d’autres, d’une grande sérénité grâce à l’opacité volontaire dont elle agrémente ses professions libérales.
Pour revenir à Parcoursup, malgré les grands progrès (ce sont eux qui le disent), on a toujours en juillet des milliers d'étudiants qui n'ont pas de réponse.

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Le problème de fond reste le même en France qu’en Belgique : "le manque de places dans l'enseignement supérieur". C’est-à-dire que les pouvoirs connaissent le délabrement des matériels et bâtiment pour les études supérieures et ne font rien depuis, mettons trente ans, pour ne pas remonter trop loin. Sauf que, d’année en année, l’urgence devient extrême et qu’il est possible qu’un jour des étudiants meurent sous les décombres de leur amphi.
Et on ne parle pas du sort des enseignants, à l’exception de quelques pointures de prestige qu’on paie à prix d’or, qui ont un deuxième job, quand ils ne sont pas parlementaires.
Ce qui fait râler les autorités tient aussi dans les vocations. Elles ne correspondent pas à ce que le patronat souhaite qu’elles soient. Encore heureux que ceux qui ont une place à l’université l’ait au moins de par leur choix. Malheureusement, ceux qui sont en attente depuis trop longtemps finissent par accepter ce qui leur sont proposés par peur de ne rien avoir. C’est ça la mentalité de la fabrique de savonnette, produire aussi des cerveaux dont on a besoin. On se doute que les grands penseurs de l’industrie n’en ont rien à foutre des disciplines qui élèvent l’Homme mais abaisse la rentabilité.
Voyez les universités américaines, elles travaillent déjà au fric. Un étudiant friqué peut aller vers n’importe quoi et rester dix ans s’il le veut à tripler dans la discipline qu’il veut. S’il est aussi un bon joueur de basket, il sortira de Harvard comme tout le monde. Un étudiant pauvre aura besoin de faire un prêt, une énorme somme d’argent qu’il devra rembourser certains pendant vingt ans. Il peut toujours se brosser pour entrer à Berkeley. Il finira dans une université dont personne n’a entendu parler. Son diplôme ne lui assurera pas du travail dans le choix qu’il a fait. Certains servent toute leur vie du coca-cola dans un drugstore !
Moralité, Trump peut se féliciter que les boys qui ont des diplômes sont des fils de riches, ce qui prouve que l’Amérique récompense ceux qui bossent.
Vous ne trouvez pas que Maggie De Block a une certaine ressemblance avec Donal Trump ? Il ne lui manque que la mèche orange pour faire « parent proche ».

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