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Sacré Maximilien (1) !

À toutes les époques, de la Haute Antiquité au monde moderne, tous les systèmes économiques ont été soumis à la nécessité de concilier commerce et satisfaction des besoins alimentaires des populations.
Presque toutes les révolutions qui n’étaient pas de palais avaient comme origine, en tout ou en partie, l’absolue nécessité de faire au moins un repas par jour.
Il ne faut pas chercher plus avant les origines de la Révolution française de 89. La spéculation sur les grains en fut la cause.
Même aux temps présents et quoique la faim proprement dite ait reculé dans nos sociétés occidentales, l’incompatibilité entre libéralisme et satisfaction des masses est et demeure le problème majeur du capitalisme. Bien sûr la complexité s’est accrue sur le ressenti de l’état de frustration, on peut très bien manger à sa faim et se trouver dans la nécessité de réclamer un changement de régime économique, tant cet absolu besoin de manger est aujourd’hui accompagné de l’absolu besoin de se loger et de se vêtir, de façon généralisée. La comparaison rendue possible par les magazines de mode et d’espaces habités, dans ce domaine, est un puissant vecteur de frustrations et donc de contestations.
Tout ce qui précède était en germes dans la pensée du grand révolutionnaire que fut Robespierre, 75 ans avant la publication du « Capital » de Marx en 1867. Il n’avait pas l’éclairage qu’eurent Marx et Engels, l’un pour faire naître et l’autre pour poursuivre une découpe au scalpel du monde libéral jusqu’en 1895, de cette société industrielle en plein essor qui allait mettre à bas la société rurale.
C’est assez émouvant de lire dans les discours de Robespierre les germes d’une contestation d’un monde dont il se croyait encore jusque là partisan, car Robespierre était libéral dans le sens qu’il pensait à une liberté totale nécessaire au commerce.
Il en arrive à imaginer un compromis « Il n’est pas nécessaire que je puisse acheter de brillantes étoffes, mais il faut que je sois assez riche pour acheter du pain, pour moi et pour mes enfants. Le négociant peut bien garder, dans ses magasins, les marchandises que le luxe et la vanité convoitent jusqu’à ce qu’il trouve le moment de les vendre au plus haut prix possible, mais nul homme n’a le droit d’entasser des monceaux de blé, à côté de son semblable qui meurt de faim. »
On devine Robespierre mal à l’aise et hésitant à renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement touché par ses conséquences.

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Naturellement, il a recours à la découverte récente de la Révolution de 89, celle des droits naturels et imprescriptible de l’Homme, pour affermir son raisonnement.
Et nous ferions bien de la redécouvrir aussi à la vue des horreurs que l’Europe justifie à propos du droit d’asile et de l’égalité du genre humain. Nous ferions bien d’en saisir toute l’importance tant le droit de propriété octroie à certains des milliards au prix du bannissement des travailleurs de leur propre entreprise et des spéculations d’un continent à l’autre que permettent de matérialiser les bas prix des transports par air et par mer.
Robespierre a été exécuté le Neuf Thermidor par ceux qui n’admettaient pas qu’il écrivît « Quel est le premier objet de la société ? C’est de maintenir des droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister ».
Ce droit d’exister, considéré à l’époque comme en 2019, comme signifiant « le droit d’égaler » était et est encore insupportable à la société libérale.
La première des lois est donc de garantir à tous les moyens d’exister, toutes les autres y compris les lois du commerce y sont subordonnées.
La propriété ne peut donc être un droit inaltérable, mais une concession pour « utilité publique » du peuple souverain. C’est pour vivre que l’on a des propriétés, il n’est pas vrai que la propriété puisse être opposée à la subsistance des hommes.
« Les aliments nécessaires à l’homme sont aussi sacrés que la vie, poursuit Robespierre. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriété commune à la société entière. Il n’y a que l’excédent qui soit une propriété individuelle, et qui soit abandonné à l’industrie des commerçants. ».
Ces propos ont 240 ans !... trois quarts de siècle avant ceux de Marx. Ils n’ont jamais été aussi actuels.
Ils contestent formellement tous les droits, accès et avantages inhérents à cette société rivée sur le seul droit d’exercer un commerce et d’en attacher des personnes en payant leurs services.
Le plus terrible, c’est que Robespierre a raison. Nous bâtissons du droit, c’est-à-dire des lois, sur le terrain pourri du libéralisme. En les acceptant, mieux en les perfectionnant, de l’électeur au mandataire, nous sommes tous des imposteurs !
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1. À bien des égards, Robespierre était pour son temps, un « libéral égalitaire », ce qui ne correspond à aucun courant aujourd’hui. La fin du 18ème siècle posa la question du libre arbitre et du déterminisme. Le débat n’est pas clos.

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