Reynders… presque recasé !
Et maintenant que peut-on faire ?
C’est une question qu’il convient que nous nous posions tous, à propos du coup de force de Charles Michel propulsant Didier Reynders, commissaire représentant la Belgique à la Commission européenne. Exécutif important, il sera dirigé par l’Allemande Von der Leyen.
Le premier ministre n’ayant aucun argument pour justifier son choix, a choisi le prétexte de l’urgence pour couper court à toute démarche démocratique concernant cette importante délégation belge au sein de l’exécutif européen !
C’est un mensonge de plus qui montre la capacité de ce personnage à falsifier des faits.
Ils sont simples.
Ce n’était pas une exigence non contournable, ce dépôt de candidature à la date que Charles Michel nous a communiquée, mais un souhait.
Du reste, à cette date, peu d’États membres avaient désigné leurs représentants.
Il s’agissait dans l’esprit de Mme Von der Leyen de débuter les entrevues avec les candidats d’une première esquisse de la répartition des portefeuilles au sein de la Commission. Et à la date demandée, la future présidente de la Commission avait suffisamment de candidats et candidates à recevoir à Bruxelles, pour ne pas chômer durant toute la dernière semaine écoulée.
Paris avait indiqué avoir obtenu un accord d’ajournement de la décision très aisément, pour donner un nom un peu plus tard, comme d’autres capitales, d’ailleurs.
C’est donc bel et bien Monsieur Maingain qui avait raison "Le gouvernement Michel ultra minoritaire et désavoué aux élections du 23 mai procède à un coup de force constitutionnel en proposant Didier Reynders comme commissaire européen. DéFi demande la convocation de la Chambre pour mettre un terme à cette violation de la Constitution". (Le Soir)
La N-VA avait, elle aussi, noté ce passage en force de Charles Michel pour le dénoncer du point de vue nationaliste flamand.
Évidemment, il est trop tard pour rendre cette nomination caduque par quelque moyen que ce soit. Ce qui est fait, l’est bien pour l’UE.
Mais ce mensonge dénoncé par les faits, souligné par la critique, est bel et bien là et risque de n’être jamais sanctionné, comme tant d’autres de ce personnage.
Charles Michel s’en va arrondir ses fins de mois en-dehors du champ d’indemnités belges, il est pratiquement hors de portée de l’opposition et qu’il soit encore à la tête du gouvernement démissionnaire pour gérer les affaires du pays, pas si courantes que cela, est en lui-même un autre scandale.
Ce mensonge en induit un autre. Didier Reynders, libéral cynique et sans aucun scrupule, devrait en principe, représenter l’opinion belge dans son ensemble, ce qui paraît difficile, mais surtout en respectant la volonté citoyenne de participer davantage à la démocratie en promouvant l’écologie et en revenant sur le social.
Personne ne pense que ce personnage représentera la gauche qui, faut-il le rappeler, aurait été majoritaire en Wallonie si le PS n’avait pas fait pencher la balance du mauvais côté.
C’est donc un mensonge avéré de la bourgeoisie libérale qui a permis la promotion d’un homme aussi marqué par la droite. C’est une trahison d’une juste représentativité des classes sociales qu’il va nous infliger dans le domaine européen.
Après tant de tentatives avortées pour finir par être reconnu en-dehors de la Belgique, il aura fallu un dernier mensonge de Charles Michel pour qu’enfin, Reynders se goberge du parcours idéal et empocher un maximum d’argent et d’honneurs !
Le père de Charles, ancien commissaire, ne s’est vraiment jamais remis de son mandat européen, au point qu’il est dans une semi retraite, se contentant d’écharper de-ci, de-là, quelques anciens adversaires derrière lesquels, c’est la gauche qu’il vise.
Marianne Thyssen qui lui a succédé, a été dispatchée à l’emploi. Elle est la première femme belge à obtenir un poste de commissaire. Elle a notamment décroché, un accord sur la réforme de la directive pour le travail détaché, mais aussi œuvré à la mise en place d'un socle européen des droits sociaux. Elle n’a pas fait grand-chose, certes, mais dans l’Europe rétrograde et réactionnaire de JC Juncker pouvait-elle faire plus ?
Bref, cette CD&V a quand même essayé un petit quelque chose du côté des droits sociaux, quoiqu’on en ait senti peu d’effets en Belgique.
Avec Reynders, on entre dans la Divine Comédie de Dante.
Afin de mettre en garde les visiteurs, la gauche devrait taguer sur la porte du bureau de Reynders à la commission, "Toi qui entre ici abandonne toute espérance".
À souhaiter que la cheffe ne lui donne pas les Affaires sociales !