Un scrutin avec montre RTL ?
Michel De Maegd est de ces parlementaires à la ramasse, sorti facile des petites lucarnes de RTL. Élu les doigts dans le nez, son job aurait fait élire n’importe quel tocard Maison. Deborsu doit y penser.
Venir de RTL est une référence, M’ame Reuter en sait quelque chose. Avec les avocats, c’est une denrée que l’Haut-lieu s’arrache. Les Michel père et fils en sont friands. Même la casaque RTBF a le parcours triomphant, en moins flamboyant toutefois. M’ame Delvaux a fâcheusement jeté son sac dans un mauvais corridor, celui du CDH. Guy Lutgen a refilé son emploi à un copain, chez lequel il avait une ardoise. Olivier Maroy aurait pu passer à côté du MR, mais c’était lui qui avait raté une marche. Luc Beyer, on s’en souvient, mort l’année dernière, fut député européen. Le gros de la troupe des ménestrels bien-disant préfère de loin les Bleus. Pour retrouver un transfert du music-hall au PS, il faut descendre dans les antennes régionales.
Sinardey et Delwit sont ravis. Ils glandent à l’entrée des artistes pour deviner quel sera le suivant. Ils ont intégré depuis longtemps le logiciel de la presse parlée et visuelle. Ils partagent avec les discoureurs de l’info, la détestation de la couleur ponceau.
De Maegd avouait, hier encore dans les gazettes, avoir le cœur à gauche ! Il se lève la nuit pour écrire ses hautes pensées sociales, puis de la journée, il disperse les feuillets aux quatre vents. Louis Michel est ravi. C’est tout lui, cette idée d’élargir la droite bourgeoise et radicalement conservatrice au socialisme, par des jeux d’écriture à l’encre des basses-eaux montoises.
Michel De Maegd l’a ouverte sec devant les micros, pour s’indigner de l’incapacité des élus à former un gouvernement fédéral. Il a imaginé une solution à la crise politique belge. Les temps morts après le recours aux urnes nuisent au trône, au nonce et à la Commission de Bruxelles.
Il plaide pour un scrutin à deux tours, triomphe du concours Lépine de la rue de la Toison d’Or ! Mais attention, pas comme celui pratiqué en France, non, quelque chose de tout à fait nouveau au point de réorganiser le fatum de Sinardet et Delwit ! Pourquoi pas un scrutin avec une montre RTL en bonus, tant qu’on y est ?
Le premier dimanche, on voterait pour des loustics avocats, chanteurs ou impresarios, peu importe. Ceux-ci auraient une semaine pour présenter aux foules ébaubies des combinaisons de gouvernement. Le dimanche suivant, l’électeur n’aurait qu’à appuyer sur la touche « On » du bureau de vote, pour la combinaison qui aurait son choix.
Vous avez compris où l’artiste veut en venir. Une petite semaine pour plier le deal de « qui va gagner des millions », c’est du tout cuit pour le centre-droit des grands mamamouchis de la belgitude ! Il serait impossible d’espérer que la vraie gauche soit dans la course !
Le PS déjà archi compromis dans la rente et les histoires de la Bourse, sans compter les petits arrangements entre amis, prendrait un poste de secrétaire d’État et finirait de se déshonorer avec les patrons de De Maegd. Les écolos feraient de la figuration, jusqu’à ce qu’on leur colle la paternité d’une taxe impopulaire écologiste, pour les remettre à 6 % à l’élection suivante.
Les libéraux seraient toujours les maîtres du jeu. Une majorité « démocrate compatible » avec l’extrême droite nationaliste, ferait le yoyo autour du cordon sanitaire, selon les besoins de la noble cause.
Ainsi, le système placerait à coup sûr un gouvernement que les gens ne veulent pas et qu’ils se farciraient quand même.
Qu’arriverait-il si l’électeur récusait toutes les combinaisons présentées ? L’électeur n’aurait aucun recours probablement. Il subirait l’arbitraire, un de plus, de ce curieux système.
Et si à l’échéance du deuxième vote, les partis ne parvenaient pas à accorder leurs violons ? On ferait quoi ?
De Maegd n’y a pas pensé !
Et si on supprimait les élections ?
De Maegd n’ose pas le dire, mais ça, il y a pensé. Puisque l’initiative populaire est impossible dans une démocratie qui ne vit et ne respire qu’avec les chiffres de la Bourse et dont la survie dépend essentiellement de l’économie, l’étape suivante est toute trouvée : une démocratie sans électeur ! De Gaulle en a fait une à Londres pendant quatre ans.
Mais que voilà la bonne idée libérale : garantir à vie les députations et les représentations indemnisées. La direction de la démocratie serait héréditaire, un peu comme chez les Michel, précurseurs. La foule à l’écart de tout, comme aujourd’hui mais de façon vraiment officielle, ce serait tout bénéfice pour l’industrie. On pourrait travailler le dimanche des élections, puisqu’elles n’auraient plus lieu ! Les folles idées revanchardes seraient abandonnées. On pourrait aller jusqu’à interdire le PTB !
Je parie que Bouchez et Ducarme ont déjà un plan, ne serait-ce que pour prendre De Maegd de vitesse.