Charles, Didier et les autres contre Maximilien.
Robespierriste… Richard3 l’est depuis toujours. Les erreurs du Conventionnel ne sont qu’un aléa de son action. Cependant, ses ennemis se sont acharnés sur lui, jusqu’à nos jours.
Que nous le voulions ou non, nous sommes les descendants d’une dispute entre les Nobles et le Tiers État. Le système capitaliste, ayant pris le relai de la noblesse, il est devenu bourgeois. Notre condition sociale nous place dans la dynamique d’une multitude qui ne baisse pas les bras, même si individuellement, un esprit curieux voit autour de lui, bien des bras s’abaisser.
L’antagonisme entre une petite communauté d’intérêt et le peuple existait bien avant la Révolution de 89 et n’est pas près de s’éteindre. Le capitalisme a, de toute évidence, fondé ses espoirs de survie sur les classes moyennes. Elles ne jouent plus leur rôle de maquerelles entre le pouvoir et la population laborieuse. Subordonnées à la clase possédante, elles tendent à disparaître sur le fumier de nos six gouvernements.
La classe intermédiaire est un leurre. Il l’a toujours été, même pendant les Trente Glorieuses, cent septante années après le Neuf Thermidor et la mort d’un génie.
Robespierre a commis des maladresses dans sa quête de justice sociale à une époque où elle n’était que balbutiement. Mais il n’a jamais détourné sa pensée du bien public et c’est en cela que tous les à-demi corrompus lui en veulent et le jugent mal.
Ennemi des accapareurs, il n’a jamais cessé d’être le paria. Toutes recherches intellectuelles d’histoire, d’économie politique et de droit étant aux mains de la classe dirigeante, Robespierre aurait dû côtoyer Hitler et Staline dans le grand livre des contes pour enfants sages. Quoique il y eut des tentatives pour cet affront ultime, la gauche heureusement a des Mélenchon, des Nathalie Artaud, des Hedebouw et des Besancenot pour témoigner du contraire et avant eux il y eut Proudhon, Bakounine, Marx, Jaurès. Il survit grâce aux lecteurs, les érudits et les jeunes universitaires, comme Cécile Obligi qui s’est faite une opinion sur l’homme, non pas d’après ses détracteurs, mais d’après des pièces d’archives et les témoignages du temps.
L’erreur fatale de Robespierre fut son discours sur l’être suprême. Ses partisans s’emparèrent de l’idée, pour en faire un show qui le couvrit de ridicule pour les plus fins et d’une admiration sans borne pour les moins avisés, friands des jeux du cirque, comparables aux thuriféraires de Donald Trump.
Ainsi fut la fête à l’Être suprême !
À côté de la liesse, se voyait l’incongru de l’idée de l’être suprême. Celui qui l’incarnait deviendra le symbole de l’absolutisme, comme Anna Arendt l’a soutenu, dans ses commentaires sur Robespierre.
Ce jour-là, les participants se rassemblèrent autour du bassin rond du jardin des Tuileries. Sur ce bassin, une pyramide représentait un monstre, l'Athéisme entouré de l'Ambition, l'Égoïsme et la fausse Simplicité.
Pour l’ambition, l’égoïsme et la fausse simplicité, c’est tout Charles Michel et Didier Reynders, mais l’Athéisme !... Je vous demande dans quoi Robespierre mettait les pieds !
Entraîné par cette connerie dans le but de se requinquer avec les prêtres très remontés contre la Révolution, le voilà en train de pourfendre une philosophie très ancienne, celle de ne croire à rien et pour une autre improuvée et somnambulique, réduite aux hypothèses en 2019 !
Pour cela, Robespierre revêt un habit bleu céleste serré d'une écharpe tricolore, un bouquet de fleurs et d'épis à la main. Un acolyte de Louis David, le maître d’œuvre, lui tend une torche et il met le feu au monstre qui révèle en se consumant une statue de la Sagesse.
Il prend la tête du cortège jusqu’au Champ-de-Mars, tandis que l'hymne à l'Être suprême, écrit par Théodore Desorgues, est chanté par la foule, sur une musique de Gossec.
Déjà, dans la foule, des députés de la Convention se moquent. On bavarde, on refuse de marcher au pas. Le culte de l'Être suprême, loin de créer l'unité morale entre les révolutionnaires, devait susciter, peu après son instauration, une crise politique au sein du gouvernement révolutionnaire.
Avant l’arrestation et l’exécution quelques semaines plus tard, Maximilien subira l’affaire Catherine Théot. Une vieille femme déséquilibrée qui déclare être la mère de Dieu. Elle déclame forces prophéties et annonce la venue du Messie. Tout le monde y voit Robespierre !
Bientôt circule des bruits selon lesquels ce serait Maximilien de Robespierre lui-même qui aurait manipulé le groupe constitué autour de la visionnaire.
Quand on voit aujourd’hui les simagrées de nos deux phénomènes qui partent à la conquête du rond-point Schumann, le tour grotesque que prend la politique en Belgique avec ses six gouvernements, on est saisi d’un rapprochement.
Robespierre a perdu son pari d’émanciper le peuple. Les riches qui se pavanent aujourd’hui et qui n’arrivent pas à la cheville de ce grand homme sombrent, eux aussi, dans le ridicule mais pour des projets bien moins élevés.