Encore Chirac !
Le cas post mortem de Jacques Chirac mérite qu’on y revienne.
Non pas pour mettre une couche sur l’incroyable disproportion qu’a pris cette mort d’un vieux monsieur de 86 ans dans les médias, ni pour flétrir une dernière fois le passé d’un gisant pour l’éternité ; mais pour se demander ce que cache cette apothéose inattendue de quelqu’un qui ne fit guère pour les Français, que prendre le pouvoir au nom d’un parti aux idées bourgeoises dont on voit aujourd’hui l’effondrement.
Pardon pour sa mémoire, mais on enterre là un politicien multirécidiviste d’une délinquance qui consiste à se servir de l’État à des fins personnelles, bien au-delà des immenses possibilités et des revenus que sa fonction lui conférait déjà. Il ne lui suffisait pas de vivre dans des palais, il fallait encore qu’il en volât les couverts !
L’engouement des médias à quelque chose de suspect qui touche à la politique d’aujourd’hui en brandissant des souvenirs très subtilement sélectionnés pour fabriquer un héros et l’introduire dans l’esprit des Français comme un être de devoir, de sagesse et d’affinités avec le peuple.
Vous voyez immédiatement le rapprochement avec le locataire actuel de l’Élysée ?
Le comble, ce n’est même pas prémédité ! La rédaction du Figaro ne s’est pas concertée avec celle du Monde, comme RTL Tvi n’a pas contacté Europe 1 pour se donner le mot.
Ce consensus général est inquiétant, il se passe quelque chose en-dehors du peuple qui, lui, regarde tout cela d’un œil rond.
Il y a d’abord l’occultation de toutes les autres nouvelles.
L’incendie d’une usine SEVESO à Rouen pas très loin d’un centre urbain d’une centaine de milliers de gens, aurait dû normalement tenir lieu de première partout. À peine en parle-t-on comme d’un fait divers local, alors qu’il a été demandé aux habitants de ne pas sortir de chez eux et que des écoles soient fermées.
L’impeachment lancé par les Démocrates de Donald Trump date de peu, des réactions ont lieu dans les états de l’Union. Cette opération de salubrité publique dans un grand État doit intéresser tout le monde. Nous sommes concernés de façon indirecte par cet événement. Personne n’en parle plus.
Enfin les réformes en profondeur bouleversent le paysage sociologique français. Macron patine et s’enlise dans la protestation, les grèves, les rassemblements. Plus personne ne sait où on en est !
N’est-ce pas là que se trouveraient les raisons profondes de ce raz de marée du souvenir sur le corps fraîchement mis en bière de Jacques Chirac ?
Escamotée la contestation, finies les supputations sur les chances et la philosophie du mouvement spontané, pourtant extraordinaire, des Gilets Jaunes ?
Et enfin et surtout, revalorisation de la fonction présidentielle par un coup de bluff comme on n’en avait encore jamais vu : faire parler un mort, l’extraire une dernière fois du néant, dans une ultime mission au nom de la grandeur de l’État, mais surtout des présidents qui s’y sont succédés et dont le dernier est toujours en exercice.
Qu’ajouter qui ne soit pas « en trop » à ces pensées qui me sont venues, au cours de mon petit déjeuner et cherchant sur toutes les radios en vain l’ombre d’une information d’actualité et trouvant indécent que l’on me prît pour un imbécile.
Car si les témoignages se multiplient venant de partout « du gendarme moustachu » assurant l’escorte motorisée du président Chirac, au cultivateur de Corrèze se souvenant qu’il a, voici trente ans, eut une discussion amicale avec Chirac sur l’élevage des moutons, le grand absent de cette mascarade improvisée aura été le peuple.
On voit bien comment s’organise une information bâtie de toutes pièces. Des témoignages d’un homme qui vécut pendant cinquante ans dans les affaires politiques de l’État, a serré plus de mains qu’un simple particulier. Les personnels de radio ont en réserve des tas de gens qui se souviennent de Chirac avec chaleur, voire avec émotion. Mais est-ce suffisant pour les placer en rideau de façon intentionnelle alors que le peuple s’en fout, se fiche complètement de quelqu’un qui ne leur aurait fait ni chaud ni froid et qui a poursuivi la politique de son prédécesseur Mitterrand, comme Macon poursuit celle de François Hollande, sans que la population y trouve son compte !
En foi de quoi Richard3.com bouleverse aussi tous ses programmes et lance dès ce matin une chronique refusant qu’on se paie la tête des gens en leur balançant un cadavre à la figure.
Que Chirac repose en paix et qu’on n’en parle jamais plus !