Les adieux de Montchenu.
Les allées du pouvoir sont bénéfiques à quelques uns et maléfiques à tous les autres. C’est une question d’adaptation à l’hélium. Certains l’absorbent sans problème. Leurs pieds ne touchent plus le sol. Ils s’élèvent. Ils planent au-dessus de la multitude. Ils atteignent le plafond.
C’est leur graal, leur sommet. Ils ne peuvent plus descendre sans déchoir. Ils sont à la fois comblés et brusquement sans ambition, puisqu’ils ont atteint le point le plus haut. Il leur semble impossible de regarder sous eux afin de prendre un autre emploi, plus tard, quand ils auront terminé leur mandat.
C’est le cas de messieurs les libéraux Charles Michel et Didier Reynders. L’un président de l’Union Européenne, l’autre commissaire proposé au budget de l’UE, par le seul piston MR.
Gonflés comme des ballons, le plafond des grands bureaux, seul, les retient. Ils y resteront coincés dans les moulures, accrochés aux gorges de plâtre, agrippés à la tige métallique qui relie les lustres à la voûte, à la vue de tous.
Les autres évolueront à ras du sol, sur les parquets, et les épaisses moquettes de laine.
Tremplins de ces glorieux, ce seront les fonctionnaires de l’UE, les gazetiers et les roitelets des petits États qui devront lever les yeux et baisser la tête en signe de soumission, exercice difficile, risque de cervicalgie, sans lequel placet, requête et demande ne seront pas acceptés.
Tandis qu’eux-mêmes entourés d’autres « suprêmes » gonflés comme eux à l’hélium, les Macron, les Merkel et les Fanfaroni italiens, feront des parties infinies de whist, guettés par les valets de pied, journalistes par essence. Ils relateront les mains des partenaires, l’annonce du trou ou de passe la grande, beau jeu en trèfles et grande misère à carreau. Ceux qui resteront en bas, juchés sur les chaises des meetings, après la stupeur, la délivrance emplira les grands vides de nouvelles flaques prétentieuses, prêtes aux bouffées délirantes d’hélium.
Sa Grandeur, quittera la scène politique belge le premier décembre, pour devenir président du Conseil européen. Déjà gonflé à pression le 18 février, le petit Olivier Chastel avait ployé le genou pour qu’en plus de la fonction de Premier ministre, celui qu’on ne nomme plus que les yeux baissés reprenne la présidence du Mouvement Réformateur. Ce qu’il avait condescendu en ondoyant son féal de propos aimables.
Personne n’avait observé que le grand homme, une fois dans les cintres, la vue derrière lui offrirait l’image du désert de Mojave. Deux ou trois cactus épars, celui de Miss Australia Wilmès, du baron de Marche, Borsus tel qu’en lui-même, et le marchand de cravates montois, le sieur Bouchez, deuxième gâchette, espérant hériter d’une crotte laissée par Didier.
Voilà à quoi servent les baudruches, gonflées elles prennent tout l’espace. Disparues, on ne voit que des chaises vides, des MR pris de vin et Ducarme, sanguin, au comptoir du bar, essuyant les verres par réflexe, tandis que les derniers clients s’égaient.
Comme pour les autres décideurs d’empires, rien n'avait été prévu pour remplacer Charles Michel. Personne n’avait osé. Le néolibéralisme, c’est comme Staline, on n’y ouvre pas sa gueule de peur qu’on ne vous la coupe, par décision du dessus.
Le baron Willy Borsus mène pour le MR les négociations en vue de la wilaya de Wallonie. Le gouvernement bruxellois pensait qu’on se porterait mieux sans Reynders, renâclant à faire les chiottes de sa Régionale. Si Laurette Onkelinx avait su qu’il allait se casser à l’Europe, peut-être aurait-elle songé aux libéraux. Comme quoi, Reynders, s’il s’était taillé en janvier pour le Conseil de l’Europe… les MR avaient un ministère régional… À quoi ça tient le destin des multitudes quand même !
La grande question reste : quand Monsieur de Montchenu passera-t-il la main de ses emplois belges ? Il ne va quand même pas faire payer un pas de porte pour la reprise à Miss Wilmès qui dit-on n’est pas sans rien ? Elle irait jusqu’à combien pour faire première ministre et présidente à vie ? Entrer dans le livre des records, ça vaut son prix.
Personne n’a imaginé que les dates de Charles devaient coller aux différentes crèmeries où Monsieur et Madame font leur marché !
Sa sérénissime grandeur ne peut concevoir un mois sans salaire.
Merde !... c’est aussi simple que cela.
Je changerai d’avis sur ces fiottes, quand ils auront le courage de la vérité. On sait qui appuie sur la gâchette pour l’extinction des espèces : l’économie capitaliste.
Le compte à rebours a commencé. Faut être sérieux les mecs !