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Répression et Gilet Jaune.

Le suffrage universel, délégant le pouvoir du peuple à des minorités « éclairées » que se veulent être les partis, est issu de la révolution de 1789 et s’appelle la « démocratie ».
La révolution de 89 a été possible par le rapport de force, à peu près équivalent, entre la troupe défenderesse de la monarchie et les populations mécontentes. La presse ou plutôt les libelles quasiment tous plus ou moins clandestins, étaient plutôt en faveur des foules et vivaient des exactions réelles ou supposées de la noblesse rapportées par les nobles eux-mêmes, sinon par des membres de la nombreuse domesticité.
Ce qui a découlé de la matrice fondatrice jusqu’à nos jours, après les hiatus des deux empereurs et la restauration de la monarchie, définitivement perdue en 1848, s’est figée dans la démocratie de certains pays d’Europe, dont la Belgique.
La démocratie par délégation est figée dans une forme que nous ne supportons plus. Les défauts se perçoivent. Il a été impossible de les corriger par la pression populaire.
Les quelques centaines de gardes-suisses de la monarchie avec quelques troupes éparses, dont 32 soldats à la Bastille pour protéger le gouverneur, les murs et les prisonniers. Voilà ce qu’il y avait à Paris opposé à plus de 500.000 habitants à l’époque. Même s’il n’y avait que 10 % de la population dans la rue, soit 50.000 personnes et que 10 % des badauds étaient déterminés à en découdre, cela faisait du cinq contre un en faveur du peuple. Chevaliers du guet, exempts, gardes-suisses et troupes royales étaient à peine un millier dans la capitale.
En 2019, le pouvoir dispose d’une police et d’une gendarmerie disproportionnées par rapport à un maintien de l’ordre par temps calme et encore largement suffisante pour réprimer toute velléité de protester dans la rue. Le matériel est incomparable avec les arquebuses et les sabres des débuts. La législation sur les armes n’existait pas en 89. On pouvait voir les nobles, les bourgeois et le peuple se promener armés, un pistolet à la ceinture, une canne-épée à la main, voire une hache en bandoulière.
Le mois dernier un jeune homme a été condamné pour transport d’armes lors d‘une manifestation. Il avait un morceau de bois dans son sac à dos !
La presse après Girardin, inventeur de la presse moderne, a perdu peu à peu ses libellistes et ses pamphlétaires. Rachetées par des gens proches du pouvoir, elle s’est figée dans la contemplation du régime actuel, bien résolue à le défendre. On l’a bien vu avec les Gilets Jaunes. L’historien qui dans un siècle tentera de reprendre leur histoire pour en tirer une leçon, ne devra pas s’informer à la lecture des journaux, il raterait la vérité historique.
Enfin, l’économie est le deuxième pouvoir qui fait la loi par l’argent.
En 1789, on pouvait être riche en spéculant, en exploitant les autres, les propriétaires terriens, essentiellement constitués de la noblesse, menaient grand train grâce au travail de la plèbe. La révolution redistribua les biens, la richesse passa d’une main à l’autre ; mais jamais l’usurier, le spéculateur ne purent influencer le mandataire du peuple de manière aussi flagrante que ce qui se passe aujourd’hui, même s’il y a toujours eu des scandales, dès la Première République, réputée la plus vertueuse.
Comme l’aveugle et le paralytique de la fable, le pouvoir politique et le pouvoir économique ont partie liée au vu et au su de tout le monde. Les libéraux veulent même aller plus loin et réduire le pouvoir politique bien en-dessous du pouvoir économique.

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On voit dans quel piège le peuple est tombé.
Il doit sa condition misérable à cette association monstrueuse.
Lutter avec efficacité contre cette nouvelle forme de dictature est très difficile. Le suffrage universel étant récupéré par les riches, n’en déplaisent à Madame Fresoz du Monde, à MM. Christophe Barbier, Bruno Jeudy et Yves Thréard, il ne reste plus qu’une résistance possible du peuple. La clandestinité, comme sous le régime de Vichy.
Ce dernier samedi a été un tournant historique.
Devant la répression violente des policiers sur des gens désarmés, mais repérables à cause de leurs gilets jaunes, naturellement les manifestants les enlevèrent, pour n’être plus la cible des flash-ball LBD et lacrymo, en somme devenir invisible. À certains barrages de CRS, le gilet fut confisqué par ordre de la préfecture. Mine de rien, c’est un premier pas vers la clandestinité.
Si on avait su en 1794, ce que l’on sait aujourd’hui, peut-être eût-on gardé la tête sur les épaules de Robespierre, ne serait-ce que pour s’épargner le 18 brumaire et la suite, Macron, Castaner, Belloubet et compagnie, Charles Michel et Didier Reynders pour la Belgique, en attendant Marine Le Pen et Bart De Wever, brasser dans le même tonneau des mêmes ferments capitalistes, la boisson des vainqueurs.

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