Respect à Francis Delpérée !
« Adieu à toi, Francis, je ne t’aimais pas, mais tu as prouvé qu’on peut ne pas être aimé et se conduire en brave et honnête citoyen ! Tu vas me laisser, alors que j’avais médit de toi et qu’à présent le remord me vient !
Dis que tu me pardonnes, Francis… Après ton geste généreux, je l’attends de toi. Je sais que ta retraite sera studieuse et que tu n’abandonneras pas tes livres de droit constitutionnel au pilon qui déchiquète tout ce qui dépasse la compréhension populaire, c’est-à-dire l’ensemble de ce que tu as lu et écrit !
Adieu, Francis que ta retraite te soit légère, longue et douce. Que tous ceux qui ont poigné sans vergogne dans la caisse presque vide de la Belgique des indemnités de luxe soient maudits ! »
Voilà à peu près le speech que j’aurais prononcé au pot de départ à la retraite de Francis Delpérée, sénateur CDH et ardent coupeur de cheveux en quatre d’une Constitution qui l’était déjà en huit.
« Ton dernier geste est le plus beau », aurais-je dit entre sourire et larmes, pour conclure.
Tous les autres sans exception qui ne se sont pas représentés ou n’ont pas été réélus au parlement fédéral ont réclamé leurs indemnités de sortie.
Et c’est croquignolet, comme les chers élus se sont voté des pépètes pour se les taper au moment où les mêmes ont restreint par des lois le droit au chômage et revu à la baisse le viatique qui empêche des familles dans le malheur à crever de faim.
Oui, oui, même les recasés dans le business, les charmeurs historiques, les Reynders, Michel, Onkelinx ont fait la file, inquiets comme des poux qui voient leur terrain de jeux entrer chez le coiffeur, des fois que le guichet se fermerait juste devant eux en raison du tiroir à sec.
Ah ! mais, les piliers de nos institutions, les bâtisseurs de nos six gouvernements y ont légalement droit.
Vous connaissez un chômeur qui ramassant dans la rue une enveloppe kraft bourrée des 48 mois d’indemnité d’une légende qu’est Laurette Onkelinx, prendrait le train à ses frais, puis le bus, pour venir la glisser dans la boîte aux lettres à Lasnes, hameau où la pasionaria du prêt-à-voter confortable se recueille à la lecture de Harpo Marx ?
Le Soir rappelle que ces députés avaient affirmé l’an passé “ne pas savoir” s’ils la réclameraient.
Oui, mais c’était l’an passé, en pleine période électorale !
Laurette vous aurait même promis davantage. Qu’elle fût encore consommable, elle tenait salon gare du Nord pour s’adjuger vite fait quelques énergumènes priapiques et électeurs !
Seconde partie de cette chronique quotidienne, tant de fois recopiée, jamais remerciée, pillée, ravagée par des gougnafiers du porter à droite et même à gauche (surtout), je sais que je vais vous faire mal en exhibant le double des factures de ce monde avide de votre fric et de vos suffrages.
Les picaillons de la reconnaissance de la Nation aux bâtisseurs hardis de nos six gouvernements s’élèvent à deux mois de salaire par année passée au Parlement, avec un minimum de 4 mois et un maximum de 24 (depuis 2014). Richard Miller (MR), honte à lui dirait Jean Gol, touchera ainsi son salaire pendant 30 mois et Laurette Onkelinx, championne du genre entre dans le Guinness-Book avec 48 mois.
70 députés parmi nos purs héros, se sont précipités au guichet, sauf un, notre Francis que j’embrasse.
Tous en sont revenus galvanisés et convaincus qu’une Belgique prospère aurait pu faire plus encore !
C’est vrai après tout, avec les déficits que Charles nous a laissés, un milliard de plus ou de moins, n’a plus aucune importance.
Il me reste à trouver la liste des 70 héros de la Belgique nouvelle pour la publier. Il est quand même bon à savoir pour qui nous avons voté, pour ne pas recommencer la même connerie avec les loustics qui leur succèdent.
On peut acheter cette liste autrement introuvable, en versant 10 € à l’Association des laissés pour compte des six gouvernements, en déposant votre numéraire dans une enveloppe. Les chèques ne seront pas acceptés. Un bénévole passera juste avant la tournée du facteur. Merci à l’avance.