Une affaire sans suite…
Où en est l'ouverture d'une information judiciaire à propos de Didier Reynders, annoncée à la trompette par De Tijd et l'Echo ?
Sans être dans le flagrant, bien des justiciables vous le diront, un soupçon plus un témoin et on est bon pour la convocation, la présentation à l’Instruction et la mise au trou pour le week-end, en attendant que le juge réfléchisse.
La Justice a tout dans la main pour une affaire de corruption et de blanchiment. Vous n’allez pas me dire que la justice est à plusieurs vitesses ! Serait-elle sensible à la notoriété au point de jauger dans l’échelle des biens nantis, à quel délai supplémentaire Didier Reynders aurait droit ?
Je suggère l’idée, puisqu’on en est là, de lui attribuer autant de mois de réflexion que ceux que la générosité publique lui a alloués en calculant ses indemnités de sortie de la vie parlementaire.
Comme le type est au maximum, cette « ténébreuse affaire » pourrait n’avoir jamais aucun dénouement judiciaire.
Ce qu’on sait par la gazette tient en quelques lignes, mais elles sont significatives. En avril dernier, un ex-agent de la Sûreté de l'Etat s'est rendu à la police judiciaire fédérale pour lui communiquer une série d'allégations de corruption et de blanchiment à l'encontre du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Défense.
Ce n’est pas rien quand même un témoignage de cette importance. Un haut fonctionnaire au casier vierge qui donne des informations sur des manipulations d’argent importantes, on devrait quand même le prendre au sérieux.
Si c’était Gégène revendeur de shit qui aurait vu Reynders ramasser une enveloppe Kraft mal scellée de laquelle on pouvait distinguer une liasse de billets de cinq cents, on pourrait se poser des questions sur la moralité du témoin, se demander si ce jour-là il n’avait pas trop de blanche dans le nez, mais une pointure habituée à se frotter aux beaux linges, un fonctionnaire irréprochable, un homme intègre qui défend son honneur et l’argent du contribuable ?
Il faut croire que là aussi, c’est un duel entre serviteurs de la Nation à la mentalité irréprochable. Il y en aurait une, Didier Reynders, plus irréprochable que l’autre.
Richard3.com demande quand même à ceux qui commandent à l’appareil judiciaire d’être attentifs à la situation dans laquelle ils placent la réputation déjà fortement entamée de la Justice de ce pays.
Le pouvoir judiciaire dans une réserve extrême attendrait-il que Reynders ait passé son audition auprès des députés européens afin que sa candidature soit définitive ?
Ne vaudrait-il pas mieux instruire au plus vite et ainsi savoir retenir éventuellement l’ambition de l’intéressé, afin d’épargner un scandale de plus à l’Europe ?
Tout ce qu’on sait des déclarations du suspect par témoignage, il ressort que Didier Reynders n’était pas au courant. C’est sibyllin ! Au courant de quoi au juste, du témoignage du fonctionnaire ou des biftons échangés au temps heureux de la collaboration avec les anciennes colonies ?
Parce que même si Reynders n’était pas présent le jour où une main a passé sous la table à une autre main, une grande enveloppe bien épaisse, est-il au moins au courant de ce qui s’était tramé ce jour-là, ne serait-ce qu’en sa qualité de ministre des affaires étrangères, au moins les bruits qui ont couru ?
Serait-il aussi mauvais ministre, fainéant et distrait qu’on le dit à la permanence du MR de la Région bruxelloise ?
Sa promptitude à prendre un avocat, le pendant bruxellois de Dupont-Moretti, pour "démentir les allégations qui sont diffusées" pourrait tout au moins passer par l’évidence que cette affaire l’inquiète assez ? En réalité les allégations diffusées sont d’une autre nature : c’est un témoignage. Vous savez ce qu’il en coûterait à un ancien fonctionnaire un faux témoignage ?
Le témoin n’est pas masqué, ces « allégations » ont tout lieu d’être crédibles.
C’est quand même incroyable que dans ce pays, un haut fonctionnaire à la retraite veut témoigner pour des faits exceptionnellement graves, qu’il en est conscient, mais néanmoins sûr de lui, au point de donner son nom : Nicolas Ullens de Schooten et qu’on laisse divaguer Didier Reynders devant les caméras sur la politique qu’il entend mener à l’Europe au niveau de la Justice, sans que personne ne mette en doute sa capacité à le faire ?
Serait-ce qu’on attende la nomination dudit pour une conversation « entre collègues » ?
Nicolas Ullens de Schooten a travaillé à la Sûreté de l'Etat de 2007 à 2018. Lors de son audition à la police, celui-ci a fait état de versement de pots de vin à l'occasion de missions et d'achats publics. Il a fait référence, notamment, au déménagement de la police fédérale au Centre administratif de Bruxelles, au Kazakhgate et à une affaire relative aux fonds libyens.
Ce n’est pas rien tout de même !