Une société de connivence.
Terme vieilli pour le Robert, la connivence est on ne peut plus d’actualité. La complicité consiste à cacher la faute de quelqu’un, dit le dico. Définition incomplète. Le Littré de 1863, en plein second empire sous l’élite de bonapartistes et d’industriels, est plus éclairant : « dessein prémédité de ne pas nuire, de cacher la faute d’un autre // action de prêter les mains à quelque chose de secret ou de coupable. » C’est le trait marquant de la démocratie actuelle.
La corruption et les salaires sans comparaison des élites avec les gens de l’en-dehors du cercle font parties de la connivence 2019.
Cette démocratie de connivence s’est donné pour mission d’assurer un environnement favorable à l’investissement privé. Les concepts de la bonne gouvernance sont pensés comme des instruments de légitimation de la connivence. Depuis longtemps, la corruption est entrée dans la rhétorique politique comme un facteur déterminant de réussite. La corruption est au cœur de tous les discours. C’est un sujet à la mode, plus on en parle comme d’une chose passée, plus elle est présente partout dans la démocratie nouvelle vague.
La corruption atteint un tel degré d’imprégnation que ceux qui la maîtrisent et s’en servent, n’en ont plus conscience ! Le népotisme, la concussion, l’accès aux meilleurs emplois par copinage, proximité de Loges, prévarication allant jusqu’à la forfaiture, sont des dilutions de la connivence et de l’impunité parfois ressentie, dans les groupes et les partis politiques.
Parfois, à l’exposition de faits, la candidature de Reynders, celle du demi-frère de Chastel, des connivences particulières rejoignent la connivence de la démocratie et du busines entremêlés.
De faits-divers, en voilà un qui, n’ayant l’air de rien, dévoile des réseaux de connivence. C’est celui de Yann Moix, romancier et homme de télévision.
L'écrivain vient de publier "Orléans" où il évoque les sévices qu'il aurait subis durant son enfance. Sa version a été contestée par son père et son frère cadet, qui l’accuse d'avoir été son bourreau. Auparavant, l’Express dévoilait un passé douteux de négationniste, niant les chambres à gaz, libelliste haineux, caricaturiste d’un nouveau Juif Süss… enfin la complète.
Et que voit-on ? Bernard-Henri Lévy, fer de lance de la lutte contre l’antisémitisme, pardonnant tout, les termes injurieux, même celui de « youpin » interdit d’emploi, volant au secours de son « ami » repenti. On s’étonne ! Puis on apprend que BHL et Moix sont tous les deux édités par la Maison d’édition Grasset.
C’est un péché de jeunesse dit BHL. Dieudonné, l’humoriste à l’index de la société, livre un témoignage sur Facebook d’une conversation avec Moix dans les années 2011-12, Moix avait quarante deux ans, toujours emballé par les thèses négationnistes de Robert Faurisson, pro palestinien par haine, plutôt que par raison !
Et le peuple regarde la scène d’un œil rond, lui qu’on envoie vite fait devant un tribunal pour un acte imbécile, certes, mais irréfléchi d’antisémitisme, un mot interdit, une idée ayant effet de condamnation, souvent soufflée par des crétins racistes !
Bien entendu, le témoignage de Dieudonné ne compte pas. Il est hors catégorie et hors connivence, un peu de la même manière que les flics, il n’y a pas si longtemps, récusaient d’office les témoignages des gens de peu et notamment les prostituées, brutalisée, violées impunément.
Hier, nous eûmes sur France 3, « C à dire », le témoignage d’une ancienne star de connivence, Catherine Deneuve, dévouée au sauvetage de Yann Moix et de son péché de jeunesse. Il est vrai que de Rugis complétait le tableau, sorti d’affaires par la même société de connivence, plaisantant même sur les homards et les soupers fins aux frais de l’État.
Pour les uns, tout fini par des chansons et des embrassades, pour les autres : yeux crevés, pieds arrachés et honte publique dans un édito de madame Françoise Fressoz, du Monde.
Comment ne pas réfléchir au spectacle de cette maffia et d’y voir parmi le gratin, une certaine élite juive. Les gens ne sont pas bêtes, ils voient bien que ce monde là est hostile.
Les Juifs y sont à la mode. Ils ne sont ni plus ni moins coupables que les autres. Ce n’est pas un problème juif. C’est un problème dans lequel ils sont impliqués, au même titre que l’élite non-confessionnelle. Une confiscation de la démocratie, en quelque sorte, par une association à but lucratif qui truste les pouvoirs, du président de la république au sous-préfet et du milliardaire magnat de la presse, à Benalla gardien du temple.
On s’étonne de cette persévérance de la pensée antisémite du peuple des quartiers. Cioran en définit la nature « Les juifs font trop parler d’eux, ils sont trop présents, ils ne se font pas oublier, ne serait-ce que par tactique, par habileté. Je me rappelle le mot qu’avait employé à leur sujet le docteur Druard, type de Français modéré, « vieux style » : ils sont encombrants. »
Que les Ligues de la « bien pensance » se rassurent, c’est toute la communauté de connivence qui encombre !