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Vive la corruption et les corrompus !

En Belgique, sortir de la corruption institutionnalisée est impossible, sauf en cas de mort opportune, comme Armand De Decker. Les corrompus s’exportent très bien. Des missions sortent de Belgique. L’Europe est un des hauts carrefours de la corruption, avec des carrières honorables et respectées.
Les corrompus qui restent soulèvent des enjeux structurels. Ils connaissent des résistances de la part d’autres élites corrompues. Non pas qu’une lutte anticorruption soit jamais mise en place en Belgique, mais les positions acquises des uns convoitées par les autres dégénèrent en jalousie et coups de fil anonymes, mettant en cause les plus hautes instances de la politique et de la magistrature. Cela fait désordre dans un pays où la probité et le sacrifice restent les vertus cardinales de la démocratie.
Comment défendre des positions dominantes de la Belgique sur certains marchés et la capacité d’influencer les processus politiques des autres pays avec qui s’engage un dialogue commercial, sans la réputation qui n’est plus à faire d’un pays politiquement corrompu, donc avec qui on peut toujours s’arranger.
Heureusement, la corruption institutionnalisée se renforce à mesure que les réseaux de corruption se développent dans l’économie et la politique, brouillant ainsi les frontières entre les sphères publiques et privées.
Ainsi, c’est une véritable institution parallèle qui se met en place modernisant la démocratie qui s’aligne dorénavant sur la promotion de l’individu qui se fait une place enviable au détriment des autres. Ceux-ci seront condamnés toute leur vie à n’être que des corrompus de seconde zone. Nous citerons au hasard de l’évolution de la corruption, un fonctionnaire de guichet qui accepte un modeste pot-de-vin ; un repris de justice qui entre au ministère de la justice pour y faire régner la loi grâce à une épouse divorcée avec laquelle il a gardé quelques affinités ; un élu local qui monte un jeu dit de la pyramide de Ponzi, inspiré par celle qui supporte le Lion de Waterloo qu’il a sous ses fenêtres ; un demi-frère qui s’inquiète de la précarité de son cadet et qui tente de le placer dans une région d’où il s’était lancé à la conquête de Bruxelles pour y avoir combattu la corruption ; l’époux d’une veuve célèbre qui protège le beau-fils de celle-ci des tentations d’en croquer et qui, voyant qu’il en croquait quand même, tente de jeter les dossiers honteux, dans l’incinérateur de Herstal. Etc.
Nous n’en finirions plus de citer des exemples à ne pas suivre par les seules imprudences, fanfaronnades, défauts d’intelligence, de ces corrompus malheureux, tant ceux qui ont réussi sont, fort heureusement d’une classe très au-dessus. Ils vivent et prospèrent du plateau de Herve aux belles villas d’Uccle. Ils portent bien haut le taux de réussite des corrompus.
Tous sont unanimes, la Justice vieille conseillère et complice des corrompus est admirable en Belgique. Elle préserve le patrimoine culturel de deux siècles d’une friponnerie qui a toujours su se montrer discrète et dont l’électeur ne s’effraie nullement. Au contraire, n’est-ce pas grâce à elle que les Institutions se sont maintenues jusqu’à nos jours, protégeant nos délinquants célèbres qui ne furent jamais inquiétés ?

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On peut citer des noms, tous bien reconnus fripouilles patentées et cependant toujours au sommet, donnant des conseils, avides de reconnaissance, portant beau, assidus aux entretiens de Vrebos à la télévision, goûtant l’humour de l’indicible journaliste avec des petits rires entendus et des mines d’enfant gâté. Tout le monde les connaît et les apprécie.
La corruption célèbre les marlous élus, la justice les protège sans quoi les partis seraient orphelins de leurs plus grosses pointures – juste pourfendues par un quelconque parti d’extrême gauche.
C’est un premier ministre qui pistonne un confrère du même parti à l’Europe, puis qui s’y projette avec un piston français, c’est une ministre du budget qui s’autorise des déclarations alarmistes dans le secret espoir de se faire remarquer et de monter en grade, c’est un bourgeois de Chaudfontaine qui fait la leçon à un chaudronnier fatigué, pour qu’il prolonge son état de subordination ; ce sont tous le autres petits trafics d’influence qui se poursuivent, sous l’œil distrait de l’électeur.
Dans cette magnifique épopée d’une démocratie au zénith de sa forme, les acteurs privés, boostés par les partis, offrent des pots-de vin comme RTL ses montres. Les acteurs publics manipulent en leur faveur la formation des lois et des politiques, l’allocation des subventions ou l’attribution des marchés. La justice se saisit, se dessaisit, annule, diligente et oublie…
C’est beau, grand et noble. Les journaux n’y résistent pas, magnifient la saga, à l’inverse du pauvre Richard3.com qui devra se contenter de ses dix-sept lecteurs non assidus, malgré son bon vouloir, au point de terminer cette chronique par « Vive la corruption ! ».

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