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L’éthique et l’étiquette.

À force de vouloir qu’un consensus moral vertueux régisse les traités de commerce, le système économique vient de sombrer définitivement dans le ridicule. Il entraîne les États libéraux dans le dernier dérapage de l'administration Trump qui annonçait de nouveaux droits de douane supplémentaires à partir du 18 octobre.
Et ce à cause d’Air Bus et Boeing, deux constructeurs d’avion subventionnés l’un par l’Europe, l’autre par les USA, alors qu’ils s’en défendent tous les deux.
Depuis ses débuts l’économie libérale est une jungle où le plus gros carnassier dévore l’autre. Elle n’a jamais été que cela, malgré des accords, des traités et des règlements. Puisque le succès du libéralisme tient dans le pari que les vices et l’égoïsme l’emporteront toujours sur l’altruisme et la raison.
Les Etats-Unis et l'Union européenne s'accusent mutuellement depuis 2004 d'aide publique illégale au bénéfice des deux avionneurs. Les poursuites que les deux parties ont engagées ont déjà donné lieu à des milliers de pages de conclusions.
Selon le rapport de l'Organe d'appel de l'OMC, les Etats-Unis n'ont pas mis fin à toutes les subventions quand cela leur a été demandé, ce qui fait écho à une décision antérieure prise à l'encontre de l'UE, permettant à Trump d’enfoncer un coin dans sa guerre contre l’Europe, en taxant des produits de grande consommation en provenance d’Europe : des vins, des fromages, des crustacés, des produits agricoles ou agroalimentaires, comme les yaourts, le beurre, les saucisses de porc, les pêches ou le jus de cerise.
Les avions civils fabriqués par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Espagne - pays partenaires d'Airbus - seront aussi concernés, cela va de soi.
L'organisation doit se prononcer en début d'année prochaine sur des subventions allouées cette fois à Boeing, ce qui pourrait entraîner une vague de tarifs commerciaux de rétorsion de l'Europe sur des produits américains.
On mesure mieux la distance qui sépare l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et les positions commerciales bien tranchées de ses membres, à une solution intelligente de libre échange qu’on nous propose depuis des lustres et qui ne se réalise jamais, sinon par des traités tissés sur des filouteries et des dessous de table qui se révèlent être des pièges à cons. Ici on sombre dans une logique où deux sanctions loin de s’annuler s’additionnent !
C’est le côté le plus indigeste et difficile à avaler que nos hommes politiques libéraux et socialistes tentent de nous faire ingurgiter de force, depuis qu’ils s’acharnent à nous vendre le commerce et la démocratie, comme deux fleurs superbes sur la même tige !
Ce qui les embête tient dans l’attitude des gens de plus en plus nombreux qui doutent sérieusement de la compatibilité du libéralisme avec la justice sociale, l’écologie et le sens moral que devrait avoir toute démocratie.
Hélas ! l’Europe commence un nouveau cycle avec Von der Leyen remplaçant Juncker sous les auspices d’un libéralisme inconditionnel. Ce n’est pas notre représentation à l’Europe qui changera la donne, attendu que nos deux libéraux Michel et Reynders sont les parfaits contempteurs de ce qu’on a fait de pire dans l’art de faire du profit… du cash diraient-ils en claquant des dents comme l’alligator qui salive à la vue de son futur repas.

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Le système capitaliste est tellement sensible aux remarques que même l’économiste Piketty dans sa tentative de le prolonger par des mesures qui limiteraient la casse, se voit considérer comme un agent communiste !
Va-t-on finir par étendre l’interdiction actuelle de certaines expressions et désignations sous peine d’amendes et de procès, à l’interdiction de critiquer le système capitaliste à toute l’Europe ? Pourquoi pas, après tout, quand on voit ce dont est capable une oligarchie le dos au mur.
Trump a donné des pistes à l’oligarchie européenne en quête d’idées. La procédure d’impeachment lancé par les démocrates contre lui, il en rend responsables ses adversaires en criant à la trahison ! C’est-à-dire qu’il retourne ce qu’on lui reproche sur ses accusateurs, en comptant sur une opinion qu’il croit dominer. Ainsi l’Europe pourrait à l’issue de cette nouvelle législature, si tout va de mal en pis, imputer son échec au mauvais esprit communiste qui persiste dans la tête des gens. En Amérique, la crise qui menace sera la faute des Mexicains qui passent la frontière là où le mur fait défaut.

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