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La Belgique abstrait l’art et non l’inverse.

Le monde de la création le sait, il ne fait pas bon être artiste en Belgique. Si l’on excepte quelques vedettes qui s’en tirent plutôt bien, que ce soit en musique ou en littérature, il faut un métier à côté pour survivre.
À temps plein, pour un artiste, il ne faut pas y penser. C’est même l’inverse, le créateur doit d’abord assurer sa matérielle et être au top dans un emploi officiel, avant de songer à ce en quoi il semble fait.
Cela ne date pas d’hier.
Voilà pourquoi, ceux d’entre les artistes qui ont des situations privilégiées au départ ont un parcours plus aisé.
Les subsides décernés à certains plutôt qu’à d’autres baignent dans l’opacité absolue. L’art du piston est un plus nécessaire à l’art tout court pour s’en tirer, dans un pays qui se déculture à grande vitesse.
Les subventions accordées à la presse, c’est-à-dire à une forme créative, éducative et informative de l’art d’écrire sont un véritable défi à la justice distributive qui devrait prévaloir dans un État fédéral.
Première opacité : le contrat passé entre les autorités fédérales, Bpost et les sociétés de médias relève du secret commercial et ne peut donc pas être divulgué.
On aimerait quand même savoir à gauche, quelle somme d’argent alimente indirectement les différents groupes médiatiques ? Tout ce qu’on nous autorise à connaître, c’est que seuls quelques acteurs bourgeoisement connus en profitent : DPG Media, Mediahuis, Roularta, Rossel et IMP. Il se pourrait que cet arbitraire d’un pouvoir qui ouvre « sa » bourse (alors que c’est nous qui payons) aux uns, plutôt qu’aux autres, a été à la base des fermetures de la presse de gauche, si bien qu’est restée la presse généraliste dite « neutre » sur le marché, sachant qu’en réalité elle nous distille une information de droite.
Les plus grands groupes, bénéficient ainsi d’un immense avantage sur le marché. Il est impossible aujourd’hui de lancer un journal d’opinion. Seules les possibilités d’une presse en ligne est faisable sur Internet, mais jusqu’à quand ?
Dans la grande presse, les pigistes sont les plus nombreux. Ce sont les travailleurs les plus exploités de tous les métiers de créations écrites.
Reste que l’État injecte chaque année des millions dans une technologie qui est condamnée à plus ou moins long terme, puisqu’il s’agit de servir des textes sur papier à une population qui ne lit presque plus, tout au moins de cette manière.

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Les conditions pour bénéficier de ce soutien de l’État ne regardent en rien ni l’esprit encyclopédique, ni l’intelligente manière dont les choses sont écrites, mais seulement proportionnelles au nombre d’abonnements !
Voilà sans doute pourquoi nous n’avons plus dans la presse écrite des « plumes », mais des robots traducteurs qui nous mâchent en franglais ce que nous devons penser.
Il n’y a donc plus beaucoup de journalistes en Belgique, parmi les plus mal payés les pigistes.
Peut-on décemment qualifier un journal de qualité rien que par le nombre d’abonnés ?
C’est pourtant de ce seul critère que dépendent les subsides !
Il reste, mais pour combien de temps, des petites publications qui survivent, des feuilles confidentielles qui ne paraissent qu’en fonction de dons, inutile d’amadouer un imprimeur sans payer d’avance. Ne faudrait-il pas revoir les subsides au nom de la pluralité d’expressions ?
Il est injustifiable de donner des subsides uniquement à des publications libérales centre-droit que sont les numéros de presse publiés par les éditeurs mentionnés plus haut.
Il serait équitable d’allouer ces dotations à la refondation d’une presse de gauche. Les petits acteurs indépendants pourraient faire bon usage de ces aides et jouer à armes égales avec la presse bourgeoise.
Ce que l’État alloue aux grands éditeurs n’est pas rien, les derniers subsides se montaient à 120 millions d’euros. On pourrait consacrer cet argent à autre chose ? La découverte de nouveaux talents journalistiques, à l’art en général, aux salles de spectacle, à la culture et à ses créateurs…

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