La Belgique au Black Friday.
Le PTB propose une allocation de chômage plutôt qu’une indemnité de sortie pour les députés. Voilà une chose raisonnable d’un parti que les autres récusent !
C’est corriger les inconséquences de messieurs de la représentation populaire que d’appliquer une règle pour tous dans le cas d’une perte d’emploi. Comment, en effet, représenter les autres dans une situation qui n’est pas commune à tous ?
La frugalité étant le sort que nous réserve le système libéral, le progrès n’allant plus qu’aux grandes réussites financières, n’est-il pas du devoir d’un élu de rentrer dans le rang ?
Ainsi, mieux informé de la dureté du temps par sa propre expérience, il se détachera des lieux communs vantant les bienfaits de la société de consommation qui prédisait dans les années quatre-vingts une Porsche par ménage. Enfin, par l’expérience de ses propres fins de mois difficiles, l’heureux élu verra d’un œil fraternel ceux qui sont dans un grand état de besoin, sachant que son sort, las but not least, pourrait aussi dépendre des caisses de chômage.
Le président Hedebouw – je ne sais même pas s’il préside aux destinées des siens en Wallonie – devrait aussi couper les ailes à un canard qui attente au bon sens depuis plus de trente ans. « Si un élu gagne lourd et est titulaire de beaucoup davantage, c’est pour qu’il résiste mieux à la tentation de vendre au plus offrant son silence ou sa complicité. »
Si nos élus pensaient cela, voilà qui les situerait dans une piètre estime d’eux-mêmes !
Philosophiquement, penser cela n’est pas crédible. Plus l’élu vit dans la soie, plus il se renforce dans l’idée qu’il est de l’espèce privilégiée parce qu’il le mérite, plus il tentera de protéger son avenir par une plus grande opulence encore. Il en arrivera même à considérer que ses qualités ne sont pas suffisamment reconnues. Il fera des comparaisons avec des CEO à moitié imbéciles qui gagnent des fortunes et lui, le surdoué, issu des plus grandes écoles, c’est à un prix dérisoire que les citoyens jugeraient de ses capacités ?
Nous sommes dans une société malade de l’argent. Elle suppose qu’être corrompu est dans la nature des choses. D’où une multitude de corrupteurs, la mission de l’électeur serait de sélectionner ses représentants parmi les militants les plus honnêtes des partis politiques.
On peut considérer, par exemple, que les électeurs du MR ont mal sélectionné leurs leaders en élisant Armand De Decker, mort de façon opportune pour laisser aux oubliettes certaines affaires dont un autre mal jaugé, Didier Reynders, aurait profité. Les mêmes électeurs devraient avoir des regrets d’avoir fait confiance au fils Michel qui quitte un gouvernement avec un déficit lourd supplémentaire, pour s’en aller refaire une virginité à l’Europe.
On voit ainsi que plus l’élu est proche des électeurs dont il partage les soucis et les difficultés financières, plus il est davantage attaché aux questions de moralité et d’honnêteté financière.
Pour toutes ces raisons, sans compter celle de réduire considérablement les frais de fonctionnement de la démocratie, on ne peut que souscrire à la proposition du député Hedebouw.
Justement, c’est ce mardi que le Parlement fédéral examinera un projet de loi du PTB visant à abolir les indemnités de départ des parlementaires et à les remplacer par une allocation de chômage. Le calcul de 12 millions d’euros d’allègement du budget, rien que pour cette mesure, devrait séduire les économistes, d’autant qu’ils commençaient à gratter la toile du côté des petits chômeurs, celle-là bien plus infinitésimale que celle qui sera dévolue aux chômeurs du parlement, si par chance, le projet passait sans discours inutiles par approbation générale.
Reste que Sophie Wilmès, première ministre, faisant de la figuration, ne pourrait pas traduire cette volonté du parlement en arrêtés-lois, pour la fin de cette législature.
C’est donc un coup d’épée dans l’eau, mais magnifique et qui honore Monsieur Hedebouw.
Quelqu’un, avant cela, avait repensé le « cas » Belgique, ses six gouvernements, ses Provinces, ses Régions, ses deux Chambres, son Armée et ses redondances administratives.
Il en était arrivé à la conclusion qu’un État rationnel, donc plus représentatif et plus efficace, pourrait faire économiser aux citoyens des dizaines de milliards ! De quoi passer du côté des vertueux de l’Europe, tout en relevant au passage le revenu des plus pauvres, chômeurs et pensionnés compris, par des diminutions sensibles des taxes, le tout sans toucher à la dynastie.
C’est un républicain qui le dit, cette noble institution de représentation a fait l’objet d’un toilettage reléguant tous les princes de l’avenir au rang de citoyens ordinaires, ne laissant qu’à l’héritier/ère du trône, un pécule suffisant de préparation à la succession. Le tout à meilleur prix qu’un président de la république à l’image d’un Macron.
Avec la proposition de Monsieur Hedebouw, on ferait un pas vers une plus saine démocratie, en même temps qu’on pérenniserait par l’exemple, une reconversion économique d’un trône vacillant, déjà soldé, donc collant au black Friday dont raffolent nos américanolâtres.